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Gourgeon (Pierre-Henri)

C’est l’histoire d’un homme qui a reçu une importante prime ‘parachute’ (ce qui tombe mal quand on a dirigé une compagnie aérienne!), et auquel on réclame le remboursement de ce royal octroi financier. Sans entrer dans les menus détails comptables ni l’évaluation du mérite dudit bénéficiaire, le patronyme de Gourgeon a alerté plusieurs lecteurs de ce site, dont certains ont eu l’humour de qualifier ce monsieur de ‘gros poisson’ (de l’entreprise), persuadés qu’il s’agit là d’une déformation du nom du petit locataire argenté de nos rivières…

En fait, ce n’est pas du tout le cas, étymologiquement parlant, mais le vrai sens de la racine laisse tout de même la porte ouverte à quelques clins d’oeil inattendus: Gourgeon n’est pas goujon, tout simplement à cause de la présence de ce ‘r’, consonne dite forte dont on se passe rarement dans l’évolution des mots. Techniquement parlant, c’est plutôt le phénomène inverse qui se produirait: très souvent, ce son entraine une ‘assimilation’ de la lettre voisine; si la chose avait un sens, on pourrait par exemple avoir ici ‘gourron’ et non pas ‘gougeon’. Sans compter que des Goujon ou Goujeon, il en existe, principalement dans la vallée de la Loire (!), mais ils ont en général un lien avec les Goujat. Il serait donc malvenu d’en rajouter ici.

Gourgeon, patronyme qui a fait souche entre la Creuse et le Cher, est un nom du ‘sud’, dérivé d’un mot occitan qui est ‘gourc’, d’après le latin ‘gurges’, que l’on pourrait presque transposer directement dans le français ‘gorges’, à condition qu’elles soient profondes, comme celles du Verdon par exemple. Le terme désigne très précisément  un gouffre (toute allusion à la situation financière de la compagnie aérienne n’est donc que pure coïncidence), et il a permis de qualifier plusieurs sites de ces régions, appelés Gourgon ou Le Gourgeon, qui décrivent ainsi la topographie des lieux, à savoir un territoire où se trouvait une large excavation (naturelle).

Dans les régions de langue d’oc, en Haute-Garonne par exemple et jusque dans les Pyrénées-Orientales, on trouve également des Gourgot et même le diminutif Gourgottes (l’endroit des ‘petites profondeurs’); l’origine du mot est la même…Dans les Landes, le Gers ou le Lot & Garonne, où les dénivellations sont moins importantes, la gourgue va souvent désigner un simple ‘trou’ dans une rivière, puis, par comparaison, une réserve d’eau ou une dépression de terrain où stagne de l’eau. Conséquence: comme l’on connait peu de gorges montagneuses dans la région dacquoise par exemple, le sens initial va complètement se réduire, et il faut croire que les Gourgues ou Lesgourgues locaux tiennent davantage leur nom d’un terrain boueux, c’est à dire ‘où se trouvait de l’eau dans des trous qui, initialement, devaient représenter un gouffre’!

Pas besoin donc de s’engouffrer dans des comparaisons de mauvais aloi entre le bourbier financier ou le trou d’air que traverse l’ex-entreprise de Mr Gourgeon, mais avouez qu’il y a des noms qui révèlent parfois une certaine prédestination. Etymologiquement bien sûr.


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Un commentaire au sujet de Gourgeon (Pierre-Henri)

  1. beaucoup aimé l’article sur l’azerbaidjan et celui ci aussi. j’adore votre humour et parfois on croit que les mots vous servent les articles sur un plateau (moi aussi je pensais que gourgeon était comme goujon); quelle ingéniosité
    Michel de toulouse

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