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Forman (Milos)

Oscar, Palmes d’Or, Ours d’or et autres récompenses, le cinéaste qui vient de disparaitre a pris une place majeure dans le 7ème Art mondial principalement au cours des décennies 1970-1990. Présenté partout comme le «réalisateur américain d’origine tchèque», l’homme est en fait beaucoup plus énigmatique qu’il n’y parait, en tous cas étymologiquement et, pour une fois, généalogiquement parlant: en effet, il s’appellait en fait…Jan Tomàs Kohn!

Connu sous le nom de Milos (prononcez Miloch) Forman, l’ex-scénariste est bien de descendance tchécoslovaque, mais semble-t-il (et disait-il, après révélation tardive) non pas fils du professeur de lycée Rudolf Forman mais d’un célèbre architecte praguois émigré plus tard aux USA, Otto Kohn. Pas besoin alors de vous faire un sermon pour reconnaitre la racine hébraïque qui évoque habituellement un prêtre, à l’origine (pas le prêtre, la racine) de tous les patronymes tels Kunh, Kohan, Kahane et Khan, sans oublier les voisins phonétiques Cohn ou Cohen, dont l’ancêtre devait, à tous le moins, renvoyer à un -haut- dignitaire de religion juive.

Il porte donc en réalité le nom de son père adoptif; et si par hasard il avait eu envie de prendre le nom de sa mère, cela n’aurait rien changé puisque la jeune fille protestante de souche souabe (l’actuelle Bavière allemande) s’appelait…Anne Forman! La raison de cette prévalence linguistique est simple (et historique): les grands mouvements des populations d’Europe centrale venues du bloc…russe.

Car ‘papa’ Rudolfovi Formanovi (en v.o) est lui-même issu d’une souche linguistique située à quelques 300 kms au nord-est de Moscou et inspirée de la ville de Formanov -Fourmanov exactement en russe- à laquelle l’un des natifs les plus célèbres, l’écrivain bolchevik Dmitri Fourmanov donnera son nom. Autrefois baptisée Sereda, il semble que le ‘nouveau’ nom de la cité ait été emprunté par une large diaspora tchèque (1941!) en mémoire de son pays d’origine.

Du coup, on peut dire également que notre homme se cache sous un pseudonyme presque total, puisque son prénom n’est pas non plus John (Jan) ou Tom (Tomàs) mais (E)Milos, là encore sorte de prototype symbolique national, une contraction formée sur le latin ‘(ae)milianus’, l’équivalent de notre Emilien ou Emile français. L’un et l’autre viennent du grec ‘haimulos’ qui signifie séduisant, rusé (les qualités qu’on prête en littérature au renard), un mot récupéré par les Romains avec un léger dérapage qui en fera un adjectif de ‘séduction ou ruse par…jalousie’, d’où l’idée de rivalité que l’on retrouve dans le nom commun ‘émule’, qui n’est pas un gentil disciple comme on le croit aujourd’hui mais un concurrent obstiné.

A toutes fins utiles, et là encore contrairement aux règles habituelles, il faut bien tenir compte de l’orthographe des Forman, histoire de ne pas les confondre avec deux homonymes tout à fait distincts: d’abord le très germanique Formann ou Fourmann ( avec deux N), indicateurs d’un homme ayant un rapport avec (une forêt?) des pins (fohr, en vieil-allemand, d’où les plus identifiables Forhmann ou Forhrer, l’homme propriétaire d’une pinède ou qui abat du pin).

L’autre est plus anglo-saxon, un Foreman avec un ‘e’ central qui se met néanmoins en avant (be-fore) de son équipe puisqu’il s’agit de désigner cette fois un chef de chantier ou un contre-maître. Ultime clin d’oeil…cinématographique: quand l’équipe en question est celle d’un groupe de jurés (d’un Festival par exemple), le mot peut très bien désigner son Président du Jury! Idéal non? Sauf étymologiquement.


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Un commentaire au sujet de Forman (Milos)

  1. Super passionnant j’ai découvert votre blog par hasard je suis accro avec tout ce que vous avez déjà écrit. A quand le livre de tous vos articles? Marc

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