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Lecointre (François)

L’actualité dramatique de la libération des « ex-otages du Burkina-Faso » (en réalité du Bénin, mais bon, on n’est pas à une imprécision médiatique près) a permis de mettre en avant la parole et l’image du chef d’Etat-Major des armées, un général qui, même né à Cherbourg, n’a pas l’habitude d’ouvrir le parapluie pour dire les choses. Car, question intervention militaire, il sait de quoi il parle, y compris étymologiquement.

Premier réflexe, pour analyser ce mot qui commence par ‘le’, suspecter comme d’habitude, une possible ‘agglutination’ de l’article avec un nom commun ou un adjectif, ce qui est bien le cas ici: il s’agit en effet de savoir ce qu’est ou qui est ‘le-cointre’, un cointre dont la forme est restée quasi-identique depuis le Moyen-Age, ce qui rend probablement le son si inhabituel aux oreilles françaises.
De plus, le terme est un déverbal, un nom formé sur l’ancien verbe ‘cointer’ ou ‘cointier’ (sans le ‘r’, encore), lui-même contraction médiévale du latin ‘cognoscere’, qui s’est transformé chez nous en…’connaitre’. Attention, connaitre n’est pas savoir, c’est mieux que ça; avant de savoir, il faut chercher, étudier ou apprendre; c’est en tous cas le premiers sens que lui donnaient les Romains.
Il est donc question de faire des efforts pour observer une situation par exemple, puis s’informer, et enfin affiner son jugement pour prendre une décision…Franchement, on peut difficilement faire mieux pour qualifier une stratégie d’assaut! L’ancienne forme ‘cointier’ avait même le sens de préparer une riposte ou parer à une attaque…

Les Lecointre, Lecointe, parfois Lecoindre ou Lecoinde, ainsi que leurs versions simplifiées en Cointre, Cointe, Cointet, Cointeau ou Cointin ont alors progressivement pris le sens de quelqu’un d’expert ou de reconnu pour être habile dans son domaine, jusqu’au surnom plus populaire d’une personne agréable à vivre, donc gentille (l’un n’empêche pas forcément l’autre).

Il vous sera peut-être venu à l’esprit de rajouter à la liste un patronyme voisin qui appartient à une célèbre marque de liqueur à l’écorce d’oranges amères, le Cointreau; de fait, l’origine angevine (la finale en ‘-eau’) du mot vient bien du même ancien verbe ‘cointier’, mais cette fois au sens de décorer (équivoque sur parer-à et parer tout court), donc orner…
Au sens figuré tel qu’on l’entendait au 16ème siècle, on dérape même carrément sur l’idée d’un homme qui ‘maquille’ sa pensée, donc un rusé ou un vaniteux. D’ailleurs, si vous (re)lisez ‘Le Roman de Renard Le Nouvel’, vous y découvrirez que le cointereau (orthographe complète de cointreau) désigne dans l’histoire le personnage du…singe.

Inutile de dire que la racine de notre Lecointre n’a de point commun qu’avec la viande du même nom servie dans les boites de ration; dans l’affaire, on s’achemine plutôt vers les deux derniers sens spécialisés du mot, qui concernaient à Rome d’une part la reconnaissance (du visage) d’une personne, autant dire l’identification d’un otage à sauver; ou l’instruction (la constitution) d’une affaire judiciaire. Sans aucun doute à l’encontre des ravisseurs un jour…


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