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Michou

Son surnom est devenu l’exemple-type d’un ‘hypocoristique’, un mot toujours légèrement déformé (en général abrégé) pour signifier une appellation affectueuse: Loulou pour Louis, Ginou pour Ginette, Zouzou pour Elizabeth ou Zizou pour…Zinedine, etc. Sans compter les chouchou, poutou, doudou et autre nounou, tous destinés à faire croire aux enfants que les adultes ne peuvent pas leur parler correctement. Mais Michou, c’est autre chose…

D’abord, le phénomène hypocoristique en question n’est pas forcément si gentil au départ; il parait même que certaines méchantes langues de Montmartre (son quartier) avaient coutume de l’appeler « la mère Michel »; or, dans son cas, comme Michel n’est pas son patronyme mais son prénom, il ne peut s’agir que d’une variante assez courante dans le milieu homosexuel, parfois bienveillante, parfois méprisante (1).

Cela étant, les choses auraient pu être pires avec ses autres prénoms: il s’appelle en fait Michel-Georges-Alfred, d’où de possibles Jojo (Georges) ou Fredo (Alfred) pas forcément moins chargés en connotations de ‘milieu’…Alors, pour une fois, attachons nous à décrypter son état-civil officiel qui est Catty (2).

On a beau chercher, tout ramène ce mot à des racines du Nord (Pas-de-Calais et Somme compris, Michel est d’ailleurs né à Amiens), sans aucun autre lien qu’une déformation de Cathy, l’un des diminutifs de Catherine. Le ‘h’ d’origine grecque n’étant pas toujours indispensable (en tout cas noté), comme dans la version italienne Catarina, on trouve entre autres des Caterin, Catroux, Catet, Catey ou Cataud, tous avec éventuellement un redoublement du ’t’ central, ce qui ne change rien au son.

Les plus ‘équivoques’ de la famille sont les Cathoz (s?), originaires de Savoie ou Franche-Comté et sans doute très malheureux s’ils sont protestants, ainsi que les Catin, forme définitivement figée dans le langage courant pour qualifier certaines catherines (3) très particulières. D’autant que le sens originel de la-dite racine grecque (katharos) évoque la pureté, et même très concrètement d’abord la propreté: celle d’un vêtement (non taché), puis celle de l’eau (pure) ou celle du…miel (la limpidité).

L’affaire se gâte (comme souvent) quand le mot bascule dans le sens figuré, la pureté en question s’appliquant toujours à un vêtement (ou une personne) non souillé(e) mais cette fois spécifiquement par…les règles menstruelles; puis, sur un plan moral, au ‘soulagement de l’âme par la satisfaction d’un besoin’ (dixit Platon dans l’un de ses ‘Discours’).

De fait, dans un autre contexte, deviendront ‘kathares’ les fondamentalistes dits hérétiques du Moyen-Age qui prônaient une propreté morale grâce à une ‘religion habitée par la pure lumière’; ou encore, quelques siècles plus tard, dans un sens auquel les Grecs ne sont pas étrangers non plus, ceux qui ‘sont physiquement purs de toute infirmité’ (physique ou intellectuelle) afin de laisser la place à une race pure…

On est donc très loin de la convivialité et de la bonhommie tolérantes du cabaret parisien; et sans doute le sens de l’humour de Michou n’aurait-il pas refusé le surnom de ‘la Grande Catherine’. Y compris étymologiquement!

(1) cf. la féminisation de l’expression citée précédemment.

(2) Bon, Michel Catty, ça ne sonnait pas mal non plus comme nom de scène, mais, c’est sûr, infiniment moins ‘provoc’ et showbiz que Michou!

(3) Taper le prénom dans le champ de recherche pour voir l’article de la « Série Bizarre’ et découvrir l’histoire de ce qualificatif (d’où la minuscule et le pluriel)


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