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Poivre d’Arvor (Patrick)

Cette chronique étant basée sur l’actualité, vous allez forcément voir passer ici des patronymes appartenant parfois à des rubriques moins nobles que la Science, l’Histoire ou la Politique. Nous sommes donc aujourd’hui dans la rubrique « peuple » comme on ne dit pas en français, avec le (mini) fait-divers du jour, qui concerne un homme condamné par la justice à verser des indemnités à son ex-compagne pour avoir publié (entre autres) sans son accord les lettres d’amour qu’elle lui envoyait.

Le débiteur indélicat s’appelle Poivre d’Arvor, et il nous intéresse donc sur un plan étymologique. La première chose à constater est que, malgré la noblesse de la consonance et la poétique redondance d’une allitération en demi-alexandrin de six pieds, (PaTrickPoiVreDarVor), il ne s’agit pas d’un nom « aristocrate » comme disait ma grand’mère, mais d’un nom tout platement dit de provenance. Enfin, plat mais déchiqueté, puisque les origines bretonnes du présentateur n’ont pu échapper à personne (ou personne n’a pu y échapper?).

En fait, tout comme les Giscard sont d’Estaing, c’est à dire propriétaires après acquisition d’un site auvergnat avec des «estaings » (des étangs), le Poivre est d’Arvor comme le sel est de Guérande, c’est à dire qu’il provient de l’arvor, mot breton qui qualifie la côte nord de l’Armorique. Car il s’agit bien du même mot! Arvor est formé de deux racines, « ar » qui veut dire à la fois devant et le long de quelque chose (une côte par exemple) + « vor », transformation (très technique, je simplifie) du mot « mor », qui signifie évidemment la mer. Conclusion: l’arvor, c’est, littéralement, « la côte qui longe la mer », on ne peut pas faire plus..ar-mor-ique que çà, y compris dans un département qui abandonna un jour le « détestable » concept de Côtes du « Nord » pour celui beaucoup plus ensoleillé de «Côtes d’Armor », surtout pour ceux qui n’entendent pas le breton.

Le patronyme est d’autant moins « noble » -mais pas moins beau pour autant- qu’il commence par Poivre. Parmi les façons très habituelles et ordinaires de surnommer leurs contemporains, nos ancêtres pratiquaient la métonymie, désignant par exemple une personne par un détail (physique ou vestimentaire), un artisan ou un ouvrier par son outil, et un commerçant par le produit qu’il vendait. Le Poivre est donc -au sens étymologique- un « épicier », un vendeur d’épices. Tout simplement, encore une fois.

Pas de quoi donc avoir honte de ses origines, d’autant que le poivre fut longtemps -comme le sel- une monnaie d’échange précieuse et appréciée. Jusque dans les notes qui composent une fragrance de parfum, tout ce qui est poivré est forcément piquant, moins commun que le salé, et plus subtil que le pimenté. Il n’y a qu’un seul mot dans la famille qui soit un peu encombrant, c’est le nom (commun) qui désigne les ivrognes; au 19è siècle, à cause du poivre qui entrait en composition dans certains alcools, on les a surnommés les « poivrots ». Ce qui ne saurait concerner en aucun cas les buveurs de cidre de Perros-Guirrec ou de St Brieuc.

Dernière remarque, largement significative des « règles » (en tous cas des phénomènes) linguistiques: La phonétique, c’est comme dans la vie, quand c’est trop long, on abrège, on coupe, on raccourcit. On ne change pas de chaine sur la télévision, on zappe la télé. On ne se fatigue pas à articuler six syllabes, on résume en PPDA. CQFD.


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