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Wilkinson (Jonny)

Samedi, c’est jour de rugby…Mais, même si vous n’avez pas les oreilles tournées vers Auckland (Nouvelle-Zélande) pour les quarts de finale de la Coupe du Monde, il est intéressant de se pencher (avec prudence) sur l’un des ‘ouvreurs’ sélectionnés dans l’équipe anglaise, et qui est néanmoins un peu français puisqu’il joue (le reste du temps) au RC Toulon. Le blond britannique se nomme Jonny (sans ‘h’) Wilkinson, un mot dont nous allons tenter de mener l’analyse jusqu’à l’essai.

Simple petit rappel préliminaire au sujet de son prénom, Jonny et non pas Johnny. Pour ce dernier, il est bien entendu, quelle soit l’orthographe et quelle que soit la langue, qu’il s’agit d’un diminutif du prénom Jean, tout simplement. C’est ce que l’on appelle souvent un hypocoristique (d’autres exemples dans ces colonnes), c’est à dire une appellation généralement affectueuse, qui s’est appliquée dans un premier temps à un enfant, puis qui a été conservée pour un adulte; même évolution et mêmes connotations entre James et Jimmy par exemple: il s’agit du même mot, mais l’un est beaucoup plus familier que l’autre. Dans la culture américaine, les Johnny sont souvent des êtres marginaux, des soldats, des cow-boys, bref, le ‘y’ final apporte souvent un côté sauvage et insoumis (On dit Johnny Guitar, mais John Kennedy, par exemple…Bon, je sais, on dit aussi James Stewart mais Jimmy Carter).

Ah que Jonny n’est pas Johnny, puisqu’il s’agit en fait du diminutif de Jonathan (notre joueur s’appelle Jonathan Peter Wilkinson), nom d’origine hébraïque en relation avec Yahvé, qui signifie « Dieu a donné ». Voilà pour cette absence de ‘h’ énigmatique, ce n’est pas une faute de frappe ni une erreur d’état-civil.

Wilkinson est aussi facile à décrypter: dans un premier temps, on remarque la troisième syllabe (-son) qui, comme dans tous les patronymes anglais (et même saxons, voire scandinaves), désigne bien ‘le fils de’ (son, en anglais); juste pour mémoire, côté scandinave, on trouvera aussi bien Ericksson que Amundsen, entre autres. On a donc affaire au fils d’un certain Wilkin. Là, la chose est moins évidente peut-être, sauf à utiliser une règle mainte fois illustrée ici: il s’agit d’un phénomène d’alternance entre la consonne ‘w’ et son équivalent plus guttural ‘g’. L’exemple souvent cité dans ces chroniques concerne le parallèle entre le Wilhem germanique et le Guillaume français, qui sont de même racine. La racine en question est « will » et veut dire la volonté (comme le terme anglais contemporain, alors qu’en fait elle est de souche germanique, saxonne avant d’être anglo-saxonne).

Eh bien, c’est le cas ici! ‘Wilkin’ est tout simplement l’une des multiples formes (à peine vulgaire) du William commun. Wilkinson est donc équivalent à Williamson, lequel a également été abrégé en Williams (comme Serena, si vous êtes amateurs de tennis ou Esther si vous êtes fan des comédies musicales aquatiques des années 50). Je le concède, l’irruption de ce ‘k’ est un peu inhabituelle, mais en fait pas plus, étymologiquement parlant, que d’autres mots composés sur cette même racine « will », comme Wilhem, Wilfried, Willaume, Willem(a)in, ou encore Willemetz, sans parler des Wilmot ou Wilmotte (comme l’architecte). L’ancêtre de Jonny portait donc un surnom décrivant sa volonté (probablement au combat), donc sa pugnacité, son obstination.

Dernière surprise, à l’occasion de ce Wilkins/William inattendu: la transformation (due aux seuls américains, cette fois) du ‘w’ initial en…’b’. Exemples célèbres: Bill Clinton (il s’appelle bien, en réalité, William Jefferson Blythe!); ou encore Buffalo Bill, dont l’état-civil réel était bien également William Frederick Cody; ce qui prouve, dans l’un et l’autre cas, que la langue (anglo)saxonne assimilait Guillaume à William, et William à Bill…Il y aurait de nombreux autres exemples (auxquels vous penserez au fur et à mesure de vos lectures), mais nous allons arrêter là cette chronique parce que, entre Williams et Wilkinson, je crains de finir par vous raser.


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