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Aubrac (Raymond)

L’actualité toujours…et sa suite de personnalités qui (re)viennent à la Une des journaux; l’occasion d’analyser, pour mieux en garder la mémoire, le patronyme du résistant Raymond Aubrac. Le cas est tout à fait significatif de la vie des noms et des surnoms, et même, en l’occurrence, des pseudonymes. Car Raymond est né en 1914 dans une famille juive du nom de Samuel, ce qui ne laisse aucun doute sur la connotation de ce mot, en dévotion au prophète biblique et qui signifie ‘celui qui porte le nom de Dieu’ en hébreu; à l’époque du Bas-Empire romain, le sens glissera davantage vers ‘celui qui a été demandé à Dieu’, nom de baptême d’enfants particulièrement attendus. La référence juive a bien sûr l’importance que vous savez, puisqu’elle obligera le mari de Lucie à emprunter le nom de la région pendant l’occupation allemande.

Rajoutons au passage que son prénom, particulièrement répandu dans sa région de Haute-Loire en tant que ‘nom propre’, est l’équivalent des Rémond ou…Ramon, tous formés d’après deux racines germaniques, ragin + mund. Au 6è siècle, l’envahisseur surnommé ‘Raginmund’ bénéficie à la fois du conseil (ragin) et de la protection (mund). Géographiquement parlant, Raymond et Samuel sont deux termes qui ont fait souche dans la même région du Massif Central, à des époques légèrement décalées, et de provenances opposées, mais voilà bien ce dont est constitué le peuple de France, historiquement parlant.

Venons-en à Aubrac, qui fut donc l’un des pseudonymes de Raymond Samuel, pendant que sa femme Lucie, née Bernard, s’appelait Catherine (vous avez suivi, j’espère)…Aubrac est évidemment le nom de cette région centre-sud du massif montagneux, dont l’étymologie, elle aussi, semble se cacher derrière plusieurs hypothèses: Le mot se termine, comme beaucoup de noms de communes de la zone occitane sous influence gallo-romaine, par le suffixe -ac, ce qui fait de ‘Aubrac’ la réunion de deux mots ‘Alto Brac-o’, avec le sens de ‘lieu élevé’ (alto, d’influence latine, signifiant haut; brac déterminant un lieu, avec un ‘o’ d’influence gauloise). De fait, on trouve assez tôt des traces écrite d’un «Altobraco», puis «Albracum» et enfin Albrac qui devient logiquement Aubrac après vocalisation (transformation du l en u); la variante proprement occitane est Auborac.

D’autres rapprochent ‘brac’ du gaulois ‘bracu’ qui caractérise un marais, un endroit boueux et donc humide. On retrouve l’équivalent de ce mot en langue ‘d’oïl’ (au nord de la Loire) sous la forme ‘bray’, dans un certain nombre de lieux-dits du Val de Loire voire du Sud-Bretagne…Bien que ce ne soit pas toujours l’idée qu’on se fasse de l’Aubrac, souvent assimilé (à tort) à une zone aride, il faut savoir qu’il y a dix siècles, l’endroit était couvert de forêts, que l’ardeur des locataires de plusieurs monastères exploita largement en dégageant l’horizon; il n’empêche, la qualité et la richesse du fourrage local (merci l’humidité) permirent de faire croitre et embellir une race bovine renommée, qui porte toujours le nom de la région. Autant dire qu’on vit rapidement Mille Vaches sur ce Plateau.

Cela étant, Raymond n’a pas encore livré tous ses secrets, puisqu’il bénéficia encore d’autres pseudos, dont celui de François Vallet (plus ‘français’ tu meurs, puisque cela signifie ‘le français né dans la petite vallée), ce qui permit un jour à l’intrépide Lucie de le faire libérer au nez et à la moustache de la Gestapo. L’avait-elle ‘demandé à Dieu’? Etymologiquement peut-être.


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