Theuriau (Mélissa)

Petite respiration avant les primaires à la rose, avec une page de carnet (rose): Mme Jamel Debbouze, la journaliste et présentatrice Mélissa Theuriau est maman pour la seconde fois, et l’étymologie de son patronyme, assez énigmatique au premier abord, concerne en fait des milliers de personnes qui portent en fait (presque) le même nom, jusqu’à une (autre) très célébre star mondiale.

Petit indice (à garder en mémoire pour une prochaine fois), la belle Mélissa n’est pas une métisse d’Ibiza mais une native de Grenoble, ce qui explique en partie l’orthographe de Theuriau…Visuellement, le mot n’évoque pas grand’chose sans doute, sauf les deux (voire trois) premières lettres, qui représentent la racine. Alors, comme souvent, faisons appel à la phonétique, et tentons d’écrire ce même terme sous toutes les orthographes possibles, vous allez voir, c’est un jeu d’enfant.

Theuriau, Theuriaud, Theuriot, ce sont déjà des premiers indices, tout à fait réels d’ailleurs puisque ces noms existent. Attardons nous sur le dernier, Theuriot, qui représente un diminutif facilement ‘détectable’ avec sa terminaison ‘-ot’…On peut imaginer qu’il existe un autre diminutif (et c’est aussi le cas) en ‘-et’, et l’on arrive donc à une forme Theuriet. Or, si diminutif(s) il y a, c’est qu’on trouve la version simple du mot, qui est effectivement…Theury. Est-ce que cette fois, visuellement, ce mot ne vous dit rien? Un prénom, par exemple?

Il s’agit bien sûr de Thierry, dont tous les patronymes ci-dessus sont des variantes. Il est facile alors de retrouver les deux racines germaniques qui forment Thierry (& compagnie): theot + ric, à savoir le peuple + puissant (et non pas riche). ‘Theotric’ s’est répandu en Europe de l’Ouest entre les 5è et 10è siècles, avec des variations phonétiques dont l’une est devenue, chez nous, Thierry, Theuriau étant donc un ‘petit nom régional’.

Et notre star, alors (à part Mélissa)? Eh bien reprenons les deux racines: ‘theot’, en Germanie (puis Allemagne) va devenir un peu plus guttural et se transformer en ‘Dheot’ puis ‘Dhiet’ et ‘Diet’ (rien à voir avec le régime). Quant à la seconde racine, ‘ric’, elle va cette fois…s’enrichir d’un ‘h’ final pour faire ‘rich’…Vous avez deviné, Diet+rich va devenir le nom (de scène) de Maria-Magdalena Von Losch (nom de son beau-père), plus connue comme Marlène Dietrich. Même origine et même histoire étymologique pour la dynastie strasbourgeoise d’une famille qui fabrique depuis plus de quatre siècles des cuisinières -entre autres- les De Dietrich évidemment.

En conclusion, on ne peut passer à côté d’un prénom aussi évocateur que poétique: Mélissa est un mot purement grec et désigne dans cette langue une abeille. Rien à voir avec Maya, il s’agissait d’une des filles du roi de Crête, Mélissos. Surnommée logiquement comme son géniteur, la jeune fille fut, dit-on, la nounou de Zeus (rien que çà), qu’elle nourrit avec du miel…Or, le miel, çà se dit en grec ‘mélas’, ce qui a donné bien sûr mélasse en français, c’est à dire à l’origine un épais produit composé essentiellement de sucre (de miel). D’où l’assimilation des deux mots, l’un et l’autre servant dès lors à désigner des gens à la couleur de cheveux ‘noire comme le miel’, bien avant qu’il soit filtré et épuré pour le mettre en bocaux de verre transparent. D’ailleurs, le prénom directement issu de ‘mélas’ n’est pas Mélissa mais Mélanie . Mélanie ou Mélissa Theuriau, c’est donc « la fille aux cheveux noirs venue d’un peuple puissant »; on peut difficilement faire plus poétique…

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