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Tirole (Jean)

Le Prix Nobel d’Economie de l’année est français, et on s’étonne de ne pas l’avoir consulté plus souvent (en tout cas, officiellement); les récentes déclarations du professeur Tirole sur le système suédois ou allemand seront-elles le cheval de Troyes (il est né dans l’Aube) qui lui permettront d’entrer dans les réunions ministérielles? Toujours est-il qu’un tel patronyme prédispose à mettre les points sur les ‘i’, ou plutôt à aligner les tirets, tout en essayant de ne pas faire de noeuds, et pour cause.

Difficile de tirer sur le bon fil avec les Tirole, dont la souche géographique s’étend sur plusieurs départements de l’Est, du nord (en Moselle) jusqu’au sud (dans les Alpes ou les Bouches-du-Rhône) en passant par la région lyonnaise. Le tracé d’une éventuelle dissémination familiale a donc l’air d’être cohérent (en suivant la Saône, puis le Rhône), probablement à partir du foyer initial situé dans le Doubs (donc, un ‘glissement’ également possible vers l’Aube, toute proche).

Au fil des régions, le nom commun qui a donné naissance au nom propre semble s’être attaché à plusieurs objets; tous ont un rapport avec l’action de…tirer quelque chose, mais c’est comme en économie, difficile parfois d’en tirer des certitudes. Dans sa zone d’origine, on le comprend comme un filet de pêche à mailles serrées pour prendre des petits poissons, terme que l’on retrouve dans certains parlers provençaux. Les anciens expliquent que le mot vient du fait qu’il fallait tirer le filet de l’eau; d’autres disent qu’il fallait en tirer les mailles (c’est-à-dire les resserrer). Dans les plaines, la tirole s’apparente parfois au tirot, une pièce de la charrue qui permettait de réunir les bêtes de trait qui…tiraient le soc; mais les citations sur ce sens sont assez rares, et on ne va pas s’atteler à des détails.

Plus répandue était, au Moyen-Age, la tirole, forme de diminutif du tiret; mais rien à voir ici avec le signe de ponctuation, puisque le mot désigna, pendant presque trois siècles, un lacet de soie destiné à fermer les chaussures, découpé dans un tissu qui portait d’ailleurs le même nom. Par extension, les fabricants-découpeurs ont alors été surnommés les Tirel, Tirelet et Tirelot (formes contractées: Tirlet, Tirlot) ou encore les Tirol, Tirolle et Tirolet, par allusion à ces petits rubans que l’on…tirait pour serrer les oeillets. Or, cela fait belle heurette (*) que l’on ne porte plus de rubans sur les chaussures, même quand on habite Versailles, et la langue s’est vite lassée de ces lacets.

En tout cas, comme vous l’aurez constaté, on est loin des montagnes italo-autrichiennes (et non pas allemandes, comme on le croit parfois), car le Tyrol semble garder au fond des cavernes l’étymologie de son nom. A peine sait-on que Voltaire connaissait la tyrolienne, à la fois la danse traditionnelle et ce chant si caractéristique modulé avec la glotte (en serrant une tirole autour du cou?), mais aussi le chapeau (à plumes, en général), ou enfin le téléphérique humain qui consiste en une corde aménagée sur un dénivelé avec un mousqueton qui permet de glisser tout du long, à condition de garder l’équilibre. Un peu comme cette chronique, en tout cas étymologiquement.

(*) ou lurette, si vous préférez, mais c’est l’origine de l’expression: une petite heure (en fait, une très grosse, symboliquement!).


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