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Boulin (Robert)

C’est un drôle de caillou dans la chaussure de la France, à donner les boules à quelques barbouzes et (peut-être) à la Justice qui n’a pas vu arriver le boulet de ce Boulin soit-disant suicidé dans quelques centimètres d’eau d’un lac de la région parisienne. A l’occasion de la réouverture inespérée de l’enquête mais tellement attendue par de nombreux témoins, faisons le tour de ce nom sans perdre la boule…

Car il y a de quoi: les ‘boulins’, nom commun qui a donné naissance (entre autres) au patronyme de ce Villandrautais (33730), n’a aucun, mais alors aucun rapport avec une histoire de boule(s). La seule tangente qu’on pourrait lui trouver éventuellement est un rapprochement, à l’époque de Molière, avec les  »gens qui faisaient des boules » ou, comme on disait à l’époque, des boulènes, à savoir les futurs boul-angers. La statistique est faible, mais on peut toujours trouver un Boulin issu phonétiquement du ‘boullenc’ (puis boulinc) qui désignait la forme du tas de pâte prête à cuire.

La majeure partie des porteurs de ce nom, plutôt originaires du Centre de la France avec sa variante parisienne Bouliny, font partie de la pleine caisse (de mots) importés dans nos régions par les ‘migrants’ Wisigoths (comme on dit aujourd’hui), à l’occasion de razzias plus ou moins sympathiques pendant lesquelles ils ont semé quelque panique et autres vocables venus du nord de l’Europe. Racine germanique donc, pour ce ‘boulin’ originellement ‘boldin’ (le ‘D’ a été dissimilé comme on dit, c’est-à-dire qu’il s’est affaibli et a pris le son -et la forme- de la consonne voisine), d’après le son ‘bol-‘ qui signifie…copain, ami, frère (souvent frère d’armes ou compagnon d’armée, pas de connotation familiale ni affective chez les moustachus à la hache).

Pas de bol quand même, car cette syllabe va se transformer en ‘bollo’ ou ‘boulo’ (sans ‘t’, s’il vous plait), dont on trouve des traces dans la langue en vieil-allemand ‘buolo’. Ce qui nous donnera, à la sortie du Moyen-Age, des quantités de surnoms ‘francs’ tels que Bollot, Bolley, Bollez, Bollin et son diminutif Bollineau (1). Rajoutez-y toutes les variantes homophones avec un seul ‘L’ (ce qui ne change rien au sens), mais aussi celles où le second ‘L’ a été vocalisé (transformé en ‘u’), ce qui vous amène directement aux Boulin, de très anciens compagnons de campagne que certains ont peut-être fait liquider lâchement sous la 5ème République…

Or, nous n’en avons pas fini avec ce boulin, car le mot est également entré dans un certain nombre de registres plus techniques, dont une pirouette finale qui n’arrange pas vraiment les affaires du complot: commençons par le ‘boulin’ de marine, sorte de cordage pour le gréement des navires (le mot est indifféremment masculin ou féminin pendant plusieurs siècles), qui a pu donner son nom au fabricant de ‘boulines’, d’où un possible surnom. Là encore, très très ciblé, statistiquement parlant.

Que dire alors de ce terme des campagnes, où le boulin était…un trou à pigeon, celui que l’on faisait dans un mur (puis dans la paroi d’un colombier) pour que l’oiseau puisse y nicher, voire y pondre? Comme dans l’enquête sur notre ministre, il y a manifestement eu un (des) trou(s) dans l’instruction; quant aux pigeons, certains vont peut-être y laisser des plumes. Etymologiquement parlant bien sûr.

Ps: au fait, question ‘boulot’, c’est bien celui qui vous aide à gagner votre…boule de pain quotidien, puisque ce mot est apparu très récemment (les années 1850) pour désigner le ‘petit pain’ (diminutif avec le suffixe -ot) qui vous permettait de…boulotter quelque chose à midi!

(1) Dans les années 1980, Maggi avait fait de son bol de pâtes prêt à cuire un ‘Bolino’ (petit bol) homonyme, qui était loin d’être le copain de votre estomac…


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Un commentaire au sujet de Boulin (Robert)

  1. Bonjour Dominique
    Après l’optimum climatique romain, l’air devenant décidément de plus en plus frais les peuples d’Europe Centrale purent trouver un passage vers l’ouest en raison de l’embacle du Rhin et du Danube. Il n’y avait pas de pont en ce temps là.
    Ces nouveaux migrants allant vers le soleil traversèrent et firent souche comme vous l’avez dit dans notre pays qui n’était pas la France encore mais c’était dans les « tuyaux « , comme j’ai entendu dire maintenant, avec les Francs.
    Certains allèrent au delà de Gibraltar vers le Maghreb ( Vandales notamment), c’est pourquoi certains berbères ont les yeux bleus…et des tas de toponymes sont originaires de ces peuples de l’est dont nous sommes bien parmi d’autres, les descendants (nos ancêtres les …goths).
    Quelle époque !
    Cdt
    E.

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