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Bource (Ludovic)

Ainsi donc un film français aura battu toutes les productions américaines, et ce n’est que justice d’entendre et de réentendre les jubilations méritées des ‘oscarisés’. Il convient donc de ne pas oublier, aux côtés de John Gardener (Jean Dujardin), Michaël Cohen (Michel Hazanavicius) ou Tom Long (Thomas Langmann) , l’un des trophées les plus discrets – et pourtant le plus sonore – celui de la meilleure musique, que l’on doit au compositeur breton Ludovic Bource, qui fut élève du Conservatoire briochin (St Brieuc) après quelques leçons d’un accordéoniste de Loudéac. Ce Bource devrait donc peser de plus en plus lourd dans le métier, d’autant que, pour une fois, la phonétique et l’étymologie du patronyme se rejoignent: Bource, c’est Bourse!

Ce nom est en effet tout simplement la variante orthographique d’un surnom tout à fait caractéristique de la région bretonne, de l’Ille et Vilaine au Morbihan, qui est Bourse. Si ‘nom propre’ il y a, c’est qu’il a été formé par métonymie (on a pris le nom d’un objet pour désigner celui qui le fabriquait ou le vendait); il s’agit donc de l’activité d’un fabricant ou d’un marchand de bourses. Et, si l’on dit ‘bourse’ en français, c’est qu’on l’a empruntée au latin ‘bursa’ qui désigne sans surprise un petit sac de cuir. Les Romains l’avaient d’ailleurs ‘piquée’ aux grecs, pour lesquels cette bursa évoquait n’importe quelle peau d’animal traitée, et, dans l’ordre d’apparition du sens, d’abord une outre pour le vin, puis la peau d’un tambour!

Le ‘bas-latin’ de la fin de l’Empire abandonnera d’ailleurs ce mot classique, et optera pour le terme ‘colea’ qui donnera en français la couille, petit sac de cuir que l’on portait à la ceinture pour ranger les pièces, faisant ainsi des Couillon ou des Couillards du Moyen-Age des gens…riches, comme vous l’aviez compris depuis longtemps. Soit dit en passant, le parallèle entre ‘bourse’ et ‘couille’ se poursuivra pour désigner toute forme de petit sac, mais ceci est sans doute une autre histoire.

Revenons donc à nos Bource bretons, dont il existe aussi une version plus ‘sudiste’ (Loire-Atlantique, Vendée, voire Deux-Sèvres) pour laquelle on a gardé le nom du métier sous la forme Bourcier ou Bourciez…Quelques siècles plus tard, un étudiant ou un chercheur qui touchera des bourses (çà n’a rien d’un geste obscène) va donc être déclaré ‘boursier’, avec une orthographe plus académique qui distingue l’adjectif du nom propre. Il y a d’ailleurs une famille italienne d’origine vénitienne à qui l’on doit beaucoup: les Della Bursa, émigrés à Bruges au début du 16è siècle, vont voir leur nom traduit par son équivalent flamand, les Van der Burse, dont l’hôtel particulier servira de lieu de réunion aux premiers négociants et banquiers qui vont ainsi créer la…Bourse, seul petit sac dans lequel on trouvera jamais une corbeille.

Mais le cousin linguistique le plus surprenant de Bourse/Bource concerne un fromager normand installé en 1957 à Croisy sur Eure, et qui aura l’idée de créer un produit frais moulé à froid et préparé avec de l’ail et des fines herbes, un certain François (Asperti-) Boursin qui donnera son nom à la nouvelle trinité adorée des gastronomes, avec le pain et le vin. Ce sera d’ailleurs le tout premier fromage à apparaître en publicité à la télévision française, en noir et blanc (!), le 1er octobre 1968. Ce qui ne manquera pas de remplir les bourses de son inventeur.


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2 commentaires au sujet de Bource (Ludovic)

  1. Voila de quoi remplir notre escarcelle !!! Autre nom donné à une petite bourse attaché à la ceinture, un peu plus poétique que couille …

    Merci pour tout.

  2. Oui Guillaume, sauf que…couille n’a de sens péjoratif (surtout phonétique, d’ailleurs) qu’à notre époque et dans un certain registre de vocabulaire. Car, dans l’Italie du 13è siècle, la si poétique « escarcelle » vous eût attiré des ennuis: le mot vient en effet d’un mot latin presque assimilé à une injure, qui signifiait « la petite (vieille femme) avare »…Le terme a désigné, par ironie et par effet contraire, la poche de la vieille en question qui était près de ses sous! C’est le langage « classique » français qui a donné à ce mot, il est vrai très évocateur, une connotation plus légère.
    Décidément, dans les histoires de porte-monnaie, il y a toujours un côté pile et un côté face…

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