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Eiffel (Gustave)

Le grand architecte (pas constructeur, ne confondons pas) de la fameuse Tour et de tant d’autres ouvrages dans notre pays ou dans le monde est mort il y a 90 ans: quelques gazettes s’en sont fait l’écho, en précisant bien que l’illustre initiateur de ponts, viaducs et autres passerelles était devenu, au fil des décennies, le nom le plus symbolique de la France, en tous cas le premier mot que l’on pouvait retrouver sur un tee-shirt déchiré perdu au fin fond de la Patagonie ou du Japon. Sauf que…le patronyme du monsieur -né à Dijon- vient d’une région de l’Allemagne. Plus fort encore: linguistiquement parlant, il est réellement allemand!

L’histoire d’Eiffel en France commence en effet à la fin du 17è siècle, où l’un de ses ancêtres quitte la Rhénanie pour venir à Paris. Or, la famille s’appelle à ce moment-là…Bönickhausen (!), ce qui ne plait ni ne convient aux Français, qui trouvent que ce nom sonne -évidemment- trop germanique (voire prussien dira-t-on parfois, ce qui, d’un point de vue historique, revient au même et rappelle de mauvais souvenirs aux Parisiens). De plus, cette carte de visite gutturale cause visiblement du tort à notre Rhénan dans le succès de ses affaires, au risque de devenir un ‘boche'(1) avant l’heure. Il décide donc de mettre en avant sa région d’origine en rajoutant une sorte de surnom, un peu comme le faisaient autrefois les (riches) Romains.

Le monsieur vient d’une région montagneuse et verdoyante toute proche de la frontière française (actuelle), coincée entre Rhin et Moselle, et bon nombre d’autres cours d’eau mineurs; il s’agit du massif de l’Eifel, donc notre homme devient illico M.Bönickhausen-Eifel, puis Eifel tout court, ce qui est largement plus facile à dire pour une bouche parisienne (et davantage incognito pour son porteur). D’ailleurs, l’Etat-Civil français s’éloignera rapidement d’une orthographe éventuellement trop ‘alsacienne’ en rajoutant un second ‘f’ à ce nom de provenance, mettant ainsi un second étage à la construction de cet ‘Eiffel’.

Voilà qui fait de Gustave (qui se prénommait également Alexandre, modestement) un nom prédestiné pour construire au moins des aqueducs. Car ‘Eif(f)el’ viendrait d’une très ancienne racine celtique évoquant de l’eau, beaucoup d’eau, et de l’eau qui coule, qui ruisselle (2), celle des rivières sus-nommées sans aucun doute. L’équivalent latin de ce mot sera ‘aqua’, emprunté semble-t-il à un ‘apa’ puis ‘elfa’ celte, qui aurait donné Eifel. Pour simplifier, rappelons que pendant plusieurs siècles (avant et après JC) cette région cumule l’influence des religions celte et latine, l’une et l’autre étant pétries de légendes païennes à base de déesses et autres créatures des fleuves et des rivières ayant donné naissance à une quantité de noms de lieux (éventuellement, par la suite, de patronymes); d’ailleurs, les Romains appelaient déjà l’endroit ‘le pays de l’eau (eifelgau, en v.o locale).

Tout cela coule donc de source pour le futur champion de l’Exposition Universelle. Et, le 16 décembre 1880 (il a déjà 48 ans), Alexandre-Gustave Bönickhausen devient définitivement Gustave Eiffel (ouf) par décision du tribunal d’instance de Dijon, ce qui lui permet de raccrocher son arbre (généalogique) aux branches de la (troisième) République…Voilà qui finalement ne tomberait pas plus mal, car, pour tout vous dire, l’étymologie de cet ‘Eifel’ est toujours discutée, y compris par des linguistes qui préfèreraient rapprocher le mot d’un ‘effen-gau’, le pays de…l’if, ce conifère dont on trouve plusieurs mentions dans les registres des comtés locaux, en toute logique avec le caractère montagneux du coin. Il est vrai que, dans la tradition celte, l’if possède les qualités magiques de l’arbre à feuilles persistantes, symbole de la vie éternelle.

La légende pourrait donc tout aussi bien convenir à la pyramide en ferraille qui a failli partir à la casse devant le scandale provoqué à l’époque auprès de quelques politiciens inspirés, lesquels ont eu la chance de disparaître de la surface de la planète avant la construction du Centre Beaubourg ou de la Pyramide du Louvre (infarctus garanti). En attendant, monsieur Gustave Eiffel-Bönickhausen (3) nous aura joué un drôle de tour, y compris étymologiquement!

(1) Rappelons que ‘boche’ n’a rien à avoir avec une extension (commerciale?!) de la marque Bosch, fût-elle originaire de Stuttgart. La désignation péjorative des occupants allemands vient d’une simple ‘aphérèse’ (la chute d’une syllabe initiale), en lieu et place de ‘alleboche’, déformation de ‘allemoche ‘(sic) pour allemand + un suffixe de dépréciation (caboche, cinoche, fantoche, galoche, Gavroche, Folcoche…)

(2) Dans quasiment toutes les langues, les mots sont différents selon que l’on fait allusion à de l’eau vive, de l’eau ‘morte’ stagnante, de l’eau ‘à naviguer’ ou ‘à boire’, etc..

(3) Quel lecteur germaniste sera le premier à mettre en commentaire où est allé se ‘nicher’ le sens de ce nom?


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