Dion (Céline)
C’est l’histoire d’une voix qui s’est tue (rassurez-vous, temporairement), car la diva canadienne doit reposer ses cordes vocales avant de reprendre son marathon de spectacles à Las Vegas. Bon, je sais, il y a plus angoissant dans l’actualité, mais pourquoi ne pas profiter du fait-divers pour deviner ensemble l’étymologie de ce nom célèbre depuis longtemps dans le milieu de…l’automobile?
C’est en effet grâce à un marquis (s’il vous plait!) de la région nantaise, Jules-Albert de Dion, que le patronyme devient célèbre à la fin du 19è siècle. Le futur constructeur de…tricycles, puis de voitures à vapeur, s’installe à Puteaux (dont un quai porte toujours son nom), et s’associe à Georges Bouton pour créer les «véhicules à traction auto-mobiles» qui feront sa renommée. Eh bien, la reine des tubes porte le même nom (émigré au Québec) que M. le marquis, l’une et l’autre en provenance directe du ciel, puisqu’il est question de divinité.
Dion est en effet, principalement, une déformation du mot ‘divonus’ (divonus, puis divon, diuon, et enfin dion), mot d’origine celte qui signifie ‘dieu’. On retrouve le même terme, très voisin, dans le latin ‘divinus’ (divin), avec évidemment le même sens. Et, précisément, l’autre mot latin, puis italien, que nous allons garder pour nommer une déesse du chant (surtout lyrique) est bien…diva! Il n’y a (peut-être) pas de hasard, même si certains prétendent que leurs oreilles souffrent l’enfer sur certaines chansons.
Mais il y a d’autres Dion possibles: d’une part, et surtout justement au Québec, il arrive que Dion soit une prononciation déformée de Guion (ou Guyon, ou Guillon, puis le son est le même); plusieurs familles du Centre de la France ont exporté ce patronyme à l’époque de M. de la Fayette…D’autre part, il existe quelques Dion ‘continentaux’ européens qui viennent d’une racine germanique qui est Diodo (un prénom, qui a aussi donné Didon), créé d’après ‘theot’, qui signifie le peuple, après transformation du ‘t’ initial en ‘d’ (oui, çà arrive, simplifions-nous la vie…).
Signalons enfin qu’il existe un féminin à Dion (si besoin était), ce qui nous fait bien sûr Dionne, lequel se trouve être l’un des prénoms de la chanteuse Marie Dionne Warrick (et non Warwick, qui deviendra son pseudo plus tard, par erreur), ci-devant l’une des cousines d’une certaine…Whitney Houston. En voilà des déesses au firmament de la variété, autour de ce même nom! On pourrait se laisser aller à une interjection autrefois familière dans plusieurs bandes-dessinées représentant un petit bonhomme dans une cour d’école: «Dion!» (pour Dis donc!)…
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Bonjour,
Vous parlez de Divonus dans le sens de divinité, y-a-t-il un lien avec Divona qui peut s’apparenter à l’idée de source ?
Merci pour tout.
D’un point de vue strictement étymologique, il n’est pas sûr qu’il y ait un lien (autre que phonétique) entre le latin diva et le celte divona. La première appartient au registre du mot « dieu », l’autre plutôt à une idée de « peuple », mais le Dion celte dont il est question dans la chronique évoque bien une déesse.
Le concept se comprend assez facilement dans la mythologie (germanique, mais aussi dans beaucoup d’autres), où, pour les peuples primitifs, les forces de la Nature sont considérées comme magiques, puis divines. La multitude de déesses, demi-déesses, nymphes et autres créatures aquatiques chez les Romains en témoigne. Il est donc fort probable que cette idée leur soit venue des traditions « animistes » celtes, ce qui vous donne raison sur le caractère d’une source sacrée appelée Divona.
On dit d’ailleurs que c’est l’origine des villes nommées Divonne (les Bains, par exemple, ce qui pour une source, tombe bien…); ce fut également longtemps le nom de la ville de Cahors, pour les mêmes raisons!