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Peyrehorade (40)

Il y a de temps en temps un gros coup de projecteur médiatique sur des endroits dont vous ignoriez totalement l’existence une minute avant, et qui deviennent, pour quelques heures ou quelques jours, le point de ralliement de toutes les Unes du pays. Malheureusement, c’est souvent pour des raisons dramatiques et…rapidement oubliées (1). Les récents événements météorologiques ont mis sous les eaux cette commune du sud des Landes déjà marquée d’une pierre, même si elle n’est pas forcément blanche.

Commençons par recommander à nos porte-voix radio et télé de prononcer ‘peillerehorade’ et non ‘pèrorade’, puisque, si le maire de Pau se nomme François ‘Baillerou’ et non ‘Berrou’, c’est que le mot est lui aussi de source gasconne, à tout le moins occitane (2). Peyrehorade, sur l’axe transversal Toulouse-Bayonne (ne ratez pas le TER du dimanche, sinon, c’est le bus), jouit d’une situation à la fois bucolique et risquée puisque c’est juste quelques centaines de mètres avant l’entrée de la ville que se rejoignent le gave d’Oloron et le gave de Pau, des ‘Gaves réunis’ qui iront se jeter dans l’Adour un peu plus à l’ouest.

Mais la montée (accidentelle) du niveau des eaux n’accompagne pas forcément celui de la connaissance du mot, lequel se décompose en deux parties ‘peyre’ + ‘horade’. Jusque là, tout va bien. Côté ‘peyre’, pas de problème non plus, puisque ce terme typique correspond à (pour ne pas dire a donné) le français ‘pierre’; la ‘métathèse vocalique’ (3), autrement dit l’alternance ou la permutation des deux sons ‘ey’ en ‘ie’ est en fait régulière en linguistique, pas de quoi s’inquiéter…

Et que ce soit Pey, Peyo ou même Pé, c’est toujours une histoire de ‘peira’, une pierre aussi bien rocailleuse comme dans tous les composés (Peyrefitte, la pierre fichée -dans le sol-; Peyreblanque, la pierre blanche; Peyrelongue, etc…jusqu’à Lapeyre et non ‘la paire’!) mais aussi au sens figuré du Pierre sur lequel le Christ a bâti son église ou des saints (Pé) de Bigorre et (Pée) sur Nivelle.

Nous reste donc ce ‘horade’, et même plus exactement ‘horada’ puisqu’il s’agit d’une forme de participe passé, que l’on peut expliquer simplement en rappelant que le ‘h’ initial gascon équivaut à un ‘f’ actuel (hourcade > fourcade par exemple, l’endroit où il y avait un embranchement). Notre pierre était donc ‘forada’, forée ou trouée, ne reste plus qu’à savoir pourquoi.

Les historiens évoquent volontiers les ruines (la ou les pierres trouées?) d’un donjon en pierre construit au 11ème siècle puis rebâti. D’autres avancent qu’un autre ouvrage identique fut édifié un siècle plus tard sur les bords du gave afin de surveiller le trafic fluvial; on imagine alors que cette pierre-trouée pourrait évoquer une bite d’amarrage pour attacher la corde (pardon, le bout) d’un bateau sur un quai.

Signalons également, sur un plan plus large puisque justement en occitan, ‘horada’ définit une marque ou une empreinte, en général sur le sol. Mais là, il y a manifestement quelqu’un qui a oublié de faire un selfie à l’époque pour qu’on en sache davantage…

Pour l’anecdote, et puisque ce blog s’intéresse principalement aux patronymes, il y en a un qui collait parfaitement à sa commune, c’est un certain Eugène…Peyroux, qui en fut maire dans les années 1930. On ne peut pas en dire autant d’un autre nom caractéristique de la région, celui de la maire de Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieusecq soit d’ar-rieu-sec, du ruisseau asséché (4), en tous cas en ce qui concerne l’actualité de Peyrehorade!

(1) Outreau (pédophilie), Florange (fermeture), Bugarach (fin du monde), Louchats (infanticide), Dammartin-en-Goële (terrorisme), etc, etc…

(2) La zone de l’occitan est plus large que le gascon; en fait, ce n’est parfois pas du tout la même chose, mais si on veut simplifier les choses pour ceux dont ce n’est pas l’obsession, même au risque de quelques foudres intégristes…

(3) Pour les plus exigeants de nos lecteurs

(4) Pour l’explication complète, voir l’article sur Danielle Darrieux (d’ar-rieu).


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3 commentaires au sujet de Peyrehorade (40)

  1. Adishatz / Salut à vous !
    Bravo pour cet article sur « ¨Peyrehorade » !
    Votre explication concorde avec la nôtre :
    http://www.gasconha.com/spip.php?page=gis&id_gis=2600
    Il y a bien une hésitation possible, pour expliquer la partie « horade » : d’après la recherche que je viens de faire sur le « Dicodòc » (https://www.locongres.org), ce serait plutôt le mot horada dérivé du verbe horar (=fouler) ; donc « pierre foulée » plutôt que « pierre percée » : il semble que « percée » se traduirait en gascon plutôt par horadada (participe passé féminin du verbe horadar) que horada. Une syllabe de plus, donc !
    Cordialement
    Tederic, webmestre de Gasconha.com

  2. Merci de votre commentaire, et de l’information supplémentaire que vous apportez. Si nos hypothèses concordent, ne nous reste plus maintenant qu’à deviner 1/ la raison de l’apocope (de la chute de cette syllabe ‘de plus’), effectivement toujours possible mais… et 2/ ce que signifiait exactement et à quoi correspondait cette idée de ‘pierre foulée’?

    On continue à chercher ensemble? Et félicitations pour votre précieux site!

  3. Cela ne veut pas dire pierre dorée?

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