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Stravius / Lacourt

Ils sont tous les deux champions de natation, dans le même bain, dans le même temps, et, à leur niveau mondial, ils font forcément partie de la cour des grands, manifestement sans aucune jalousie l’un envers l’autre…Voilà une entrée en matière suffisamment tarabiscotée pour vous laisser entrevoir qu’il y a là-dedans tous les éléments de réponse étymologique qui concernent nos deux magnifiques vainqueurs synchrones du 100 mètres-dos aux Championnats de Shanghaï.

Les dictionnaires restent en général assez évasifs sur l’étymologie du patronyme de Jérémy, Stravius, nom (tout à fait français, contrairement à ce que croient certains) dont la souche se situe en Picardie (çà tombe bien, notre nageur est originaire de la Somme), mais dont on trouve aussi une branche importante en Moselle.

Il n’empêche: l’adjectif stravius existait bel et bien en latin, avec le sens de « envieux, jaloux » (d’où cette délicate introduction) dans un sens figuré; plus fort encore, le mot existait au sens propre, pour exprimer quelque chose qui n’allait pas droit, en l’occurrence le regard de quelqu’un, d’où le mot…strabisme, pour ne pas dire louche, ce qu’est forcément quelqu’un d’envieux, et la boucle est bouclée! (un loucheur qui est louche, c’est doublement louche non?)

Petite note supplémentaire: Incroyable mais vrai, Stravius, d’un strict point de vue étymologique, a pu être, à une certaine époque, la forme contractée de…stradivarius, mot dont l’un des descendants (italiens) fera le symbole de l’excellence musicale (beaucoup plus tard que les ancêtres de Jérémy, au 19è siècle). En fait donc, le Stradivius/Stradivarius (forme allongée) a la même racine que « stravius »!
Tant qu’on est dans le classique, et pour les amateurs d’opéras, j’attire votre attention sur le fait que l’oeuvre de Verdi « la Traviata » a la même étymologie : il s’agit en effet, au sens premier, de l’histoire d’une fille (Violetta) qu’on fait passer pour une cocotte neurasthénique, alors qu’en fait il s’agit, étymologiquement, d’une « straviata » (formée sur stravius!), c’est à dire quelqu’un qui défie l’ordre établi et la société, qui « va de traviata ». Bref, quelqu’un de louche pour ses comtemporains!

Changeons de ligne d’eau pour nous occuper de Mr Lacourt, qui fait antichambre depuis quelques paragraphes, et pour cause: le patronyme de celui qui fait désormais partie du « Cercle des Nageurs concurrents disparus » emprunte son origine à un mot de latin, puis d’ancien-français, qui est « curtis » (oui, comme Tony, par ailleurs d’ascendance française, d’où le nom).

Pour un romain, le « curtis » est un jardin; c’est ce qui va nous donner, quelques siècles plus tard le terme « courtil » (et le nom de l’insecte-des-jardins qui hante les cauchemars des jardiniers, la courtil-lière). Même origine pour les noms de lieux innombrables tels Les Courtils, la Courtille, voire même Courty.

Or, au fil du temps, le jardin, qu’on définit forcément autour de la maison (attention: ne pas confondre avec le potager!), va être de moins en moins en ville et de plus en plus à la campagne; il change du coup de dimension, et devient alors le terme « générique » qui désigne tous les espaces autour de la maison, plantés ou pas. Et, forcément, cela devient un jour la…cour(t), tout simplement. (Là, c’était pour vous la faire court).

Ainsi naissent les patronymes comme Lacourt, Lacour, Lacourte même parfois, mot très souvent en combinaison avec un autre nom, le tout servant à désigner le propriétaire d’une maison ayant une cour particulière, produit particulièrement demandé à une époque, comme dirait actuellement un agent immobilier.

Il a une cour intéressante, et qui fait partie de la même famille étymologique, c’est la…Cour majuscule, autant dire l’espace dans lequel patientaient les…court-isans avant l’audience royale, le mot finissant par désigner non plus le lieu d’attente mais l’ensemble des gens qui attendaient, bref, la Cour.

En tous cas, voilà pour nos deux français une position royale dans les bassins. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas leur reprocher d’être allés « de travers », ni trop les féliciter d’avoir louché sur ce podium, dans une ville idéalement située pour nos deux nageurs, puisqu’en chinois, Shang-haï signifie (la ville) « qui est au-dessus de l’eau »!


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