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Diacre (Corinne)

C’est le nom du nouvel entraineur (*) de l’équipe de football de Clermont-Ferrand (Ligue 2), après le rapide passage de la portugaise Hélène Costa, sa prédécesseure (ou prédécesseuse, ou prédécesseresse, le débat est en cours!). L’ancienne capitaine de l’Equipe de France féminine est évidemment toujours l’objet d’une curiosité attentive de la part des médias (mais déjà avec moins de pression que pour la première nomination); mais quel que soit son avenir avec la formation auvergnate, elle aura su se mettre au service des joueurs. Forcément…

Ce ‘diacre’ de patronyme a bien un rapport avec le membre d’une équipe…ecclésiastique intervenant pendant un office, mais pas que. En effet, à l’origine, pas la moindre connotation religieuse dans ce mot dont la racine remonte aux Grecs, pour lesquels il a le simple sens de serviteur, de façon générale. Le verbe dont il est issu (diakonéo, en écriture française) concerne toute action où quelqu’un joue un rôle d’aide, de pourvoyeur, ou de fournisseur d’un service, de façon concrète ou figurée; cela va donc du coup de main pour monter la charpente de la maison au réconfort psychologique de toute nature.

D’ailleurs, à l’époque, le terme n’est pas dia-cre mais diacon, d’où le féminin moderne ‘diaconesse’ (si, ça existe) pour les religions qui tolèrent les femmes dans leurs rangs (voir la carrière des papesses). La racine originelle est encore présente de façon plus évident dans la version bretonne Le Diagon, où l’on reconnaît davantage ‘diakon’ avec un effet guttural assez régulier. La transformation en ‘diacre’ semble issue d’un téléscopage phonétique entre le mot latin et les parlers gaulois, mais personne n’est certain de la chose, sauf de sa récupération dans le vocabulaire chrétien jusqu’à le spécialiser dans l’usage que l’on connait aujourd’hui.

Le problème, dans une certaine mesure, est que ce surnom devenu patronyme n’avait probablement rien à voir avec une personne fréquentant les églises, de près ou de loin. Au contraire sans doute. Car la majorité des ‘titres’ hérités de la tradition chrétienne ne qualifie presque jamais la personne concernée, il s’agit d’un sobriquet, d’une moquerie ou d’une caricature…En clair: les Pape ou Lepape ne peuvent pas être (vraiment) des descendants d’un Saint-Père (encore que, dans l’Histoire…) mais des gens qui se prenaient au sérieux, «comme un pape». Un peu plus bas dans la hiérarchie, on trouve les Lévêque (ou Lévesque), suivis de tous leurs composés et traductions comme les Obispo (Pascal) espagnols ou les Bishop anglais. Idem pour les Prêtre ou Leprêtre, souvent représentés le gars du village habillé en noir comme avec une soutane; ou tout simplement ‘le vieux (sage?)’, car prêtre vient du grec ‘presbutéros’, adjectif qualifiant plusieurs éléments en rapport avec l’âge (le presbytie) ou la maison des vieux (le presbytère!).

Les seuls à avoir bénéficié de la protection divine semblent être les Léglise (ou Deléglise), parfois en fonction dans l’édifice mais pouvant tout aussi bien être très prosaïquement celui dont la maison jouxte une église…Même équivoque pour les Secrétan ou Sacristan, clairement en fonction dans la sacristie évidemment, mais peut-être tout simplement des secrétaires (bien que ce dernier sens d’assistant-e du patron soit plutôt ‘tardif’ et donc moins probable). Les seuls dont on soit sûr du service sont les Coutour (Lecoutour), ou Cousteur et Coûteur (Lecoûteur), Coustre (Lecoustre) et enfin Coultre, tous patronymes d’origine normande destinés à l’entretien des ‘vases’, c’est à dire à toute la vaisselle et les ornements d’église.

Terminons par le plus lumineux de tous, puisqu’il s’agit du Lumet (comme le réalisateur Sydney), surnom directement formé sur la fonction du clergeon (le jeune clerc) commis à l’allumage et extinction des cierges et flambeaux dans la nef. Autant dire «Le Petit Garçon aux Allumettes»…Et vous savez quoi? Ce Lumet médiéval (et diminutif) va enflammer une souche onomastique dans la région lyonnaise, qui donnera tout simplement les Lumière (en rapport avec l’éclairage des églises), dont certains descendants n’hésiteront pas à faire du cinéma en famille!

(*) désolé, masculin oblige parce que la nouvelle entraineuse, c’est encore un peu rude dans la langue française; mais à terme, ça devrait être possible, en fonction des succès de l’équipe peut-être…


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