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Piccoli (Michel)

Grand acteur et petit nom, c’est ainsi qu’on pourrait résumer la carrière de ce comédien, le seul qui aura eu le privilège de commenter les fesses (et le reste) de Brigitte Bardot (« Le mépris » de J.L Godard). Aussi à l’aise dans la défroque d’un prêtre réfractaire recueillant la tête coupée de Marie-Antoinette (*) que comme vendeur de pianos romantique à Rochefort (*), le hasard a donné à ce fils de violoniste, né à Paris, un patronyme italien venu de…Suisse.

C’est peu de dire que le territoire helvète fédère un nombre inhabituel de langues officielles (et de dialectes) particulièrement influencées par la présence limitrophe de ses voisins, France, Allemagne, Autriche ou Italie. Or, l’une de ces régions d’expression italienne est le Tessin, plus proche de Milan que de Genève, y compris d’un point de vue linguistique.

L’arrière-arrière-arrière grand-père de Michel aurait quitté les environs de Bellizone (chef-lieu du canton) pour s’installer à Paris, important du même coup cet adjectif pluriel caractéristique des anciens membres de la famille: ils étaient petits. Parmi de nombreuses autres ‘techniques’, les détails physiques concernant la couleur des cheveux ou de la peau, la taille, les yeux ou les membres ont souvent servi à nos ancêtres pour désigner leurs contemporains.

C’est ainsi qu’une base phonétique ‘pik-‘, particulièrement répandue à l’origine sur les côtes adriatiques (côté serbe) et thyrrhéniennes (Sicile) va exprimer quelque chose de petit, d’où un ‘piccolo’ qualifiant aussi bien une petite flûte (d’orchestre) qu’un petit-vin (comprenez, une…piquette!). Et comme si ce mot n’était pas assez petit, on va même en faire des diminutifs (plus affectueux que dimensionnels) comme Piccolino et même Piccinatto (‘le ratatiné’).

Pour preuve que tous les peuples s’y sont mis, citons quelques cousins pas plus grands comme les Klein germaniques, les Little anglo-saxons, les Pequeno ibériques, les Miceu roumains et bien sûr les Petit ou Lepetit francophones, chacun ayant pris appui sur la racine qui lui convenait.

A l’opposé du centimètre, on trouvera des Longo et Longhi en Italie, des Lang (plus souvent Langmann) en Allemagne et zones frontalières, des Long en Angleterre ou aux Etats-Unis, des Alto en Espagne et au Portugal, et même des Bolchoï en Russie (oui, c’est l’origine du ‘Grand’ Opéra!), les gens en question étant d’ailleurs davantage élancés et minces que ‘barraqués’ (comme les Gross ou Grosz en Germanie).

Comme d’habitude, il ne faut pas oublier que tous ces surnoms ont traversé les siècles et les pays avant d’atterrir sur le papier couché d’un registre d’Etat-Civil; il se peut donc que votre M.Lepetit de voisin joue pivot (2 mètres environ) dans l’équipe de basket locale; et que Piccoli soit écrit en très grand au palmarès du cinéma français. Sauf étymologiquement bien sûr!

(*) « Marie-Antoinette, Reine de France » de Jean Delannoy (1956) / « Les Demoiselles… » de Jacques Demy (1967)


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