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Bourges (Hervé)

Toute la bourgeoisie de l’Audio-Visuel français rend hommage à l’un de ses plus tonitruants défenseurs (pour les uns) ou fossoyeurs (pour les autres), en tous cas un homme de médias, à défaut d’avoir toujours été médium (relationnel). Il n’empêche que ce natif de Paris issu d’une famille installée en Bretagne -d’où ce Hervé (1) très régional- porte un nom de provenance, le surnom de gens qui venaient de la ville de Bourges, laquelle n’a rien à voir avec les bourgeois, y compris étymologiquement!

Commençons en effet par mettre les choses au point avec la préfecture du Cher actuelle: sur les cartes routières de César (Jules), apparaît la mention…Avaricum; on est donc loin de la racine du mot final qui n’apparaitra que vers les années 370, avec l’arrivée et l’installation d’un peuple qui était loin d’être composé de bourgeois et encore plus de s’appeler Bourgeois.

La preuve: afin de lever toute équivoque, on a donné aux habitants de la capitale du Berry le nom de Berryers, puis Berruyers! Malgré les apparences, le mot qui désigne la région est bien le même que Bourges, l’un et l’autre venant de l’une des tribus ‘Bituriges’, probables expatriés mosellans ayant trouvé dans le coin de quoi travailler le fer pour leurs armes.

De fait, ils sont devenus les ‘rois du mondes’, ce qui est littéralement l’étymologie de leur nom, via deux racines gauloises du Vè siècle av.JC: ‘bitu’ (le monde) et ‘rig’ (le roi). Une histoire tout à fait «piquée des hannetons», puisque, par un autre sortilège linguistique, ‘Hannetons’ est le terme qui qualifie les habitants d’un quartier de Bourges, Asnières-les-Bourges (après monstrueuse contraction gallo-romaine de asnières-bourges en ahne-bitu, puis ahne-bitunes, hane-tunes, puis…hanetons, avec une assimilation orthographique au plus familier ‘hanneton’!

Quant aux bourgeois, de Calais (2), de Paris ou d’ailleurs, ils ne sont ‘que’ des habitants du bourg, ce qui ne signifie pas pour autant une évolution plus simple: au commencement se trouve un bourg, charmante localité campagnarde que l’on imagine au milieu d’une plaine riante, éventuellement entourée de quelques hameaux périphériques, ce qui permet aux malheureux habitants (ou riches citadins propriétaires de résidence secondaire) d’aller tous les dimanches à la boulangerie (unique) du patelin, avant de traverser le parking de l’église, carton à gâteaux bien en évidence sur la paume de la main…

Le reste de la semaine, un bourg est essentiellement un endroit désert où quelques adolescents désoeuvrés découvrent les vertus du pot catalytique trafiqué, histoire de troubler la sieste de paysans fatigués par la canicule, en faisant des rondes autour du quartier devant quelques blondes décolorées habillées de tee-shirts de contrefaçon et scintillants achetés lors de la dernière semaine au camping.

Car un bourg n’est pas une ville, mais une petite ville. Mais pas un village non plus, c’est plus précisément le coeur du village, on n’ose pas dire le centre-ville. A l’origine c’est même le centre du centre du village, puisqu’il s’agit du bâtiment fondateur d’une cité, son château, que l’on va tout de suite caricaturer en château-fort. Autrement dit, une place-forte, pour traduire au plus près la racine germanique ‘burg’, un endroit qui deviendra, au fil du temps et grâce au commerce, une cité (médiévale par exemple), puis une ville (parfois franche, à l’époque royale) et enfin une commune (républicaine).

Les (ancêtres des) Bourges ne pouvaient donc pas être des bourgeois, sans présumer de la fortune personnelle de leurs descendants! Sinon, vu le nombre de ‘burg’ gaulois construits dans le pays, il y aurait des Bourges dans toutes les cités de France, ce qui n’est pas le cas. Exemple: les habitants de Bourg-sur-Gironde sont des Bourquais; leur cité s’est appellée successivement Burgo (par les gaulois), Burgus (au IVè siècle latin), puis Burgus-supra-mare (Bourg sur…Mer, c’est à dire, vu par les Romains, Bourg-sur-marée, logique puisque la mer remonte l’estuaire); et enfin Bourg-sur-Guyenne (3).

Ce qui laisse donc la place en ville pour les bourgeois, la classe sociale intermédiaire entre le monde paysan et la noblesse; grâce à quelques privilèges royaux, franchises et autres revenus du commerce et des marchés, ils vont rapidement gagner de l’argent et prendre le sens que l’on donne en général aujourd’hui à une population aisée, les autres couches de la société se partageant les uns les aides (agricoles) de l’Europe, les autres les revenus du capital.

De là viendront cette fois les Bourgeix limousins, les Bourgeois (un peu partout), les Bourgin ou Bourgine, et même ceux du petit-bourg qui deviendra un grand aéroport, les Bourget. Sans oublier les Bourgade (étymologiquement, une accumulation de hameaux) et évidemment les Dubourg, Delbourg et toutes leurs variantes.

Ceux qui n’auront pas pu entrer à l’intérieur des murs de la ville seront restés ‘hors’ (on disait fors, en ancien-français) le bourg, ce qui nous donne fors-bourg puis faubourg; même si l’on ne dit pas ‘faubourgeois’ ni faux-bourgeois, sauf dans certains cercles mondains. Ce qui, donc, ne concernait pas du tout Hervé, surtout étymologiquement.

PS: pour ceux qui voudraient en savoir davantage sur d’autres Bourg célèbres (Hambourg, Strasbourg, Cherbourg), tapez…Bourtheroulde!

(1) St Hervé, premier dresseur de loups non-voyant, tient son (pré)nom de deux racines celtes qui évoquent l’ardeur et la force, qualités pas inutiles dans le milieu de l’odieux visuel…

(2) Pour la peine (c’est le cas de le dire) et uniquement dans ce cas, on rajoutera une majuscule pour désigner spécifiquement les personnages historiques.


(3) Pour l’anecdote locale, l’appellation Bourg ‘sur Gironde’ est désormais fausse depuis que la pointe du Bec d’Ambès s’est effilée et allongée, faisant basculer Bourg strictement sur les bords de la Dordogne; la ville actuelle n’est donc plus sur l’estuaire proprement dit, mais le terme de Gironde est resté, ne serait-ce que pour localiser rapidement le département parmi de nombreux autres Bourg!


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