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Manzon (Robert)

Drôle d’animal que ce pilote automobile français, qui fut parmi les premiers à monter sur un podium du Championnat du Monde de Formule 1, dans les années 1950…C’était l’époque des équipes sportives et des surnoms médiatiques; or, après les crocodiles de la raquette, lui aussi avait fait partie d’un groupe de…cinq mousquetaires, du volant cette fois (dont Maurice Trintignant, le père de l’acteur). Tout comme l’argentin Fangio en son temps, le doyen des coureurs français qui vient de disparaître était très aimé. Forcément.

Il était né à Marseille et il est mort à Cassis (Bouches-du-Rhône), ce qui ne représente pas vraiment un parcours planétaire, mais, d’un point de vue familial aussi, ses racines n’étaient plantées qu’à quelques kilomètres. Car, peu de temps avant Robert, les Manzon -aucun rapport avec la liqueur de pomme ‘espagnole’ appelée manzana- s’écrivaient avec un -e, Manzone. Ce qui en fait évidemment un mot transfuge de la proche région italienne de…Nice (le comté n’est ‘français’ que depuis peu de siècles!), où s’étaient implantés des Manzone piémontais (Turin) et lombards (Milan).

La racine est donc logiquement latine, et elle s’éclaire rapidement quand on apprend qu’elle a subi, comme beaucoup d’autres mots, ce phénomène d’aphérèse* qui provoque la chute de la syllabe initiale. Or, ici, cette érosion se réduit à une simple lettre qui est un ‘a’ (dites âââ); à l’origine, nous avons donc amanzon (attention, pas amazone), forme décadente du…prénom latin Amanzio, ou Amantius dans sa version académique. Il s’agit donc d’un terme en rapport avec le verbe aimer.

Ce verbe va générer principalement deux surnoms qui deviendront prénoms (et éventuellement noms ‘propres’) chez nous: Amans (celui qui aime) et Amantius ou Amandus (celui qui est aimé). Rien de spécifiquement actif ou passif dans les définitions supposées de ces qualificatifs, d’autant que, pour les Romains, les adjectifs en question avaient davantage le sens de ‘aimable’ (précisément!), donc affectueux ou simplement chaleureux. Rien de plus, y compris dans le nom commun qui aura également un certain succès dans les maternités…d’autrefois, Amour.

Seulement voilà, il existe une autre tendance dans l’onomastique (la ‘science’ des noms propres), c’est, outre de caractériser quelqu’un par sa douceur de caractère, de le comparer au comportement de certains animaux. Et là, l’histoire change du tout au tout, car, dans le répertoire italien, il existe également des Manzoni qui ne sont pas le pluriel de Manzone (un Manzone, des Manzoni) mais un redoutable homonyme très fonceur (ça tombe bien pour Robert) puisqu’il désigne un…boeuf (manzo). La racine a également donné des Manzetti, diminutif censé désigner un veau (une voiture qui n’avance pas? Dommage pour Robert).

Du coup, notre coureur automobile se retrouve être proche cousin -linguistique- des Leboeuf (Frank), un autre têtu des terrains de sport. Alors, Manzon, un faux gentil ou un vrai boeuf? L’un n’empêche peut-être pas l’autre; en tout cas, étymologiquement.

(*) voir ‘bréviaire’ sur la page d’accueil


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