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Putain!

Le mot va peut-être largement revenir à la Une des magazines si l’opération de communication engagée par un éditeur espagnol (!) a du succès. En effet, afficher sans complexe ce qui est encore une injure dans la bouche de la majorité de la population revient à une véritable provocation: les quelques tentatives médiatiques de ces dernières décennies l’ont été sous couvert d’alibis artistiques, dans des titres de roman ou de films (1). Mais les créatifs de ce cabinet barcelonais ont décidé d’en faire cette année un…calendrier.

Remarquez, pour ceux qui en avaient marre de subir régulièrement les poses faussement lascives de rugbymen surpris dans le bain d’une mousse géographiquement bien (ou mal, c’est selon) répartie, voilà qui donne presque à ce nouvel objet une dimension…historique, chaque mois ayant trouvé son sujet un peu comme les définitions créées par les Républicains (de la Révolution Française), Nivôse devenant Putain de froid; Brumaire, Putain de grippe; ou Floréal, Putain de défilé (2), etc…Or, savez-vous que le mot existe en tant que patronyme dans notre Etat-civil?

Putain, avec une majuscule, est donc un nom que l’on peut (difficilement, sans doute) porter: une légende, introduite par un humoriste occitan (ou plus précisément basque, je crois) prétendait faire descendre ce patronyme très insupportable du verbe latin ‘putare’, qui signifie penser (ce qui est exact. Pas l’étymologie, la signification), en s’appuyant sur le raisonnement et la définition suivants: «(à l’origine), une putain, c’est seulement la fille à laquelle on pense; çà n’est devenu compliqué que lorsqu’on a été plusieurs à penser à la même…»

Belle idée, poétique mais malheureusement totalement fausse, puisque le terme en question vient d’une racine d’ancien français «put», qui signifie sale, puant, puis de façon plus générale, mauvais. Un brave mustélidé des forêts européennes à la fourrure brune en a d’ailleurs fait les frais: malgré toute l’esthétique de sa ligne et le tacheté de sa livrée, on le nomma…putois, pour d’évidentes raisons ganglionnaires et spectaculairement olfactives. En clair: un putois, c’est mignon mais seulement de loin parce que, si vous vous approchez (1/ vous vous ferez mordre, mais surtout) votre chien va vous renifler les fesses pendant une heure quand vous rentrerez à la maison…

Au 12è siècle, pute ou putain ne signifie donc ‘que’ malodorant; il serait osé d’en rajouter en mettant sur le compte des filles de joie des habitudes de mauvaise hygiène; il faut donc croire que, comme beaucoup d’autres mots de la langue française, le sens propre (sic) s’est effacé au profit du sens figuré: symboliquement, sale signifie pas riche ( car ni bien habillée, ni bien lavée, ni -plus tard- bien maquillée), donc pauvre, donc mauvais. Glissements de sens assez habituels!

Dans la liste des patronymes, ce nom a également un certain nombre de variantes, moins agressives peut-être, comme les Puthod, les Put(h)ard, les Putet, ou les Put tout court, qu’on risque quand même de vous faire régulièrement épeler, exercice obligé auquel sont systématiquement soumis nos amis belges avec les Vandeputte, soit van-de-putte, le (et non la) ‘putte’ en question étant cette fois le mot d’origine flamande pour un puits (putéus, en latin). C’est donc, littéralement celui (ou celle) qui vient « de (sous-entendu la maison) qui possède un puits» (van-de-putte), avantage non négligeable il y a encore seulement quelques décennies dans certaines campagnes.

Il y en a un qui vengera peut-être nos Putain françaises, c’est le dérivé Putanier, avec un ‘-ier’ comme suffixe de ‘métier’, (à tout le moins d’occupation), nom qui fut un certain temps en vigueur -si j’ose dire- pour qualifier un coureur de jupons, un ‘homme qui s’occupait de femmes’. Mais l’histoire ne dit pas si c’étaient ou non des putains; sauf étymologiquement peut-être!

!! Et c’est maintenant qu’il faut cliquer ci-dessous…

(1) «La maman et la putain» de feu le cinéaste girondin Jean Eustache, avec Bernadette Lafont en 1972.
«Messaline, Impératrice et putain», pseudo-péplum érotique réalisé par le metteur en scène de westerns Bruno Corbucci
«La putain», ‘documentaire’ du britannique Ken Russell, etc

(2) celui du…1er Mai (entre autres)!


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