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Petronin (Sophie)

…avant, sans doute, de l’oublier à nouveau, sauf accident futur. La pétulante ‘travailleuse humanitaire’ franco-suisse retenue au Mali pendant plusieurs années (sans trop d’intérêt médiatique alors) a en effet immédiatement exprimé son souhait de revenir un jour à Bamako (au moins). Risqué, mais généreux; alors, on ne va pas lui jeter la pierre pour autant, sauf…étymologiquement!

Petit exercice facile et à peine nécessaire si vous suivez les articles de ce blog depuis quelque temps, le patronyme Petronin (1) est construit en effet sur la même pierre que le premier pape, un (saint) Pierre sur lequel Jésus a dit bâtir son église (jeu de mots totalement impossible en araméen, la véritable langue du Christ, mais c’est une autre histoire).

Bref, c’est bien le grec ‘petros’, très commun nom du caillou ou, si vous avez la folie des grandeurs, le rocher, voire la montagne, qui a donné le latin ‘petrus’, futur célèbre nom d’un ‘Château’ viticole de St-Emilion (2) qui doit son nom (et son prix) au dessin des clés (de devinez qui?) sur l’étiquette de la bouteille. Les portes du paradis, quoi!

Ce très romain Petrus, prénom autrefois aussi commun dans les rues autour du Colisée que notre Pierre, Paul, Jacques ou Jean, va donc avoir une carrière (de pierres) très abondante, à commencer par l’auteur (supposément contemporain de César, Jules) du roman longtemps dit décadent, le ‘Satyricon’. 

L’orthographe originelle de la racine latine va subsister – surtout dans les langues romanes donc plutôt autour du Bassin Méditerranéen – pour composer des Petri, Pietri (Julie), Pietro (évidemment), Petrini (3) puis Petronin, voire Petronini dans l’Italie contemporaine; il semblerait que Petronin soit spécifiquement dédié à un ou plusieurs saints éponymes du 5ème siècle, sous la protection du(des)quel(s) le Moyen-Age plaçait fréquemment ses enfants…

On reste quasiment…pétrifié (= transformé en pierre) par l’abondance des versions qui vont, par la suite, laisser des petits cailloux dans toutes les langues d’Europe: tout près des Pietro, avec un simple ajout guttural (t>d), on trouve le Pedro espagnol, mais aussi le Petrov russe, le Petrovic serbe (et associés), le Petruschka hongrois (idem), le Petrucci italien (comme Danilo, champion moto 2020) et même, au bout du clavier, le Petrucciani (comme le pianiste Michel), sans oublier le diminutif Petrolini (le petit-Pierre) qui porte presque le nom de la ‘pierre qui donne de l’huile’, le…pétrole (petr-oleum)! 

Puis, avec l’adjonction d’un ‘i’, les peuples (plutôt du Nord, cette fois) ont fait des Piotr, Piete ou Piatra, tout comme le français Pierre suivi du diminutif Pierrot et des régionaux Pierrat, Pierron et Pierret (4). Enfin, si vous faites partie des historiens des religions, vous connaissez bien sûr l’adjectif ’petrinien’, qui qualifie tout ce qui se rapporte à St-Pierre…que l’on appelle Peter à Londres!

J’ai gardé à part la fille de la romaine Petronia (Pierrette), logiquement appelée du diminutif de Petronilla, une Pétronille devenue célèbre – dans un premier temps – et sainte en tant que vierge martyre (très tendance, au début du christianisme) morte ‘naturellement’ par auto-suggestion pour éviter se marier; malheureusement (?), en 1907, l’humoriste et chanteur de cabaret Dranem va populariser dans les faubourgs de Paris une histoire de purge odorante pratiquée par une pauvre fille ‘qui sent la menthe’, rengaine reprise dans les années 1970 par le groupe Les Charlots qui vont ‘entortiller Pétronille dans du papier (toilette) mâché’. No comment.

Il semble d’ailleurs que Pétronille était pauvre fille depuis le 12ème siècle, à cause d’une lettre dans laquelle un noble de Picardie déplorait le caractère acariâtre de sa femme, complainte reprise dans plusieurs rengaines au fil des siècles suivants; à cette époque, elle s’appelait plus précisément Perronnelle (autre forme voisine), prénom ‘propre’ qui va devenir commun, voire vulgaire, au 17ème siècle pour qualifier une femme bavarde et un peu bébête.

Du coup, grâce à un Molière qui s’en moquera à loisir, cette ‘péronnelle’ (qu’il écrivait, lui, ‘pironnelle’) va entrainer la création du verbe ‘pérorer’, soit, littéralement, ouvrir la bouche (-ore) comme Pér(onnelle), autant dire à tort et à travers. Ce qui, de fait, tombe bien mal pour évoquer l’enthousiasme et l’engagement de Sophie Petronin. Sauf, pourtant, étymologiquement!

  1. Ne confondons pas: ‘patronyme’ vient de ‘père’ (pater, en latin); alors que Petronin vient de pierre (petros, en grec) 
  2. En fait, on devrait dire ‘Domaine’, il n’y a pas de château; pas plus que ‘St-Emilion’ mais Pomerol, vignoble voisin.
  3. Et même avec une une ‘agglutination’ de l’article, comme pour Depétrini (Anne, ex-animatrice de télévision).
  4. Plus, bien sûr, Perret, comme le chanteur…Pierre, un pléonasme donc.

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