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Richard (Stéphane)

Beaucoup de questions au sujet du (futur ex-?) pdg d’Orange, impliqué dans ‘la bande organisée’ de l’affaire qui opposa Bernard Tapie au Crédit Lyonnais. Qui veut toucher aux millions? Dans l’attente (à ce jour) de l’éclaircissement général, Stéphane Richard, après avoir lui-même mis en cause le liquidateur de la banque Jean-François Rocchi, est à son tour mis en examen. Et si nous nous intéressions à l’étymologie (uniquement, bien sûr!) de ces deux noms, dont le sens profond va, encore une fois, réserver bien des surprises sur lesquelles il serait facile de plaisanter…’Richard’ semble tout à fait facile à comprendre, et pourtant l’origine du mot n’a rien à voir avec la richesse; ‘Rocchi’ est encore plus inattendu.

En fait, les Richard ne sont pas riches, sauf avec une minuscule. Dans ce cas, être richard devient une sorte d’insulte, en raison de la terminaison ‘-ard’, très souvent péjorative. Quand un riche parle de lui-même, il est riche (et encore, jamais assez); quand un pauvre (ou un jaloux) parle d’un richard, c’est pour lui reprocher sa fortune ou, le plus souvent, l’utilisation dispendieuse qu’il en fait, avec, comme arrière-pensée inconsciente, la condamnation de son comportement ou de son statut privilégié. Car ce patronyme vient d’une racine germanique qui n’a rien à voir avec l’argent mais avec la puissance. ‘Ric-‘ est en effet à l’origine d’une immense famille de variantes qui s’appuient sur un ancêtre qui avait du pouvoir, tout simplement.

On voit rapidement la ‘dérive’ de sens très facile qui a eu lieu au fil des siècles: quand on a du pouvoir, on s’enrichit forcément, il n’y a qu’à demander beaucoup de personnalités politiques du moment pour s’en persuader. Sans parler des ‘patrons du CAC 40’, régulièrement mis à l’index pour quelques broutilles de millions glanés çà et là en jetons de présence. On passe donc facilement de la définition initiale de ‘puissant’ à celle de ‘riche’, et voilà pourquoi, cinq à six siècles après sa création, le Richard est plutôt le surnom de quelqu’un aux poches bien remplies (à l’époque, pas encore de comptes numérotés à Genève). Sans compter -si j’ose dire- qu’ici, le ‘ric-‘ est renforcé par l’adjectif ‘-hard’, qui signifie comme toujours dur, fort, ou…puissant, ce qui nous fait un pléonasme quasi-inattaquable!

Et des puissants-riches, il va y en avoir dans tous les coins de l’Europe, avec toutes les variations possibles: Richard, Ricard (un seul, sinon rien), Rickart, Richert, Reichard, Reichert, et même Richer, Richier, Richari (avec une petite connotation guerrière supplémentaire). Les germains garderont un Reichmann (l’homme puissant, qu’on va retrouver chez nous sous la forme…Leriche), et les anglais auront droit à leurs Ritchie ou Richy, directement repris sur le plus traditionnel ‘fils du riche’, le Richardson…Tous ces noms ont leur ‘jumeau’ habituel dans notre langue sous une forme en général ‘sudiste’ sans le ‘h’, ce qui nous donne tous les Ricard, Ricquard, ou Riquier, par exemple.

A une lettre près, on pourrait croire que l’histoire est la même pour les Rocchi, sauf qu’en l’occurrence le ‘o’ a son importance puisqu’il renvoie cette fois à…roch, ce qui n’a rien à voir avec un rocher. Il s’agit en effet d’une variante (ici italienne, évidemment) du patronyme Roch, comme le saint provençal éponyme, l’homme qui a guéri de la peste en faisant lécher ses lésions par son chien (on demande à connaître la race…). Toujours est-il que ce Roch a donné une foule de nom en italien principalement, dont les Roccio, Roccelli, Roccetti, Rocchini, et ce Rocchi également écrit Rocci, lui-même très voisin de Rocco (comme Siffredi, qui eût mérité de s’appeler Richard?).

La pirouette finale fait malheureusement que ce ‘roc’ ne vient pas d’une pierre mais d’une (autre) racine germanique, qui est ‘hruk’, transformée en ‘hrocho’ puis ‘rocco’ au fil du temps. Le mot désigne une…corneille, oiseau au cri désagréable et au bec en forme de corne (d’où son nom), cousine du noir corbeau que la mythologie et les traditions classent dans la liste des animaux créés par le diable, et donc forcément de mauvais augure. L’étymologie n’est-elle pas riche et puissante?


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