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Centenaire !

Joyeux anniversaire, Robert…On ne vous l’a peut-être pas dit, mais nous fêtons ces jours-ci la sortie mondiale d’un film muet en noir et blanc, réalisé par deux français, avec un personnage qui porte le nom d’un site végétal, il s’agit de…’Robin des Bois’ bien sûr, première mouture de 25 versions différentes jusqu’à nos jours. C’est en effet au printemps 1912 que sort sur les écrans américains le «Robin Hood» d’Etienne Arnaud et Robert Blache (notez bien leur nom, parce que, à part çà…), pellicule inflammable qui prend la relève d’une probable légende orale sous forme de ‘pastourelle’, ballade écrite par le trouvère picard Adam de la Halle en…1282, ce qui nous fait du coup un 730è anniversaire de plus.

Pourquoi parler de ce Robin «des Bois»? Parce qu’il est intéressant -et totalement incohérent- d’un bout à l’autre de l’histoire, car le nom a subi des ‘aller-retour’ incessants: On commence donc au 12è siècle, quelque part en «Britannie» (la future Grande-Bretagne), avec la légende d’un certain Robehod ou Hobbehod, racine d’origine galloise qui évoque bien un bois…L’histoire devient rapidement célèbre, et deux ou trois siècles plus tard, elle est désormais récupérée par la tradition anglaise qui l’affecte à un certain Robert, Comte de Huttington, ce qui semble fixer le prénom du personnage. Quoi qu’il en soit, le ‘Rob’ est déjà entré dans la culture comme le symbole de la rébellion (saxonne) contre l’occupant (normand), voilà pourquoi il doit se cacher sous une capuche, les anglais décidant alors de le surnommer «Rob in hood», c’est à dire Robert/Robin-sous-la-capuche. Rien à voir avec la forêt donc, fût-elle celle de Sherwood!

C’est pourtant ce que vont entendre tous les autres peuples, qui vont imaginer l’évidence: ce type, tout habillé en vert pour se fondre dans le feuillage, est un ‘Robin des Bois’, ce qui aurait pu être Robin Wood en v.o, alors que le seul qui porte un nom de forêt est un oiseau qui ‘pique le bois’, le pivert fou Woody (!) Wood-pecker. Ne restera plus qu’à constituer l’équipe de Robin, des ‘Joyeux Compagnons’ appelés Frère Tuck, Petit-Jean ou Will l’Ecarlate, entre autres. La pin-up de service n’a rien à voir avec la république française (Marianne), puisqu’elle apparaît dans des versions jouées au théâtre à l’époque de Shakespeare, et qu’elle s’appelle…Mathilde, puis Marion, et enfin Marianne; on la trouve tour à tour sous les traits d’une fille d’aristocrate, d’une danseuse ou d’une…guerrière aux côtés de Robin.

D’où peut-être la diversité des actrices qui l’ont incarnée à l’écran: Olivia de Havilland, dans le velours hollywoodien en 1938; Audrey Hepburn, dans la rocaille écossaise en 1976; Uma Thurman (si!) en 1991 (version ‘écrasée’ par «Le Prince des Voleurs» de Kevin Costner, sorti la même année) ou encore Cate Blanchett en 2010 face à Russel Crowe, dans la version de Ridley Scott. Sans oublier la renarde à faux-cils de chez Disney (1973).

Pour terminer, signalons deux autres clins d’oeil étymologiques qui font de cette histoire une combinaison décidément bien curieuse: la forêt sombre qui est censée cacher notre héros s’appelle Sherwood, dont l’origine est la déformation de ‘shine’ (briller) et wood (forêt), pas franchement idéal pour passer inaperçu; quant au shérif du village local, Nottingham (notte/nuts + ham/maison, hameau), il administre donc le ‘village des noisettes’, on l’aurait donc plutôt vu sous les traits d’un écureuil…


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2 commentaires au sujet de Centenaire !

  1. Monsieur
    M’intéressant à l’origine de mon nom de famille Robin, je me suis penché sur « Robin Hood ». Hood viendrait du nom du bois issu d’un mot celte comme « coed » en gallois, dont l’équivalent breton est « koad » qui mute en « c’hoad » quand il est précédé de certains mots (prononcer Hoat avec un h aspiré). La fameuse capuche serait donc un élément rajouté a posteriori par la légende anglo-saxonne pour expliquer le nom anglais « Robin Hood ». Robin Hood est l’archétype du héros folklorique médiéval anglais. La première mention manuscrite est attestée dans « Piers Plowman » (Pierre le laboureur) de William Langland qui date de 1377. La compagne de Robin s’appelle Marianne ou Marion comme dans la pastourelle picarde « Le Jeu de Robin et de Marion » (c.1283).
    Mais d’où vient « Robin » ?
    En français et en anglais, langues au lien historique étroit, le mot « robin » est souvent en rapport avec la masculinité. Harry Morris affirme dans l’article Ophelia’s « Bonny Sweet Robin » (1958) que le nom Robin désigne au XVI e siècle l’organe sexuel masculin (en anglais). L’emploi phallique de « robin » est irréfragable en anglais dans le poème de Gascoigne « The Lullabie of a Lover ». À la mort d’Ophelia, on mentionne comme fleur les « long purples identifiées » comme orchis mascula (nom redondant signifiant en grec et en latin testicules ou satyrion mâle) ou bien l’arum maculatum . Son nom anglais est « wake-robyn » dont les fleurs ont une réputation d’être aphrodisiaque. Ce nom surprenant, en anglais réveille robin , s’explique si on considère que robin est un euphémisme phallique pour l’auteur de cet article qui pense aussi que Robin dans les pastourelles françaises pourrait avoir un sens grivois. La compagne de Robin Hood, et Robin aurait une connotation phallique au Moyen-Âge,
    L’origine de « robin » en anglais est inconnu mais proviendrait pour lui du français. Les allusions en français à cet aspect sont nombreuses dans le folklore, la faune et la flore …
    Mais quelle serait l’origine de « robin » avec le sens phallique ?
    J’ai plusieurs hypothèses … mais le texte est déjà long !
    Ludger

  2. Bonjour et merci de ce commentaire très complet et intéressant!
    Je suis tout à fait d’accord avec vous: le sujet est vaste et largement discuté (c’est comme cela que j’ai commencé l’article) et il semble bien que la toute première racine soit galloise, comme indiqué également.

    Pour les interprétations symboliques du ‘robin’, j’ai dû abréger et simplifier pour ne m’en tenir qu’à la racine linguistique; mais il est évident que, dans tous les textes du Moyen-Age (et même parfois après), l’allusion phallique ne fait aucun doute; et ce, des deux côtés de la Manche! On attribue cette connotation à un phénomène sonore (comme, au 19è siècle, on créera « zob’ sur zizi). Il faut rajouter le terme d’ancien-français, le robin, qui désignait un mouton, jusqu’à il y a peu encore dans certaines campagnes. La légende veut que, pour réguler l’écoulement de l’eau dans l’auge des moutons, quelqu’un ait inventé « le mécanisme du robin », devenu évidemment le robinet, ce qui semble confirmé par les nombreuses effigies de moutons gravés dans la pierre de certaines fontaines.
    Nous avons également hérité, grâce à des frères botanistes parisiens qui s’appelaient Robin et qui ont importé en France l’acacia, du nom de robinier pour qualifier une variété de l’arbre (et sa souche principale).
    On pourrait effectivement continuer…Merci de votre passionnante participation!

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