Peyron (Loïc) / Verne (Jules)
Honneur à l’homme qui vient de marquer d’une…pierre blanche le record du Tour du Monde à la voile avec un équipage, à bord d’un avion des mers qui nous permet de faire de cette pierre trois coups, en rappelant brièvement l’étymologie de Peyron, de ce bateau, et de celui qui ne pensait déjà pas que l’on pouvait boucler le globe terrestre en 80 jours, Mr Jules Verne.
Les Peyron viennent de la région Loire, au sens large, ce qui nous permet d’aller de Chinon à Grenoble (!) en passant par St-Etienne évidemment; il s’agit comme vous vous en doutez d’une variante de Peyre, terme patoisant largement répandu avant d’être ‘raboté’ en pierre tout simplement. Peyron est un diminutif (le fils de Peyre) ou parfois un locatif (l’homme de la pierre, celui qui vit près d’un rocher), donc ‘petit’ peut s’appliquer aussi bien à la personne qu’au lieu, ce qui n’est pas pareil…Il existe même un diminutif de diminutif, sous la forme Peyronnet (rien à voir avec l’os de la jambe), où peyr-on-net cumule deux suffixes.
On ne peut pas citer tous les ‘pierre’ disséminés en France, j’ai donc retenu ici uniquement quelques Peyre/Pierre célèbres, dont Perrot (comme Vincent, l’animateur), Perroud, Perrin (Jacques, l’acteur), Perrault (Charles, l’écrivain), Perrat ou Perillat (Guy, le skieur), etc. Tous ces patronymes se conjuguent à l’identique avec la racine ‘pey’, pour donner Peyrot, Peyrat, et même Peyrol / Pérol, qui désigne toujours en occitan un lieux…pierreux, que l’on a, il est vrai, davantage de chances de trouver en Rouergue ou dans les Cévennes.
Le bateau commandé (parce que barré, ils devaient être plusieurs) par le frère de Stéphane et Bruno (quelle famille) est donc un trimaran, dont le nom n’est pas aussi évident qu’on le pense, sauf si vous êtes un fana de voile. Trimaran, mot ‘barbare’ (barbarisme) qui fut plusieurs fois refusé par les linguistes, a été créé juste avant les années 1950 sur le modèle de ‘catamaran’; du coup, nous sommes beaucoup à penser que catamaran désigne un bateau à quatre flotteurs, trimaran devant dès lors celui qui en a trois (cata-maran = quatre, tri-maran = trois), logique.
Seulement voilà, ‘cata’ ne veur pas dire quatre du tout! (la preuve, c’est que ce type de bateau repose -sur l’eau- sur deux coques seulement). En fait, catamaran vient du vocabulaire…tamoul (sud de l’Inde!), d’après deux racines qui dont ‘kata’, le lien + ‘maram’, le bois. Le mot désignait les embarcations locales découvertes par un aventurier anglais qui naviguait dans le golfe du Bengale à la fin du 17è siècle; le ‘lien’ en question désigne bien les attaches entre deux coques symétriques…Or, on en a tiré (abusivement, par effet de phonétique) le terme trimaran (d’où la critique linguistique) pour désigner trois corps flottants, sans compter qu’il existe bel et bien des…quadrimarans, qui sont des navires à moteur cette fois, avec quatre coques.
Aucun flottement par contre sur l’étymologie de Jules, qu’on écrit souvent par erreur Vernes (par assimilation avec Jules sans doute); vous allez me dire, avec un ‘s’ ou pas, phonétiquement, cela revient au même, question étymologie, et vous aurez raison, puisque les Verne, Vernes, Vergne et Vernhes (écriture occitane), viennent du nom latin de l’aulne, cet arbre des endroits humides. Les Verne étaient donc originaires d’une région particulièrement fournie en aulnes, tout comme les Vernet (diminutif), les…Verneuil (comme Henri, pseudo du cinéaste turc d’origine arménienne Achod Malakian), les Vernier (comme Henri, l’acteur) ou Verniole(s) et donc Vergniole(s); sans compter tous les composés comme Lavergne, Delavergne, Delaverne, etc..Le plus inattendu est un Vernhes originaire du Rouergue, dont la naissance sera capitale pour l’avenir de…l’Argentine! Ce sera le sujet de la chronique suivante.
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