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Vahaamahina (Sébastien)

« Coup de coude, carton rouge et polémique »…Cela ressemble à un titre de comédie italienne des années 1950, mais c’est le résumé -en tout cas médiatique- que l’on retiendra de ce match de rugby de Coupe du Monde 2019 lors du quart-de-finale contre le Pays de Galles (1). L’homme qui a empêché l’équipe de France de finir à quinze (joueurs) ou à vingt-et-un (points) porte un nom d’origine -évidemment- polynésienne.

Mais ce n’est pas…’évident’, comme on dit à tort et à travers en français, pour des métropolitains qui ont de tous temps (2) qualifié les surnoms océaniens « d’exotiques », dès la presse du 19ème siècle! Aussi apparemment énigmatique que le prénom Vaimalama (3), ce ‘Vahaamahina’ est en fait très normalement inspiré, comme beaucoup de patronymes mondiaux, d’une caractéristique qui s’attache d’une façon ou d’une autre à l’ancêtre du rugbyman.

Disons tout d’abord que Sébastien, né à…Nouméa dans une importante communauté implantée en Nouvelle-Calédonie, n’est pourtant pas d’origine proprement tahitienne mais wallisienne. Vu de Romorantin (4), c’est peut-être un détail pour vous puisque Papeete et Mata Hutu, « c’est pareil, loin là-bas dans le Pacifique à l’est de l’Australie » (plus de 3000 kms d’écart entre les deux villes, une paille!), mais pour eux ça veut dire beaucoup car il ne faut pas se tromper dans la signification de chaque élément du mot.

Lequel est en fait composé de deux parties (vahaa-mahina) qui décrivent l’activité d’un arrière-grand-père (au moins) pêcheur. Or, de quoi avez-vous besoin pour aller chercher le poisson quand vous devez passer une, voire deux barrières de corail dans le mouvement des vagues? D’une ‘vahaa’ (une pirogue) qui-vous-emmène-au-loin-au-delà-de-l’horizon-de-la-mer (mahina).

Tout comme les Imragen de Mauritanie dans l’Océan Atlantique et tant d’autres peuples de tradition maritime, les Polynésiens ont donc adopté ce ‘nom de métier’ pour désigner l’activité de l’un des leurs; ajoutons qu’il s’agit bien là d’un surnom véritablement bien plus ‘flexible’ que nos états-civils métropolitains, et qu’il arrive régulièrement qu’au sein d’une même famille les individus d’une fratrie n’aient pas le même ‘patronyme’ en fonction de leur(s) qualités(s), tout comme cela se produisait encore fréquemment en Franche-Comté ou en Dordogne au 19ème siècle.

Ne reste donc plus qu’à oublier cette fâcheuse histoire de coude entré dans la mâchoire du Gallois et dans le vocabulaire français à la suite du latin ‘cubitus’ (oui, le copain du radius). Or, savez-vous qu’avant de qualifier l’angle du bras ou à une mesure de longueur (une coudée), le mot s’appliquait à une torsion de…tuyauterie, à un coin de rue, ou enfin à un ‘virage’ (symbolique) que pouvait prendre un Romain dans sa vie?

Voilà sans doute pourquoi notre deuxième-ligne a saisi l’opportunité d’infléchir sa carrière en choisissant d’annoncer sa retraite internationale. On espère que ce ne sera pas l’occasion de trop…lever le coude!

** Mille mercis à l’association polynésienne « Te Hei Matahi » de Salles (33770), et particulièrement à l’aide sympathique de Cindy et Aliki.

(1) voir aussi l’article précédent sur Guirado, le capitaine de l’équipe.

(2) = ‘A toutes les époques’. Légèrement différent de ‘tout temps’ (toujours).

(3) Voir l’article sur notre Miss de beauté 2018, Chavez!

(4) Au hasard. Je vous promets que je n’ai rien contre l’ex-commune du Loir-et-Cher.


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