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Hirscher (Marcel)

Malgré un prénom un peu daté, il s’agit d’un fringant sportif trentenaire d’origine autrichienne (ah bon…) et néanmoins multiple champion olympique, qui vient de remporter sa soixantième victoire lors du Slalom géant qui vient de se tenir à Val d’Isère. Je sais, vous n’avez rien pu voir à la télé, à travers les fumées des gaz lacrymogènes, mais si vous allez vous promener dans les Alpes de l’Est, peut-être pourrez-vous voir dépasser des cornes d’un taillis: c’était exactement le métier de l’ancêtre de notre skieur.

Hirscher est en effet une variante de la syllabe germanique ‘hirsch’ qui désigne un cerf. Contrairement au patronyme de feu le comédien français Robert (voir plus loin), il ne s’agit ici que de la marque très primaire du surnom d’une personne en rapport avec des cerfs…Dans cette région, pas ‘un’ cerf -il ne s’agit pas d’un chasseur- mais de plusieurs, en l’occurrence un éleveur ou plus probablement un gardien de parc (une réserve, pas un zoo) où il y avait ces animaux.

Autres dérivés: Hirschnell, le cerf-rapide, caractéristique appliquée à quelqu’un d’agile; Hirschberg, celui ou ceux qui habite(nt) la montagne-aux-cerfs; ou Hirschorn, corne-de-cerf, qui désigne celui qui, dans la tradition montagnarde (*), habitait une maison signalée par ou décorée avec une corne de cerf…Et non pas un ‘porteur de cornes’ car…

Contrairement à la majorité de ces noms dits propres qui semblent reproduire un nom d’animal, les Hirscher ne sont pas (du tout) les descendants d’un ‘homme à cornes’, comme le font croire un peu hâtivement quelques fascicules qui oublient la différence -très visible- entre des cornes et des ‘bois’, attribut du cervidé mâle; donc aucune connotation par comparaison avec un mari trompé, pas plus que d’allusion aux performances sexuelles du bestiau dominant au milieu de sa harde. En matière d’étymologie aussi, il faut de temps en temps rester aux (d)aguets.

Il s’agit bien pourtant de l’animal des forêts européennes, mais pour une fois, pas question de transférer les caractéristiques physiques ou comportementales des bêtes (les Renard sont rusés; les Corbeau sont habillés de noir, les Moineau, de brun; les Castor sont de bons bâtisseurs, etc.). Paradoxalement, en France, celui qui s’appelle Cerf a pourtant bien un rapport direct (et brutal) avec la bête puisqu’il est cette fois son chasseur ou, au moins, celui qui faisait commerce de ses peaux, comme les Duloup ou les Mouton (éventuellement éleveurs, également).

D’un point de vue démographique, on trouve les Cerf francophones à la lisière (logique) du Nord-Pas-de-Calais (comme Camille Cerf, Miss France 2015) mais aussi de la Lorraine, longtemps territoire germanophone, ce qui nous ramène finalement à Hirscher.

Aucune raison en tous cas d’en faire une ‘déformation’ (fantasme souvent facile quand on ne trouve pas la réponse que l’on attend) du mot ‘serf’, globalement traduit par ‘esclave’ pendant longtemps, alors que l’origine du mot latin (servus) a donné, de préférence, le mot ‘serv-iteur’. Il est vrai qu’il était le plus souvent question de paysans employés au service d’un seigneur ou du propriétaire d’un terrain, pour un travail certes très éloigné des futures exigences syndicales.

Quoi qu’il en soit, Marcel aura bien renvoyé ses adversaires dans les bois avant d’avoir toutes les raisons de leur faire les cornes; sauf étymologiquement peut-être.

(*) Même tradition en Alsace, où les façades arborent parfois encore le symbole ou l’outil de l’artisan qui y travaillait.


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