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Escudero (Leny)

Ne vous trompez pas sur le prénom du chanteur de ‘la Ballade à Sylvie’ (1), américanisé comme c’était la mode dans les années 60 (Jean-Philippe Smet devient Johnny, Daniel Moine devient Eddy Mitchell, Jacques…Bulostin devient Monty -si, si, il a existé- etc). Notre Lenny s’appelle en réalité Joaquim Leni (2), dont nous reparlerons à la fin.

Cet Escudero est plus clairement originaire de la ville d’Espinal en Espagne, ou plus précisément pour les farouches du drapeau vert et rouge, de la province de Navarre en Pays Basque espagnol (en v.o, Espinal se dit…Aurizberri, bon courage). L’homme vient donc d’une famille de républicains qui ont fui le régime de Franco, pour se mettre à l’abri sous le ‘bouclier’ français. Et pour cause…

Escudero est en effet la forme hispanisante de l’escudier, escudié ou encore escudet français, mots directement formés sur le latin ‘scutum’ puis ‘escu(t), qui a un rapport avec un écu. Rien à voir encore avec une réelle monnaie ancienne ou un ex-futur étalon monétaire européen, mais évidemment avec un écu au sens de bouclier Le terme romain vient d’ailleurs lui-même du grec ‘aïguis’ (phonétiquement: éguis, ékis, éku, c’est plus évident), forme de plateau recouvert de peaux de bêtes, et spécialement de…chèvre!

Il faut bien mettre ce dernier mot au singulier, car la légende prétend que Zeus avait fait une arme magique avec la peau de la chèvre mythologique Amalthée (celle qui fera gicler son lait dans le ciel pour créer la Voie…Lactée), en recouvrant son pare-brise(s) du pelage caprin (c’est pas un bouclier, c’est un plat à poisson, sinon il aurait mieux valu une peau de vache, non?)…Bref, cet ‘aïguis’ va donc donner le mot ‘aigu(!)’ puis ‘écu’ en français, mais aussi le terme savant -et transparent- de ‘égide’, c’est à dire une protection sous laquelle on se place, pour différentes raisons, quasiment plus utilisé de nos jours que comme ‘parrainage’ (3).

L’escudero, ou l’escudé, c’et donc celui qui porte l’écu; et, contrairement à ce qu’on croit souvent, ce n’est pas le chevalier qui est sur le…cheval (non?), mais l’écuyer qui est au sol (4), et qui est chargé du soin des chevaux en même temps que de passer le lourd accessoire à son patron. Il s’agissait en général d’un jeune noble ‘stagiaire’, qui se mettait au service d’un seigneur jusqu’à son adoubement. Du coup, il bénéficiait à son tour d’un écuyer, qui passait son temps (autre preuve) à ‘l’escurie’, c’est-à-dire littéralement l’endroit où l’on accrochait les boucliers (et autres babioles), avant de s’occuper de ranger les chevaux! Et quand il travaillait bien, l’écuyer recevait de son patron un cadeau sous la forme d’un petit ‘pin’s’ qui représente les armes de son seigneur, un écru…son.

Même ‘dérive’ avec la monnaie en or (à partir du 13ème siècle) puis en argent: c’et sous le règne de Louis IX dit Saint-Louis qu’on a décidé de frapper au revers de la valeur d’une pièce les armes du roi, autrement les ornements et signes de son écu, ancêtre de tous les symboles au dos de l’euro et autres espèces sonnantes (cette fois, c’est vraiment un mini-mini bouclier!).

Et Léni alors (je pense que vous n’avez pas besoin de moi pour Joaquim), d’où ça vient? Tout simplement d’un ‘léon’ qui, avant ‘être une province…espagnole, vient du mot latin qui désigne un lion! D’où tous les ‘prénoms’ dérivés, censés qualifier des gens ‘forts comme un lion’ (ou sauvages?), les Léo (la base), Léon (comme Gambetta), Léonard (comme de Vinci, ou le confrère de Lenny, Cohen), Léonardo (Di Caprio), Léonce (comme le comique du temps du muet Perret), Léonie (comme l’actrice Bathiat, dite Arletty), Léonid (Brejnev!), Léonidas (le…’Lion de Sparte’), Lenny (comme Kravitz) ou enfin Lionel (Jospin, le lion de la Haute-Garonne). Quelle ménagerie! Au moins étymologiquement.

(1) En parallèle d’une production musicale très littéraire et militante, il fut aussi excellent acteur (de télévision ou de cinéma: «La Femme-Flic» d’Yves Boisset, par exemple.

(2) Aïe…comme Riefensthal, la cinéaste aryenne préférée d’Hitler. Mais il ne s’agit que d’une homonymie: le prénom de la réalisatrice du IIIème Reich viendrait du mot grec ‘hêlê’ (puis ‘nélé’, inversé en ‘léné’) qui signifie…éclat du soleil.

(3) Evitez de vous mettre sous l’égide de Volkswagen ou de
HSBC, ça peut servir.

(4) De la même façon, sa copine qui pourtant s’envoie en l’air dans un cirque ne s’appelle écuyère que parce qu’elle est la partenaire de l’écuyer qui tient la longe de l’animal!


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3 commentaires au sujet de Escudero (Leny)

  1. Bonjour Dominique,

    Auritzberri (nouveau auritz, de auricius) près de Roncevaux là où le neveu de Charlemagne fût occis par les basques.

    L’écu a failli devenir notre monnaie européenne, à la place de l’€.
    Mais en Allemagne « die kuh » , c’est-à-dire « la vache », cela ne plaisait pas du tout, surtout pour remplacer leur très estimé D-Mark.

    Mais l’ECU contemporain a bien existé comme monnaie-panier de valeurs, utilisé par les banques, juste avant l’€.

    Cdt
    E.

  2. Merci de vos préisions (et dites nous d’où vient « auricius »:)…

    En ce qui concerne l’écu, vous confirmez mon affirmation; d’autant que, même en français, ‘les culs’ auraient pu parfois mal passer. Tout comme « euro » pour les anglais et les…grecs (voir le sujet éponyme); l’écu ‘bancaire’ n’ayant effectivement vécu que pour des transactions et évaluations boursières.

  3. Bien sûr l’écu, c’est aussi en français un prétexte à sous entendu grivois.
    Le sexe est-il une histoire d’ecu ? Vous m’avez poussé là!

    Auricius,ou Aurus c’est un patronyme. Le lieu porte de nom d’une personne, itz c’est le suffixe, équivalent à ac que l’on retrouve dans toute la zone occitane. Comme dans Polminhac, domaine (villa) de Polemnus. Je ne vous apprends rien je pense.

    Cdt
    E.

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