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Le français, c’est pas facile / 3

Ainsi donc, « le vote a départagé les rivaux », a déclaré un élu du parti socialiste. Oui, monsieur, et comment! Pour une fois, voilà le mot juste, car ce mot – tout à fait étonnant pour un étranger, m’a dit un ami anglais – a une histoire on ne peut plus simple.

Un(e) rival(e), c’est en effet quelqu’un qui n’est ni adversaire, ni concurrent, encore moins ennemi; ce n’est pas non plus un opposant, ni un contradicteur…C’est simplement quelqu’un qui vous dispute une place, car, étymologiquement, le rival, ce n’est pas ‘celui (ou celle) d’en face’, mais celui qui est à côté de vous! En clair, le rival, c’est celui qui est sur la même…rive. Rive, rival, rivalité, tout cela a un rapport avec le bord d’un fleuve ou d’une rivière. D’ailleurs, à l’époque de Molière, on parlait de « corrival », avec ce préfixe ‘co-‘ (comme dans co-listier) qui indique encore mieux la proximité. Alors, pourquoi a-t-on retenu cette histoire de rive?

Dans l’histoire des peuples, l’endroit stratégique pour s’installer et prospérer (voire s’enfuir rapidement), c’était la présence d’un fleuve ou d’une rivière. Que ce soit sur un petit ruisseau pour la simple consommation d’eau ou le long d’un large cours permettant la navigation et donc le commerce, la rive c’est la vie; et il est bien question d’une seule rive, pas des deux côtés à la fois (en général): regardez le nombre de villes dont la fondation a prospéré sur un côté et pas sur l’autre (ou beaucoup plus tard, ou beaucoup plus difficilement); pour beaucoup de métropoles régionales (et la capitale!), habiter « rive gauche » ou « rive droite », ce n’est pas tout à fait pareil…Bref, nos ancêtres choisissaient une seule rive, la plus protégée, la plus abritée, ou la plus facile d’accès. Car on parle bien de rive et non de berge! La berge, c’est la « rive vue de la terre », alors que la rive, c’est « la berge vue du fleuve » (vous suivez?). On marche sur la berge (c’est le sol), mais on accoste sur la rive (on est dans l’eau de la riv-ière. Etymologiquement, une riv-ière, c’est un espace où il y a des rives!). Pour les peuples qui habitaient sur les bords d’un fleuve, il était donc question de facilité (voire de droit) d’accostage…

Du coup, les gens qui habitent sur une rive, on va les appeler des rive-rains (quand il s’agit d’habitants, c’est souvent ceux du même côté d’une rue…). Or, quand les riverains se disputent l’accès à une même rive, ils deviennent, de fait, des riv-aux! C’est si vrai d’ailleurs que, lorsque vous accostez sur une terre pour vous installer, vous ar-rivez (même racine), et quand vous en partez, vous dé-rivez; car le premier sens de ce verbe dériver s’appliquait uniquement à un bateau ou à une barque, le but étant de leur laisser prendre le courant vers le large progressivement, donc, de s’éloigner, d’où le sens actuel.

Conclusion: Martine et François sont donc bien rivaux (puisqu’originaires du même « bord »). Mais, si l’un est bien ar-rivé à se faire élire, l’autre ne va peut-être pas dé-river de ses convictions pour autant. En tous cas, étymologiquement.


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