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Dutroux (Marc)

Le nom vous dit forcément quelque chose, la tête peut-être moins; il ne s’agit pas d’un guerillero mexicain, mais bien de celui que toute la Belgique ‘aime haïr’, l’assassin-violeur-trafiquant de drogue qui a défrayé une chronique largement développée ces dernières années. L’aspect phonétique de son patronyme n’a pas été pour rien, sans doute, dans cette notoriété morbide, car tout francophone qui se respecte ne peut s’empêcher de jouir, plus ou moins consciemment, d’un jeu de mots sonore qui met à l’index celui qui s’est finalement retrouvé…au trou.

La foule n’a pas manqué de scander également «Dutrou, trou du…», avec les connotations que je n’ai pas besoin de préciser. Or, les Dutrou(x) n’ont rien à voir avec ce que vous croyez; ils portent tout simplement le nom du lieu qui a permis de nommer leur ancêtre, quelqu’un qui venait…du Trou. Vous allez me dire: d’accord, mais de quel trou? Le trou_vert? Le trou-badour? Le trou-pot? Ou le «trou de mon quai»*? Aucun de tous ceux-là. Il s’agit d’un trou tout court, un lieu avec une cavité (pas un gouffre) dans le sol, ou une dépression formant une cuvette, détail topographique qui servit à indiquer le lieu (ou la direction) d’habitation d’une personne, à savoir près d’un creux du relief local.

Aucune équivoque possible donc avec les Troudu (franchement, c’est pas mieux), lui aussi authentique nom de famille, qui n’a rien à voir cette fois avec les trou du c.., puisque c’est une variante de Troude ou Troudet. Troude est une forme contractée de Thouroude, que l’on rencontre aussi sous la forme Théroude en Normandie. Origine géographique: la Germanie (avec probable exportation via la mer par les Vikings), un mot formé sur deux racines simples: thor + waldan. ‘Thor’ (ou thour, inversé en throu en vieux-français) signifie géant, et fait probablement allusion au dieu scandinave auquel sera dédié un jour de la semaine (anglo)saxonne: Thor(‘s)day, devenu Thursday…

La seconde partie du mot (waldan) est un ancien verbe qui signifie gouverner. Après contraction et avatars linguistiques divers, ne reste plus que le ‘-dan’ final, simplifié en -de dans la version francisée. Les Troudu ont donc peut-être pour ancêtre un géant barraqué à la tête d’une armée, auquel il ne fallait probablement pas lancer la première injure venue. Qu’on se le dise.

Moins pénalisés mais parfois tout autant gênés sont les Letrou (surtout s’ils ont une réputation de grands buveurs), qui n’ont pourtant d’autre tare que d’être nés dans un endroit qui portait déjà ce nom, principalement dans le Bas-Rhin, le Nord ou l’Essonne, un endroit caractérisé par un fossé ou parfois par une vallée encaissée. Dans ce cas encore, c’est le lieu qui a donné naissance au nom, mais on reste fidèle à l’idée du trou; bref, la boucle est bouclé, ou le trou est bouché, c’est comme vous voulez.

Il convient de signaler qu’il y a quelques Dutrou (sans ‘x’) français qui sont une déformation (ou une rectification) de Du-tru, cette dernière syllabe, d’origine celte puis occitane, étant en fait une forme du mot ‘truc’. Rien à voir avec Marc Machin cette fois; ce ‘truc’ est une racine conservée en Aquitaine (surtout) par les gaulois, pour désigner un…promontoire, une hauteur, parfois une colline (rapidement nivelée par le ‘mons/mont’ romain, beaucoup plus fréquent). Il n’empêche, on trouve plusieurs ‘Trucs’ qui ne doivent rien au manque d’imagination des services d’Erat-Civil mais à une allusion à ce qui est, finalement, le contraire exact d’un trou!

Terminons en mettant à l’honneur un gentil Dutrouz (autre orthographe, peut-être savoyarde?), d’autant qu’il chante en permanence et donne la réplique à la pétillante tenancière d’une baraque à frites charentaise: il s’agit bien sûr du personnage de M.Dutrouz (interprété par Henri Crémieux), petit vieux moustachu habitué à lire son journal tous les jours chez la maman des «Demoiselles de Rochefort». Hélas, lui aussi finira dans les pages de faits-divers du quotidien local, puisqu’on apprendra, avant la fin du film, que le souriant Subtil (c’est son prénom!) vient de trucider sa femme, «l’arme du crime étant ou la scie ou la hache, le monstre avait coupé la dame savamment et rangé les morceaux avec discernement». Prémonition de Jacques Demy?

(*) pour ceux auquels ce titre de chanson ne dit rien, cherchez dans les partitions de music-hall des années 1920…


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Un commentaire au sujet de Dutroux (Marc)

  1. Bonjour à tous et merci à l’auteur de c eblog.
    J’avais déjà beaucoup aimé cet humour dans l’article sur ‘couvent’ au sujet de l’ex femme de dutroux. remarquable site!
    Etienne

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