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Brunner (Pascal)

Plusieurs voix se sont tues d’un seul coup, dont la sienne qui avait servi à animer des émissions de télévision, mais aussi toutes celles qu’il avait imitées au début de sa carrière dans les cabarets parisiens. Les téléspectateurs de plus de vingt ans ont sans doute réagi à l’annonce de cette disparition, déjà amorcé des écrans depuis quelques années. Découverte surprenante: l’identité réelle de l’homme aux multiples voix est doublement cachée, et ça n’est pas rien de le dire. Etymologiquement parlant.

Ne lisez pas trop vite, et prenez quelques secondes pour essayer de deviner pourquoi Pascal s’appelait Brunner…Apparemment, le mot sonne assez germanique, ou en tout cas ‘venant de l’Est’. Vous avez raison. Mais pas -du tout!- celui que vous croyez, car l’état-civil de l’ex-présentateur a subi une double aventure, généalogique d’abord, puis linguistique ou artistique. Bon, je vous sens encore plus perdus. Impossible d’ailleurs d’imaginer la vérité, sauf si vous étiez un intime du bonhomme; alors, voici les explications.

Commençons par ce que n’est pas Brunner, c’est-à-dire une variante de Brunier ou Brunet, qui sont tous les deux des déclinaisons du patronyme Brun, qui désignait quelqu’un de…brun, en général la caractéristique du poil de la personne, que ce soit la pilosité corporelle ou les cheveux (en l’occurrence, c’était plutôt l’idée de quelqu’un de velu, parce que, baptiser quelqu’un de brun parce qu’il a les cheveux châtains, ça aurait fait d’emblée quelques équivoques incontournables! D’où, souvent, l’association avec un homme costaud et poilu comme un ours…brun). Fausse piste (même avec les traces de l’ours).

Rien à voir non plus avec les Brunerie, toponyme (nom de lieu) concernant la maison où habitent les Brun (suffixe -ie, comme bergerie, porcherie, lamasserie, infirmerie, etc), une brunerie faisant souvent partie de la ‘brunière’, le hameau (suffixe -ière, comme Arnaudière, Michodière, Robertière, etc), nom apparu dans les annales de l’actualité en 2002, avec un certain Maxime, auteur d’un attentat manqué sur le président Chirac lors du défilé du 14-Juillet.

Autre possibilité, le mot…brunner (enfin!), qui a très précisément donné naissance au nom propre, mot formé sur le terme germanique de ‘brunn’, très fréquemment utilisé en Allemagne, et donc dans l’Alsace-Lorraine française actuelle. Il définit une source ou une fontaine; le Brunner est donc très logiquement devenu le nom de métier de celui qui fait fonction de fontainier! Comme le nombre de postes est assez limité quand même, Brunner est souvent aussi le surnom de quelqu’un qui habitait tout simplement près d’une source, ou qui en possédait une dans son ‘jardin’, ce qui en fait l’équivalent de nos Lafont, Delafon(t) et autres La Fontaine. Comme ces ‘brunn’ ne comptent pas pour des prunes, vous retrouvez le mot dans le plus célèbre des châteaux à fontaines (imité de Versailles), le viennois Scho(e)nnbrunn, autrement dit belle(s)-fontaine(s). Nous y voilà.

Sauf que Pascal ne s’appelle pas du tout Brunner mais…François (comme Claude, autant dire le prototype du qualificatif de base pour des milliers de ‘français’), au moins jusqu’en 1989, au moment de son entrée à la télévision, après plusieurs années de carrière dans les cafés-théâtres et autres diners-spectacles de restaurants. C’est alors qu’il choisit son pseudonyme en l’honneur de…Yul Brynner (*), l’immortel Roi du Siam («le Roi et Moi») ou l’un des «Sept Mercenaires». Ce qui brouille définitivement les pistes, et géographiques et linguistiques, car le chauve le plus célèbre du cinéma américain était russe (né près du lac Baïkal. Ou pas: à côté de Vladivostok). Ou pas: suisse. Bref, une énigme lui-même.

Il n’empêche, Yul est bien né Juli Borissovitch Bryner (avec un seul ‘n’ dans l’orthographe donc russe), autrement dit Jules, fils de Boris Bryner (prénom réel de son père). On sait par ailleurs que Juli était le prénom de son grand-père (tradition fréquente) et qu’il a donc été entendu comme Yuli (non pas Julie) par les américains, qui l’ont adapté en Yul (ça fait plus ‘mongol’), quand la famille a quitté Paris et la France (**), où elle était déjà émigrée, pour les Etats-Unis. Seulement voilà: papi Bryner était bien suisse, et probablement très lointain descendant d’une lignée d’origine…celte (vous suivez?), dont le nom représentait la racine ‘bryn’, présente avant le 10è siècle dans toute l’Europe de l’Ouest, avec le sens de colline (depuis, la diffusion du mot s’est ‘rétractée’ dans sa zone de survie, du côté des îles anglo-normandes et du Pays de Galles, où il est devenu un prénom masculin, quelque chose comme…Monty, en français).

Grâce à un artiste français, nous venons de faire un ping-pong étymologique qui, sur dix siècles, va donc des montagnes helvétiques au désert de Californie, après rebond en Sibérie orientale et la capitale française, au profit d’un petit ‘françois’ qui restera une…source d’inspiration pour beaucoup. Sauf étymologiquement bien sûr.

(*) Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai rien trouvé là-dessus. Peut-être en savez-vous davantage? En tout cas, rien à voir avec sa chevelure…

(**) D’où le fait que Yul pratiquait un excellent français et ait demandé que ses cendres soient dispersées près d’un château de l’Indre!


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