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Thielemans (Toots)

Ce fut ‘le roi du monde de l’harmonica’, l’homme qui a joué pour et avec les plus grands noms du jazz, un musicien belge que ses partenaires ont eu la bonne idée de surnommer ‘Toots’, sinon vous auriez dû l’appeler Jean-Baptiste Frédéric Isidore, moins facile à caser sur une pochette de disque, sans compter la mention du titre de ‘baron’, accordée par le roi Albert lui-même. Vraiment, un homme du monde, ce Thielemans, y compris étymologiquement!

Comme l’indique assez facilement son orthographe, le mot est d’origine flamande et se compose de deux parties: ‘thiele-‘ et ‘-mans’; la seconde, sous la forme man (en anglais), mans (en néerlandais), ou mann (en allemand) est clairement l’indication d’une personne (l’homme); la première est une variante de l’ancienne racine germanique ‘theot’, qui signifie le peuple…

Avant d’être ‘affaiblie’ par la combinaison avec une autre racine (le ‘t’ final de theot passant à theol puis thel ou thiel), le même son va subsister dans le nom de celui qui fait partie du ‘peuple puissant’, le ‘theot-ric’, devenu…Thierry pour les oreilles françaises. Mieux encore: le même assemblage de syllabes va connaître un phénomène de gutturalisation qui va transformer cette fois les ‘t’ en ‘d’, ce qui donnera ‘deod-ric’ puis ‘died-ric’, et enfin…Dietrich dans la même zone germanique!

Le thielemans est donc l’homme du peuple, sans doute avec le sens contraire de ce qu’on comprend aujourd’hui (un homme ordinaire), le ‘peuple’ ainsi mentionné étant probablement très connu à l’époque et n’ayant pas besoin de précision, un peu comme s’il y avait une majuscule (à Peuple ou à Du)…On trouve évidemment une large famille autour de ce patronyme initial, avec des graphies (écritures) variables selon les régions: Thielemans donc, avec un ‘s’ ou pas, Tielman(s) ou Tieleman(n), sans oublier les Teleman(n) comme le musicien baroque allemand Georg Friedrich. Rajoutez-y les adaptations anglaise Tillman et française Thillement (!), et vous aurez à peu près toutes les formes possibles autour d’un même son.

Attention: pour une fois, un détail d’orthographe importe, il s’agit de la présence de ce ‘e’ au centre du mot, tout à fait indispensable pour éviter une équivoque avec une autre racine (c’est le cas de le dire) d’origine scandinave qui est ‘thil’, en français le til…leul. D’abord porté en Lorraine et en Moselle, le Thil ou Thilman va être francisé en Tilleul (rare) mais surtout Dutilleul, Duthilleul, Duthilleux ou encore Duthil. A-priori, rien à voir donc avec les Thielemans, sauf ‘erreur’ d’état-civil (plus rare qu’on ne le dit souvent), mais, que voulez-vous, il faut de Toots pour faire un monde.

Justement, ce curieux sobriquet, jugé -à raison- plus ‘swing’ pour la carrière de Jean-Baptiste, est en fait un hommage à d’autres musiciens (américains) en haut de l’affiche quand notre harmoniciste se produisait avec son premier groupe, Toots Mondello et Toots Camarata, respectivement saxophoniste et trompettiste de jazz dans les années 1930…Quant à savoir pourquoi eux-mêmes portaient ce nom, on pense (au moins pour Camarata) qu’il s’agit d’une adaptation locale de ‘Tutti’, reliquat d’une abréviation de n’importe quel prénom d’origine italienne (Alberto, Roberto, etc).

Bizarre, l’opération? Pas tant que ça: souvenez-vous de ce film où Dustin Hoffman jouait une nounou du nom de ‘Tootsie’, contraction affectueuse de Doro-thy/Doro-toots. A moins que ce ne soit à cause de ses grands pieds (en argot, tootsie peut désigner ‘toes’, les orteils). Mais Jean-Baptiste, lui, avait plutôt de grandes mains. Et un grand talent.


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