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Trézout (Hippolyte)

Ce qui est sûr, c’est que vous ne le connaissez pas (lui-même ne sait pas qui il est) et qu’à tout le moins il n’est pas breton, comme la consonance de son ‘surnom’ pourrait le laisser croire. De toute évidence, l’homme est d’origine asiatique, peut-être philippine, et s’il est intéressant d’en parler aujourd’hui, c’est qu’il incarne littéralement le parcours précis de la formation de certains patronymes. Ici, c’est même de la création intégrale…

Découvert par les policiers de Marseille en août 2017, l’homme semble totalement amnésique et les recherches les plus poussées pour reconstituer son identité on été vaines…A l’hôpital où il a été pris en charge le…13 août, on l’a presque automatiquement surnommé « Monsieur treize-août », autrement dit l’élément le plus caractéristique (et, du coup, le seul) qui permet de le distinguer à coup sûr.

Comme de nombreux autres exemples «d’enfants trouvés» (mais il ne faut pas généraliser) baptisés par les ordres caritatifs au fil de l’Histoire, depuis Monseigneur Vingt-Trois (1) jusqu’au classique ‘Fêt-Nat’ donné par des colons à quelques Africains ayant eu le malheur d’être nés un 14 juillet de calendrier. De la même façon, on s’oriente presque toujours vers une situation d’abandon d’enfant quand le patronyme est un nom de fleur, supposément accordé par des religieuses à un nouveau-né recueilli devant la porte du couvent.

Or, dans le cas qui nous intéresse, en l’absence de toute piste officielle et jusqu’à nouvel ordre, un juge de l’Etat-Civil va donc gratifier notre homme de l’identifiant (temporaire?) de ‘Hippolyte Trézout’, soit le nom du saint honoré le jour où on l’a trouvé, suivi d’un ‘phonème’ (un son) qui représente le numéro de ce jour mais transformé d’un point de vue sonore pour ne pas faire trop ‘fichier de police’…A condition de ne pas habiter le sud (le trèzoutte), la date devient donc le nom Trézout!

Donc, si on ne connait pas (l’histoire de) la personne, on peut tout à fait supposer une ascendance bretonne -par adoption sans doute, vu les yeux légèrement bridés du bonhomme- quelque chose comme un diminutif d’un ‘treiz’ (ou trez) qui concerne un gué, un passage sur ou dans de l’eau (éventuellement même un bac (2). D’autres y ont même vu une francisation de l’idée de plage (traezh), ce qui aurait risqué de laisser ‘Billy’ (autre surnom déjà donné par les soignants) sur le sable…

L’autre (et seul) ‘treiz’ que l’on connait en français vient du Sud-Ouest, principalement un Lot-et-Garonne foyer des Tréz..eguet comme l’International de football David, fils d’un Jorge argentin dont les ancêtres venaient…de Gascogne. En l’occurrence, cesTrez-aiguet (orthographe originelle) indique le lieu de résidence de l’aÏeul, une maison située ‘au-delà de l’eau’ soit ‘tres’ (plus loin, comme ultra) ‘aiguet’ (diminutif de aigua en gascon comme aqua, l’eau); on peut donc supposer la présence d’un petit ruisseau qu’il fallait franchir pour aller chez le bonhomme.

Quel sera l’avenir de notre philippin supposé dans l’Etat-civil français? Il lui faudra sûrement attendre que beaucoup d’eau coule sous les ponts avant retrouver sa mémoire, mais ce qui est sûr c’est qu’il a déjà beaucoup de chance: avoir été recueilli un 27 septembre eût été beaucoup plus difficile à gérer dans les registres, non? Au moins étymologiquement.

(1) voir la chronique qui lui est consacrée (2012) avec de nombreuses autres anecdotes.

(2) Mot breton directement issu -pour une fois- du latin ‘trajectus’, qui a donné un autre mot français que je n’ai pas besoin de préciser.


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