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Heaulme (Francis)

Probabilité rarissime dans une suite de chroniques sur l’actualité: après Holmes, si nous parlions de…Heaulme? Ce patronyme revient en effet dans les colonnes des journaux en raison du renvoi devant les Assises du criminel mosellan, au sujet de deux meurtres attribués il y a quelques années à Patrick Dils, libéré et blanchi depuis. Or, il y a beaucoup de ‘monde’ derrière ce tueur en série; étymologiquement aussi.

Il s’agit en fait d’un mot issu du répertoire linguistique qui a fourni un nombre très important de mots de notre langue, non pas le latin mais…l’allemand, au plus exactement le germain. En effet, on oublie souvent que, surtout pour les noms de lieux et de personne, les ‘invasions barbares’ qui ont déferlé sur le territoire des Francs entre les 5è et 10è siècles, ont permis la création de termes qui fournissent des pages entières de nos dictionnaires ‘bien français’. De fait, on trouve la version initiale du mot sous la forme ‘helm’ (comme en allemand actuel), devenu ‘helmit’ en anglais ou ‘heaume’ en français, c’est à dire un casque (et pas forcément un heaume au sens strictement médiéval que l’on a figé dans l’Histoire).

Les Heaulme sont donc le surnom de gens qui ont un rapport avec cet accessoire guerrier, fabricants (des forgerons, souvent) ou vendeurs, parfois simples soldats qui avaient la chance d’en bénéficier, car les armées n’en fournissaient pas à tous les types de combattants. Le heaume français pointe le bout de son casque dès le 8è siècle, et on en retrouve -logiquement- les premières mentions écrites dans ‘La Chanson de Roland’, deux siècles plus tard. En tant que patronyme, le mot a fait souche dans le Nord, la Normandie et jusqu’aux portes de la Bretagne (Sarthe, Mayenne), devenant même parfois un toponyme, un nom de lieu servant à nommer quelques communes ou hameaux.

Une question se pose alors, comme on doit le faire toujours dans ce domaine: si c’est la bonne ‘étymo’, est-ce pour autant ‘logique’?
On a avancé l’hypothèse que le lieu devrait son nom à un casque dessiné sur l’enseigne d’une auberge où venaient se restaurer des soldats. Certes, le procédé est courant -surtout dans l’Est de la France- où boutiques et maisons affich(ai)ent la fonction du locataire sur un panneau extérieur ou un motif plaqué sur la façade (une enclume pour les forgerons, une paire de ciseaux pour les couturières, des pinces pour les…dentistes, voire un animal pour les éleveurs ou les fourreurs).

Signalons au passage que cette racine ‘helm’, vocalisée en ‘heaume’ (1), se retrouve aussi sous la forme ‘haume’; mais comme il s’agit d’un ‘h’ muet, il disparaît donc facilement, ce qui nous laisse la syllabe ‘-aume’, laquelle peut être alors associée à une autre pour former un mot, voire un nom. Prenons, au hasard, une autre racine germanique qui signifie la volonté («guill», qui deviendra «will» en anglo-saxon), et cela permet de surnommer: (sous-entendu: celui qui a de la) «volonté sous le casque (3)», le Guill-aume, épithète prédestinée pour quelqu’un qui voudrait être Le Conquérant…(2)

Ultime surprise: en français, ‘heaume’ peut également être un déformation de ‘homme’ (puisque le son est le même, surtout en passant d’un parler régional à un autre); le plus surprenant est que cet ‘homme’ n’a rien à voir avec une personne mais avec une (seconde) déformation de ‘orme’, c’est à dire l’arbre. Ce qui est, du coup, beaucoup plus cohérent et donc logique pour créer une famille de noms qui tournent autour de cet arbre, les Delhomme, Delhoume, etc…tout en respectant évidemment l’existence des Delorme, plus faciles à ‘détecter’. On peut même trouver la forme Olmet, pour désigner une ormeraie; cela vaut pour le ‘continent’, car en Corse on dit bien sûr Olmetta (le petit orme, connu des sportifs). Ce heaulme valait bien donc une enquête sans doute? En tous cas, étymologiquement.

(1) Phénomène linguistique substituant (apparemment) une consonne à une voyelle -d’où le terme de vocalisée-. Exemple de base: cheval/chevau(x), canal/canau(x), etc. Ici donc, heLm/heaum(e).

(2) De fait, en jouant sur ces deux syllabes et sur leur variation (w/g) selon les langues, on en déduit que font partie de la même famille linguistique les Guillaume, Guillaumet, Guilhem, mais aussi Wuillaume, Willemet(z), Wilhem, William, etc…

(3) Il y a parmi les fidèles et très documentés lecteurs de ces chroniques un Guillaume qui ne manquera pas de me demander: «Mais alors, d’où vient le mot casque?». Réponse: d’un verbe de bas-latin (=post-classique), qui est ‘cassicare’ (ou quassicare). Lequel évoque un..tesson de bouteille cassé (!), puis un crâne (fendu), et enfin un casque, que l’on espère résistant.


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