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Serval (opération)

C’est le nom de l’intervention militaire française en cours au Mali. Comme toutes les initiatives de même type, l’opération a été baptisée d’un petit nom qui devient célèbre du jour au lendemain, par la grâce de la puissance médiatique. Qui connaissait la capitale du Rwanda avant le ‘génocide’? Qui savait où se trouvait Phuket avant le tsunami, et Timisoara avant la découverte du charnier roumain? Pourtant, il ne s’agit pas ici d’un nom de lieu mais d’un animal, procédé de totémisation favori des organisations guerrières. Au fait, qui est ce serval, et pourquoi l’a-t-on choisi?

On est loin des choix stratégiques habituels des armées (ou coalitions) américaines, tels ‘Tempête du Désert’ et autres ‘Liberté Immuable’ (si!); les français vont plutôt vers des termes qui ne risquent pas de choquer les populations locales et qui ne donnent pas matière à jeux de mots ou à de mauvaises interprétations dans d’autres langues. De fait, on se retrouve souvent avec des symboles animaux, y compris pour le territoire intérieur (les opérations Epervier), dont ce fameux ‘leptailurus serval’, définition originelle d’un félin à la dimension de gros chat tacheté habitant les zones humides du…Sahel, comme de par hasard; au moins, aucun risque de le confondre avec un cerf de la forêt de Chambord.

Et pourtant, étymologiquement, les deux bestioles ont un lien direct! Tout d’abord, l’adjectif ‘leptailurus’ est une formation empruntée au grec, et signifie ‘à la queue courte’, détail valable aussi bien pour le félin que pour le cervidé. Ensuite, le serval tient son nom du portugais ‘cerval’ (encore une preuve que la phonétique fait tout), lui-même formé sur le latin ‘cervus’, qui veut dire…cerf (‘le cornu’). On attribue aux romains (décadents) cette comparaison tirée par les poils, entre les oreilles pointues et en général décollées du carnivore africain, et les bois élancés du ruminant européen. L’image sera si claire à l’époque qu’on retrouve la même idée pour le loup-cervier, ou encore le cervier tout court, également appelé chat-tigre.

Puisqu’on parle de tigre, pourquoi ne pas s’arrêter quelques instants sur d’autres noms d’animaux très appréciés des marchands d’armes, tels que Tigre, Gazelle, ou Caracal, pour ne citer que des machines volantes. En ce qui concerne la tigre -puisque le nom a toujours été féminin, au moins jusqu’au 17è siècle- il s’agit tout simplement de la francisation du mot latin ‘tigris’, qui signifie taché, ou moucheté, ce qui prouve bien que nos mêmes romains n’avaient pas le sens des rayures. Mais il est vrai que dans l’Antiquité, pas de différence possible (ni de nomenclature animale) entre un jaguar, une panthère, un tigre, un léopard ou un guépard, espèces dont la majorité n’était encore présente que sur des continents inconnus. Rajoutons à l’occasion, puisque c’est l’objet de ce site, qu’il existe des familles Tiger, dont le patronyme ne doit strictement rien au mot de l’animal en anglais puisqu’il est formé sur la racine germanique ‘theot’ qui veut dire le peuple.

On doit les gazelles à l’arabe persan ‘al-ghazal’ qui veut dire ‘élégante et rapide’, et qui va donc qualifier une…antilope (même remarque que pour les félins ci-dessus: en France, à l’époque, on disait encore ‘biche’ pour tout petit bovidé). Vous jugerez vous-mêmes de la comparaison morphologique entre le bambi et l’hélicoptère. Là encore, on trouve des Gazelle dans l’état-civil français, certains très lointains de l’animal, via le mot d’ancien-français ‘gas’ et qui désignait des gens ‘bavards’; d’autres, au contraire, ont un rapport direct avec l’antilope, puisqu’il va prendre cette fois l’apparence européenne du…chevreuil (sens attesté au 17è siècle), et sera donc attribué comme surnom à des gens fantasques et imprévisibles, comme le sont parfois les sauts de la bête.

Quant au caracal (jetez un coup d’oeil sur sa photo dans un dictionnaire, çà en vaut la peine), c’est tout simplement un serval puissance dix (au niveau auriculaire), ce qui lui donne des airs de relais téléphonique ambulant, avec comme caractéristique la couleur de son pavillon puisqu’il vient du mot turc ‘qaraq qaral’ qui veut dire ‘oreille noire’, réécrit en français, au milieu du 18è siècle seulement, par notre Buffon national.

Signalons pour terminer que le héros de cette chronique, en bon chat des sables, est équipé de l’option miaulement et ronronnement à double carburation (aussi bien en inspirant qu’en expirant). Et que le serval a comme pluriel…des servals, et non pas des servaux (faut pas exagérer, ça n’est quand même qu’une opération militaire).


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