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Joyon (Francis)

C’est l’homme dont aura assez peu parlé au regard d’une performance engloutie par les flots de millions alloués à un ex-homme d’affaires (avec un ‘s’, précisément), car le navigateur a pulvérisé le précédent record de traversée de l’Atlantique Nord à la voile en solitaire détenu jusqu’alors par Thomas Coville. New York-Le Cap Lizard en à peine plus de cinq jours, voilà de quoi rendre jaloux (1) les mânes du désormais sous-marin Titanic, dont on ne saura jamais quel temps il aurait mis réellement lors de cette liaison inaugurale, et pour cause. En tout cas, Francis a de quoi se réjouir. Forcément!

Car, indépendamment du bonheur légitime de ce succès, c’est très exactement l’étymologie (assez transparente, avouez que vous vous en doutiez) de son nom. Joy, Joye, Joyon, Joyez (c’est beau comme une conjugaison de l’impératif) font en effet partie de la grande famille de tous nos ancêtres ainsi surnommés grâce à leur caractère en…joué et leur nature souriante. Pas la peine de chercher plus loin, voilà un nom propre à vous donner la banane, y compris pour les variantes supplémentaires que sont Joyer et son diminutif Joyeron, Joyal (autre forme médiévale de Jovial, c’est tout dire), Joyet, et même Joyaud et Joyeaux, sans compter leur père à tous, le Joyeux, celui qui est toujours béat quand il aperçoit la robe de Blanche-Neige.

Malgré l’orthographe qui s’appuie sur un son ‘j’ dit mouillé, il n’en demeure pas moins que le mot originel est latin, à savoir le nom commun ‘gaudia’ (la joie) ou le verbe ‘gaudere’ (se réjoir ou se réjouir, en version moderne). Les plus accros aux cantiques et autres prières auront également spontanément rajouté tous les ‘gaudemus’ incantatoires (=’réjouissons-nous’, souvent adressé à ses frères)…Curieusement, le seul mot de la langue française actuelle qui aura gardé le son guttural premier est celui qui désigne une ‘petite-joie’, souvent de mauvais aloi car ironique ou vulgaire, la gaude-riole, ce que je vous déconseille vivement pendant un office dominical.

Il n’empêche: comme assez souvent, le sens initial était bien plus fort que la réjouissance ou le simple plaisir. Dans sa période la plus classique, le latin donnait à ce mot une dimension de jubilation, de jouissance puissante, voire d’exaltation! Puis, le plaisir retomba (what else?) et on s’achemina vers le contentement, la satisfaction, voire le bien-être ou l’aise, et enfin la douceur de l’abandon (spirituel). Mais les Joyon ne sont pas les seuls à être aux anges: loin de toute proximité étymologique, il faut aussi compter sur les Lheureux (no comment), les Lajoie (même les fils des Dupont-), les Gay ou Legay (pas du tout homosexuels) et les Allégret (comme le cinéaste Yves) ou les Allègre (comme l’ex-ministre Claude), tous également contents ou souriants.

Avant de terminer, il faut revenir sur un ‘joyeux’ quelque peu équivoque que vous avez peut-être noté au passage, c’est ce Joyeau (Joyaud) charentais ou vendéen, un homme qui devait être une vraie perle puisqu’il a logiquement un rapport avec un aïeul…joailler évidemment. Du coup, rien à voir avec la joie -enfin, étymologiquement – mais avec le jeu (jocus, en latin), un mot qui débarque chez nous au Moyen-Age sous la forme ‘joël’. Le joël (2), c’est ce qui plait, qui divertit, et qui va se vocaliser en ‘joyau’ ou en ‘joellerie’ puis joaillerie avec un ‘a’, histoire de s’éloigner de la famille des ‘joie’. Donc, si l’on s’en tient à la racine de ce mot, un joyau, c’est ce qui détourne (la femme?) de sa condition et fait plaisir quelques instants, avant de jouer avec. Ce qui n’empêche pas sans doute d’éprouver une joie réelle quand on vous offre…’des-joyaux’ (comme Michel, vainqueur de deux Vendée Globe et d’une Route du Rhum), histoire de rester dans le domaine de Joyon. Décidément, ces marins, rien que des pépites!

(1) ou jalouses, si vous préférez…
(2) Pour tout simplifier, le prénom n’a rien à voir avec la joie, mais avec Dieu (Yahvé, en hébreu), dans une combinaison Yo-El («Dieu est Dieu») francisée en Joël. Heureux les simples en esprit, qu’il disait, Matthieu…


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