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Lombard (Didier)

« Non, je ne regrette rien », rien à voir avec Edith Piaf (1), c’est ce que s’est refusé à admettre l’ex-pdg de (l’ex) France-Télécom, mis en examen pour harcèlement moral dans sa gestion de la ‘mode des suicides’ (citation) qui a frappé l’entreprise tout au long de l’année 2012. Le long procès qui s’ouvre sera sans doute l’occasion, pour les autres prévenus fonctionnaires et les rescapés du plan de restructuration, de témoigner de techniques de management ‘à la hache’…y compris étymologiquement!

Tout comme beaucoup d’autres patronymes dits de provenance et faciles à comprendre tels les Bourguignon (nom d’Anne dite Anémone, actrice), les Lallement (nouveau préfet de Paris), les Lenorman (Gérard, chanteur) et autres Picard (Raymond, surgélateur), les Lombard portent l’indication de leur territoire de naissance, en l’occurrence cette région d’Italie du Nord (capitale Milan), première puissance économique du pays, juste au sud de la Suisse.

Seulement voilà, les Lombardo (au singulier) et Lombardi (au pluriel) en version originale ne sont pas du tout originaires de la botte romaine mais de…Scandinavie, et plus précisément de la Norvège actuelle. Les ‘Langobardi’ ou Longobardi, selon l’orthographe latine des premiers siècles plus tard abrégée en Longbardi puis Lombardi, sont en fait l’un des nombreux peuples germains du nord de l’Europe, qui ont silencieusement (par rapport à d’autres tribus plus bruyantes type Ostrogoths ou Wisigoths) traversé l’Europe Centrale en route vers le sud.

Glissant de la zone polonaise jusqu’à celle de la Slovaquie ou de la Hongrie, les Lombardi s’installent pour quelque temps sur les rives du Danube, puis continuent leur migration vers les contreforts des Alpes où ils se stabilisent vraisemblablement au 6ème siècle…Le chemin est un peu inhabituel par rapport aux grands mouvements guerriers pré-moyenâgeux, dont le mouvement suit plutôt une sorte de courant ‘dépressionnaire’ (météo) qui tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre sur le continent, mais le résultat est là.

Alors, pourquoi les Lombards sont-ils ‘longbards’? Non pas, comme on l’a cru pendant longtemps (et encore dans quelques définitions sommaires) à cause de leurs…’longues barbes’, quasi-jeu de mots facile sur un détail certes unanimement remarqué (et craint) par les peuples qui les voyaient arriver, mais à cause de leurs armes.

En effet, l’un des instruments favoris des moustachus (aussi) scandinaves était une hache, autrement dit(e) ‘bardt’ ou bard dans le répertoire germain, et encore ‘barde’ en français, d’où le nom de la hache-de-poing ou plutôt de bras, au bout d’une lance, la hallebarde…En attendant, celle-ci est plutôt large (pas forcément longue comme on l’entend aujourd’hui), c’est donc une long-bard, pour ne pas dire une lombarde!

Une fois installés sur le bassin du Pô (si j’ose dire), les soldats à la hache ont développé leur sens du commerce pour se tailler une solide (mauvaise) réputation de marchands, puis de banquiers, et enfin souvent d’usuriers (honni soit qui mal y pense), bref de gens habiles à faire fructifier tout capital, d’où, dit-on, la réussite économique actuelle de la région.

Mais être qualifié de lombard, c’est aussi une référence à l’une des plus grandes Ecoles de la peinture italienne, ou encore à l’une des premières notations musicales avant que ne s’impose la tradition graphique saxonne. Ne reste plus qu’à savoir quel tableau les prévenus peindront de la stratégie humaine de l’entreprise et quelle musique jouera la justice en fin de procès.

(1) En fait, les paroles de la célèbre chanson sont de Michel Vaucaire, musique de Charles Dumont.

(2) Rien à voir avec le chanteur d’Astérix’, d’après le latin (et celte) ‘bardus’, qui désignait un chanteur-poète…


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