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Moustaki (Georges)

joseph le moustachu nous a quittés. Oui, Joseph, et non pas Georges, car il est bien né (en Egypte) Giuseppe Mustacchi, nom de baptême et orthographe à l’italienne mais de descendance grecque, d’où ce ‘Georges’ tout à fait agricole, suivi d’un ‘Moustaki’ qui ne laisse que peu de doute sur l’étymologie de son patronyme: il n’y avait qu’à regarder son visage pour comprendre. Malgré tout, l’un et l’autre des éléments de son état-civil méritent qu’on s’y attarde un peu plus clairement.

Ce prénom Georges (et non pas George, comme l’écrit le Journal Télévisé), si classiquement ‘français’ au début du 20è siècle grâce entre autres à un certain Brassens qui inspirera Moustaki, est en fait typiquement grec, comme l’a représenté un certain Guétary, à l’accent sans équivoque. Le mot se compose de deux éléments (gê + orgios) et vient d’un adjectif puis d’un nom commun qui a un rapport avec la terre, qui se dit ‘gê’ (prononcer guê) à Athènes. C’est cette syllabe que l’on va retrouver dans tous les mots en rapport avec notre planète, puis son sol proprement dit, de la ‘pangée’ (l’ensemble des terres émergées avant séparation des continents) jusqu’à l’étude de ces continents, la gé-o-graphie.

La seconde partie (orgios) évoque un travail -pas une orgie-, ce qui fait donc du ‘géorgios’ celui qui travaille la terre, autant dire le laboureur ou le paysan, selon l’activité et les prérogatives que vous lui donnez…Il n’y pas de correspondant direct en français (sauf un hypothétique prénom: Terrien!); nous avons donc adopté le cultivateur grec en l’adaptant à notre langue, d’où ce Georges, dont l’un des plus célèbres sera fidèle à l’étymologie de son nom, le ‘bisé’ ou ‘bizé’, autrement dit celui qui a la peau mate comme le pain-bis. Avoir le teint tanné pour un agriculteur et composer Carmen, çà tombe bien quand on s’appelle Georges Bizet, non?

Lequel portait forcément la barbe et la moustache, un peu moins broussailleuse que notre chanteur, mais à peine. Car, forcément, Moustaki vient du mot grec ‘mustaki’, dont la première forme ‘mustax’ désignait, dans les îles de la mer Egée, la lèvre supérieure, puis, logiquement, ce qu’il pouvait y avoir dessus. En dehors des périodes de banquet plus ou moins nets en l’absence de serviettes en papier à l’époque, nos grecs portaient volontiers la moustache, à condition de l’associer à la barbe, symbole de sagesse et de longévité. La ‘mustax’ concernait donc la lèvre supérieure, puis l’espace entre la base du nez et la lèvre, puis ce qu’il pouvait y pousser.

Ce qui éloigne, de fait tous les Moustier ou Moutier de consonnance française, lesquels ont un rapport avec le latin ‘monasterium’, qui ne peut pas désigner autre chose qu’un monastère, même si, dans un premier temps, on ne fait pas le rapport immédiat. En fait, ‘monasterium’ a subi une contraction linguistique, passant de ‘mousterium’ à ‘moustier’! C’est ce qui est arrivé à une petite commune des Landes (entre autres), où se trouvaient deux monastères, sur la route de Compostelle. Ce ‘monasterium’-là s’est lui aussi tranformé en Moustier, puis Moustey, à la mode gasconne.

Pas de lien non plus entre Moustaki et Moustard (également de souche française), lequel a évidemment un rapport, comme les Moutard, avec un ancêtre vendeur ou producteur de moutarde. Sauf à considérer que, quand la moutarde vous monte au nez, elle passe forcément tout près de la moustache…

En tout cas, nos ancêtres grecs avaient raison: la moustache toute seule, çà risque de devenir…barbant. Quelques grosses moustaches célèbres ont été portées par des gens nommés Staline, Saddam Hussein ou Hitler…Sauf à avoir une forme et une fonction ironiques (Salvador Dali) ou carrément ridicule -mais postiche!- (Charlie Chaplin), la moustache n’est appréciée, dans certains métiers, que comme symbole d’ancienneté: un jeune pilote préfèrera toujours voler avec un ‘moustachu’ (chevronné), en évitant, s’il fait de la boxe, de se retrouver ‘les moustaches en croix’, c’est à dire au tapis.

Mais le mot qui immortalisera le mieux le chanteur n’est pas la moustache mais ‘Le Métèque’, dont il a chanté une (sa) gueule qui l’a révélé au grand-public des années 70. Ce métèque-là, qui a pris parfois un sens assez péjoratif voire xénophobe dans le vocabulaire actuel, était au contraire un qualificatif recherché et respecté à Athènes (époque Périclès, pas Papandréou):
Etymologiquement, le mot veut dire: (sous-entendu) celui qui vient vivre « avec-nous » (meta-oikos, puis métèke, et métèque). Il était donc question des étrangers qui avaient acquis le droit (souvent payant) de s’installer dans la ville et de participer à la démocratie locale. De fait, ils n’étaient plus étrangers, puisqu’ils habitaient ‘chez nous’, et que, progressivement, ils en adoptaient la culture. Autrement dit, un métèque, c’est l’exemple-type d’une intégration réussie (et non pas le contraire!). Voilà qui explique peut-être comment Georges le moustachu a si bien réussi à s’installer dans notre patrimoine musical…


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