Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Pastore (Javier)

L’homme de la semaine ne sort pas d’un Conseil des Ministres mais d’un éclair de génie sportif; le footballeur argentin a soulevé les foules lors du match contre Chelsea, faisant hurler (de plaisir) tous les commentateurs (surtout de radio) et braire quelques autres. Or,avant d’affoler les compteurs des panneaux de score, cet homme avait battu un autre record, celui du transfert le plus cher de la Ligue 1 de football (43 millions d’euros) (1). On sait donc maintenant que « El Flaco » (« le maigre »: il est plus grand que son poids de corps théorique) peut conduire ses brebis à la victoire, mais, d’un point de vue étymologique, le mot est intéressant.

En effet, la chose est transparente: vous vous doutez bien que Pastore est la version d’abord italienne puis plus largement méditerranéenne du mot latin « pastor », qui désigne en français un pasteur. En Italie comme en France, le latin a créé une importante famille de patronymes qui évoquent ce métier de berger, comme les Pastor (comme le chanteur Thierry), les Pastol (plutôt du côté de la Bretagne), les Pastori (pluriel italien) et ses diminutifs, Pastorini ou Pastorelli. Côté français, les diminutifs sont Pastoul, Pastourel, Pastoureau, bref, tout cela tourne autour de l’idée du…pâtre (terme directement adapté du latin: il suffit donner au « s » de pasteur sa forme d’accent circonflexe sur le « a », très normalement).

Notons ici que, en plus du sens proprement…pastoral du terme, le mot et son objet ont été pleinement transférés dans le sens figuré; de fait, le (Bon) Pasteur évoque forcément celui qui guide ses brebis (reportez-vous à votre missel préféré), le Guide prenant alors un caractère divin à défaut d’être suprême, et ceux qui le suivent étant représentés par les fidèles de son église. Le terme est à l’origine davantage systématique dans la tradition protestante que catholique; par ailleurs, la parole (ou la période) portée par le pasteur (religieux) sera nommée, logiquement, une…pastorale.

Petite anecdote au passage, pour rester dans ce contexte ovin. Notre langue aura exploité jusqu’au bout le fil de laine étymologique; en effet, ce mot d’« ovin » justement va servir à construire le nom commun qui désigne les brebis-fidèles du pasteur-prêtre: « ovin » étant très normalement noté « ouin » en ancien-français (les romains, déjà, ne faisaient pas distinction entre le v et le u), on va garder cette courte racine « ov/ou- », et coller à ce mot un suffixe servant à désigner un groupe de choses (ou de personnes, en l’occurrence), qui est « -aille » (marmaille, mitraille, piétaille, valetaille, etc.). On se retrouve donc avec le terme « ou-aille(s) », déformation de « ovins », les ouailles étant bien le groupe de ceux qui vont à l’office écouter -et parfois suivre- le pâtre/pasteur!

On ne peut pas terminer cette chronique sur les Pastore sans parler du patronyme français d’un célèbre inventeur de vaccin, un certain…Edward Jenner, médecin anglais qui pratique le 14 mai 1796 la première inoculation par scarification de la peau pour traiter la variole, soit quasiment 90 ans avant Louis Pasteur! En effet, ce dernier n’a fait que théoriser puis développer une idée déjà mise en pratique avec audace en Angleterre puis aux Amériques bien avant lui, le Dr Benjamin Waterhouse allant même jusqu’à oser vacciner le président Thomas Jefferson en 1880, cinq ans avant que notre microbiologiste national ne griffe l’épaule du petit Joseph Meister, n’inventant alors « que » le vaccin contre la rage.

Cela ne diminue en rien évidemment le mérite du dolois (sans circonflexe, svp!) mais nous, français, sommes si contents quand nous pouvons suivre une même idée comme des moutons, surtout derrière un tel…Pasteur.

(1) Rappelons à l’occasion que la loi française interdit les négociations financières sur les humains ou la perception d’une somme en échange d’un service exigé d’une personne. Etymologiquement, cela s’appelle, dans un cas, de l’esclavage; dans l’autre, de la prostitution. En football, on dit ‘mercato’, mais ceci est sans doute une autre histoire…


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.