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Juncker (Jean-Claude)

Ce sera donc ‘le Président de l’Europe’, titre quelque peu simpliste pour désigner le nouveau patron de la Commission Européenne. Après avoir assuré -très jeune- des fonctions de ministre (du Travail, du Budget, des Finances) puis de Premier Ministre dans son Luxembourg de pays, cet homme politique de tendance démocrate-chrétien(ne) prend donc les rênes de l’institution (1), en remplacement du portugais José Manuel Barroso. Et pourtant, «fatigué, usé, vieilli» avaient dit les adversaires (britanniques. Vous savez, ceux qui sont très motivés par l’Europe) de sa nomination. Tragique mépris(e?), car c’est exactement le contraire, en tout cas étymologiquement…

Une fois de plus, au risque d’édulcorer à mon tour quelques détails pour une meilleure compréhension, au grand dam de farouches lecteurs nationalistes, il faut aborder l’analyse de ce mot de façon très globale, et finalement assez limpide: Juncker se divise en deux parties: junck-er (facile); commençons donc par ce suffixe ‘-er’, qui marque, en général dans nos régions, une appartenance ou une activité (un méti-er, justement); que ce soit en français (boulanger, meunier, jardinier), en anglais (respectivement: baker, miller, gardener), ou en allemand (bäcker /müller / gärtner), pour ne prendre que des exemples parallèles. Simple, non? Sauf que, cette fois, il ne s’agit pas de cela!

Ici, on a affaire à une indication de comparatif, comme dans la syntaxe anglaise (fast-er: plus vite; new-er: plus neuf; high-er, plus haut, etc); logique, on est dans des langues qui sont toutes issues -même de très loin- d’un foyer saxon/germanique/allemand commun. A l’origine, ‘juncker’ est en effet un adjectif qui signifie ‘plus que’-quelque chose, ce quelque chose étant défini par la racine ‘junck’ qui précède, et que vous avez sans doute depuis longtemps rapproché du ‘jung’ allemand ou du ‘young’ anglais modernes. Notre juncker est donc un ‘plus-jeune que…’, ou parfois ‘le-plus-jeune de…’, devenant du coup un superlatif (même comparatif. Si, si, c’est dans vos livres de CM2!). Reste alors à savoir plus jeune que quoi ou que qui.

On pense tout de suite à un surnom donné au ‘plus jeune de la famille’, ce qui est évidemment l’une des pistes les plus spontanées et effectivement réelles. De ce ‘concept’ viendront, au fil des siècles, les Jung, Junge, Jungers, Jungeman(n), Junck et donc Juncker, tous permettant de désigner, dans une fratrie, le plus jeune de la lignée, par rapport à un aîné sous-entendu évidemment…En français, on aura d’abord ‘le puîné’ (littéralement le puis-né, celui qui est né après, en-suite de son aîné), désormais tombé en désuétude et réservé quasi-exclusivement à des textes administratifs; mais le mot sera encore plus précis puisqu’on pourra préciser cadet ou benjamin pour une numérotation exacte.

Or, historiquement, le domaine de prédilection des Juncker n’est pas la famille mais la -bonne- société aristocratique, puisqu’il est question de rang social. En effet, dès la fin du Moyen-Age, on trouve, dans une partie centrale de l’Europe occidentale (en gros, et verticalement: Pays-Bas/ Flandre / Luxembourg / Suisse Romande) les termes de ‘jonkheer’ (en néerlandais) et de ‘juncherre’ (en allemand) (2). Ces jeunes-ci sont les équivalents des ‘hobereaux’ français, c’est à dire de jeunes nobles n’ayant pas encore été adoubés, ou sans expérience (de la guerre), ou enfin sans fortune (donc au service d’un seigneur plus ancien et surtout portant un titre). Progressivement, le terme va d’ailleurs se ‘démocratiser’, allant jusqu’à distinguer un écuyer attendant d’être nommé chevalier, ou un soldat (parfois un mercenaire) postulant à devenir officier dans son arme de service.

Petite précision pour terminer: ce ‘hobereau’ français, qui a donc failli s’appeler un ‘jeunot’ (traduction exacte de juncker), vient de l’ancien-français ‘hobe’, appellation médiévale du faucon. Le jeune noble français était donc considéré comme un petit-faucon, sans doute par comparaison à son aîné, à l’image de l’aigle ducal ou…royal. Reste donc à souhaiter au ‘vieux’ Jean-Claude d’être le jeune qui saura en remontrer aux rapaces de l’Europe.

(1) En fait, à la date de parution de cette chronique, il est plus exactement proposé au vote du Parlement par la majorité quasi-absolue des dirigeants européens.
(2) Prononcer ‘yonkerr’; rien à voir avec une jonchère évidemment!


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