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Le Cam (Jean) & Riou (Vincent)

Un ingénieur qui s’évade d’Afrique, un tireur qui menace Paris, des bonnets rouges qui manifestent, et des joueurs de foot qui marquent des buts…On vous l’a sans doute caché, mais il y avait dans l’actualité récente la Transat Jacques Vabre. Il s’agit d’une course à travers l’océan atlantique jusqu’au Brésil, dont le premier monocoque a passé la ligne d’arrivée dimanche dernier, dix-sept heures seulement après avoir quitté Le Havre (en gros, le même temps qu’il fallait il y a exactement un siècle pour rallier la Normandie au Pays de Galles!). Voilà qui mérite bien un petit coup de projecteur étymologique: le tandem vainqueur s’appelle Jean Le Cam et Vincent Riou. Bretons, forcément bretons…

Honneur à l’aîné (secouru en mer par le cadet lors d’une précédente édition du Vendée Globe, c’est sûr, ça crée des liens), dont vous avez déjà compris le patronyme si vous êtes breton(nant); avec cette forme très caractéristique qui allie l’article (Le) à un nom ou un adjectif de la langue locale (Cam). Exemples, parmi les plus connus des ‘français’ (= non bretons): Le Bihan (le petit), le Cléach (le sonneur de cloches), Le Drian (le beau), le Foll (le…fou), le Goff (le forgeron) ou le Guen (le blanc, celui qui a les cheveux…), etc.

Le-Cam, nom très ‘Côtes d’Armor’ concerne donc une personne qui est ‘cam’, adjectif qui qualifie quelqu’un de…boiteux. Ce qui permet d’imaginer que l’ancêtre de Jean n’était pas franchement fait pour la navigation en haute-mer. L’équivalent ‘français’ de Le Cam pourrait être Claude (ou Claudon, Claudin, et même Claudel -comme l’écrivain Paul), issu du latin ‘claudius’ que l’on retrouve dans le verbe ‘claudi-quer’, pour lequel je n’ai pas besoin de vous faire un dessin. Reste à souhaiter qu’il n’y ait pas de coureur à pied dans la famille Le Cam…L’autre ‘cam’ breton concerne une petite localité du Finistère, ‘kameled’ ou ‘quamereuth’ (en ancien-français), devenue célèbre sous l’orthographe moderne de Camaret pour d’obscures raisons ecclésiastiques.

D’autant qu’on retrouve le même terme (pourtant semble-t-il sans aucun rapport linguistique) dans une racine ‘cam’, très latine, à l’origine de tout ce qui est cam-bré, donc cambré ou même tordu, ce qui revient au même, tout dépend le sens dans lequel vous regardez la cambrure. Cette racine nous vaut quelques Camacho hispaniques et des Camarès aveyronnais, ayant tous un rapport avec un endroit cambré, le plus souvent…géographique (honni soit), comme la courbe d’une rivière par exemple.

En ce qui concerne les Riou, l’explication est radicalement différente selon qu’ils sont de souche bretonne, normande ou béarnaise. Ceux d’Armor viennent d’un nom de personne en rapport avec le ‘ri’ (le roi), et ont donné Riou ou Rio (rien à voir avec un fleuve du Brésil); ils ne désignent pas l’altesse directement mais quelqu’un en contact ou au service du roi; ou, encore plus souvent, quelqu’un ‘qui se donnait des manières de roi’, autant dire une sorte de sobriquet, tout comme les Leroy franciliens.

Certains Riou sont une simplification des Rioux ou Riout normands, surnom donné à des chefs de troupe militaire qui avaient l’habitude de diriger leurs hommes depuis un cheval. Deux racines germaniques ont formé le mot: ‘rid’ (le cavalier) et ‘wald’ (transformé en wuld > iuld > iout, le commandement). Quant au Riou du sud, ils découlent (si j’ose dire) directement d’un ruisseau médiéval, le riol ou le riu, élément topographique qui permettait de repérer leur situation (les ‘gens du ruisseau, ou de la rivière’). Vous pouvez donc, cette fois, les raccorder aux rios espagnols.

Selon les régions, on trouvera donc, de l’Auvergne vers les Pyrénées, des Rio (Loire), des Riol (Corrèze), des Riols (Hérault, Pyrénées-orientales), très voisins des Rieu(x) et des Arrieu, Arriou, et tous les composés béarnais d’arrieu-quelque chose, comme les Darricau (ruisseau creux), les Darrieusecq (sans commentaire), Darrieumerlou (le ruisseau boueux, envasé) ou tout simplement les Darrieux (comme l’actrice Danielle)!

Conclusion: si l’on s’en tient aux noms de notre duo de champions, on imagine bien que faire naviguer leur monocoque de course sur un ruisseau le rendrait complètement boiteux. En tout cas, étymologiquement.


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