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Bastareaud (Mathieu)

Même si vous n’êtes pas spécialement passionné de ce sport, vous n’avez pas pu rater la présence médiatique du joueur d’origine guadeloupéenne, qui a dit toute sa satisfaction de revenir au sein du XV français lors des prochains matches. Sait-on jamais, pour prévenir un score habituellement tout noir (all black) contre les équipes de l’hémisphère sud, « l’enfant terrible du rugby » à la coiffure rasta apportera ce que la presse spécialisée appelle pudiquement ses «capacités de percussion», si vous voyez ce que je veux dire. Et peut-être même étymologiquement…

En effet, vu les mensurations de l’artiste (1.83m, 120 kgs), je vous déconseille vivement d’imaginer que Bastareaud vient plus ou moins directement d’une histoire de ‘bastard’ (bâtard); il est vrai que la proximité phonétique est si facile qu’on se priverait difficilement de cette hypothèse, mais, pour une fois, le son ne fait pas tout, mêle si, linguistiquement parlant, ‘bastareaud’, même sans le ‘d’ final à l’origine, pourrait parfaitement être un diminutif de l’adjectif, sur lequel nous reviendrons.

Ce ‘bastar’-là a fait racine d’autant plus facilement pris racine (surtout en Guadeloupe -ça tombe bien-) qu’il s’agit d’une…plante, importée lors des traversées transatlantiques qui, au fil de l’Histoire, vont faire des Antilles une colonie française. Or, il se trouvait probablement dans l’un de ces bateaux un descendant gascon du nom de Bastaraud (première orthographe connue) dont le patronyme avait été directement formé sur la végétation la plus typique de l’habitat de ses ancêtres, un terrain à ‘bastar’, nom local de l’ajonc…

Il est donc beaucoup plus logique que Mathieu ait pu avoir des aïeux de naissance tout à fait reconnue mais intervenue en zone de ‘bastourre’ comme on dit en Gascogne jusqu’aux portes du Béarn si l’on en croit la présence d’un village comme ‘Bastanès’, dans le canton de Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques); il suffit seulement que les habitants du hameau initial aient dû défricher une surface occupée par des genêts épineux ou autres broussailles pour justifier la naissance du toponyme.

Pas la peine donc de vous frotter (ou alors, à vos risques et périls) à une référence de bâtardise, dont le ‘d’ final aurait d’ailleurs immanquablement donné ‘BastarDeau’, lequel existe bien comme diminutif désignant des…fabricants ou marchands de bât (et non pas ce que vous croyiez)! En effet, le ‘bast’ (bât), cette selle grossière destinée aux bêtes de somme, est toujours associée à des animaux de charge, chevaux, ânes, boeufs et toutes leurs variantes; on imagine donc plus ou moins un transfert de leur caractère placide et de lourd physique appliqué à des humains dont le profil (et éventuellement l’esprit d’initiative) se rapprocherait de leur exemple. Voilà qui fait du tort à…tort aux Bastard, Lebastard, Bastereau, Bastin ou Bastié, sans oublier même les Bastardi (Bastardy) et Bastardon.

Dans tous ces cas donc, c’est un nom -forcément- lourd à porter, alors qu’à l’origine, la racine de ce ‘bât’, c’est quelque chose qui est ‘bât-i’, du verbe bâtir, donc qui est construit et structuré comme un échafaudage ou une…’bastide’, c’est-à-dire une cité en général fortifiée et renforcée pour résister à l’ennemi, d’où également l’idée de ‘bâtiment’, pour tous ces mots le ‘â’ venant à chaque fois remplacer ou doubler la forme ‘-as’ primitive.

Et les autres bâtards alors? Les enfants illégitimes ne sont pas forcément (en tous cas étymologiquement) des ânes bâtés ni autre élucubration à charge, mais le résultat d’une affaire qui s’est déroulée dans une grange! En effet, c’est une déformation médiévale de la racine cette fois germanique ‘bansti’ qui a donné…naissance à cet homonyme de ‘bast’, pour qualifier ‘un fils ou une fille du bât’, un enfant conçu dans une grange, c’est-à-dire, symboliquement, loin du lit conjugal officiel, je vous laisse imaginer toutes les combinaisons possibles en la matière.

Il ne s’agit donc pas d’étable mais de grange, là où l’on trouvait non seulement du foin (pour s’étendre) mais aussi des outils ou des bois en forme de bâtons, pour ne pas dire de…baston. Et là, il se peut que notre Bastareaud ait encore son mot à dire; sauf étymologiquement bien sûr.


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