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Bureau (Loup)

Bien sûr, il y a de meilleures raisons qu’une prise d’otage(s) ou un emprisonnement arbitraire pour mériter la Une des journaux (pour lui, on n’y est pas encore tout à fait), mais il est prouvé qu’un minimum de médiatisation est nécessaire si l’on ne veut pas oublier ceux qui sont retenus contre leur gré, surtout dans un pays étranger. C’est le cas de ce journaliste indépendant, ‘coupable’ d’avoir été en contact avec des combattants kurdes syriens, considérés comme terroristes aux yeux des autorités turques. En voilà un qui, pourtant, n’allait pas…au bureau comme tout le monde.

Vous allez dire (ou au moins penser) que le jeu de mots est facile et assez minable mais, pour une fois, c’est objectivement l’origine de son nom; reste à ne pas se tromper sur ce que désigne exactement le mot! Car, étymologiquement, le bureau n’est ni grand, ni en bois, ne place personne et n’enregistre rien, surtout pas des plaintes…enfin, pas tout de suite (1).

Première surprise (peut-être): ‘bureau’ est un diminutif, marqué de façon très classique par le suffixe ‘-eau’ (comme jouvenceau, puceau, hobereau), il est vrai moins fréquent que ‘-et’ ou -‘ette’ (un garçonnet est un petit garçon, une trompette est une petite trompe, etc…). Donc, s’il y a un suffixe, c’est qu’il suit forcément une racine, en l’occurrence ‘bur-‘ (en fait ‘bure’, mais les deux ‘e’ de bure+eau se sont simplifiés, c’est comme en maths); et vous connaissez sans doute ce mot devenu obsolète à cause du raffinement industriel du textile…

La bure, qui n’existe plus guère que dans la robe de bure portée par certains ordres religieux, c’est, au Moyen-Age, une étoffe assez épaisse, faite de coton grossièrement…’déburrée’ ou débourrée c’est-à-dire mal cardée (= mal peignée). Quand elle n’est pas tissée, elle reste d’ailleurs à l’état de bourre (même mot que bure), autrement dit de ballots de laine brute destinés à rem-bourrer les matelas!

Bref, on va garder ici un beau morceau de bure la plus travaillée possible, et on va la couper au carré pour en faire, dès le 17ème siècle, une sorte de serviette que l’on posera sur une table afin de se laver le museau (une pratique relativement rare à l’époque) ou, le plus souvent de se maquiller, y compris et d’abord les messieurs qui n’en étaient pas encore aux grimaces devant le miroir avec leur rasoir à trois lames.

Or, dès qu’on pourra obtenir un tissu un peu plus fin ressemblant à une toile, on remplacera la bure par une petite-toile, une…toilette (diminutif), laquelle transmettra son nom au meuble sur lequel elle est posée, puis carrément à la-pièce-dans-laquelle-se-trouve-le-meuble-sur-lequel-est-posé-cette-toilette. Ce n’est que bien plus tard que, obligé de construire des équipements à plusieurs places simultanées, le mot prendra un pluriel obligatoire et nécessaire (l’entrée des femmes?).

Eh bien c’est exactement pareil pour la bure, qui va rester une sorte de revêtement de table un peu plus rigide, en attendant de servir de tapis de souris pour votre ordinateur: le petit morceau de bure devient alors un bur-eau (l’étoffe), lequel est posé sur un meuble qui va gagner quelques tiroirs pour devenir un…bureau, que l’on va installer dans le…bureau de la maison, vous en avez trois pour le prix d’un. C’est que l’on appelle en linguistique une ‘métonymie’, le fait de désigner une partie pour le tout: parler d’une ‘voile’ pour un bateau, avoir un ‘toit’ pour évoquer une maison (sans quoi, si vous n’avez que les tuiles…), ou compter mille ‘âmes’ dans un village pour désigner les habitants (de plus, certains n’en ont peut-être pas), etc

Un mot pour terminer sur son joli mais inquiétant prénom, qui ne doit rien -en tant que nom de baptême chrétien- au carnassier de nos forêts (2) mais à l’hommage que faisaient nos aïeux à un religieux du 5ème siècle élu évêque de Troyes ‘à l’insu de son plein gré’, et qui eut le toupet d’aller faire un contrôle d’identité dans le camp des barbares qui assiégeaient sa ville, tombant sur…Attila, dit ‘le fléau de Dieu’ et le forçant à plier bagages pour ne pas encourir lui-même la foudre divine. Récompensé par l’autorité papale en devenant St-Loup, il inspirera tous les Loup à venir, dont un spationaute (Jean-Loup…Chrétien), un homme d’affaires (Jean-Loup Sulitzer, pas Pulitzer), ou un parolier académicien (Jean-Loup Dabadie) qui, lui, avait forcément besoin d’un bureau. Au moins, étymologiquement.

(1) A l’intention des lecteurs étrangers: un bureau de placement, bureau d’enregistrement et bureau des plaintes sont des expressions du langage courant.

(2) En fait si, puisqu’il faut bien que Loup (le prénom) vienne de quelque part, en l’occurrence le latin ‘lupus’ (le loup). Mais personne ne sait si le premier humain surnommé Loup (avec majuscule) avait du poil sur les pattes, les oreilles pointues, les dents acérées, ou s’il couchait dans le lit des grand’mères de chaperons habillés en rouge.


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