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Villani (Cédric)

Il y a plusieurs coïncidences -linguistiques- intéressantes dans la déclaration de candidature de notre mathématicien, cravaté à la fois au sens propre (sa lavallière) et au sens figuré (les déclarations du son désormais rival Benjamin Griveaux). Bref, dans la course à la mairie de la capitale, on dirait que ça se corse à Paris; y compris étymologiquement d’ailleurs…

En effet, Villani est une des nombreuses variantes du terme latin ‘villa’ qui, comme signalé à plusieurs reprises ici, n’a rien à voir avec une coquette maison en bois située sur les hauts d’Arcachon (ou autre) réservée aux barbecues nocturnes du show-business parisien. Bien que de naissance…corrézienne (le nid des présidents), l’homme est d’ascendance corse via un (ou des) crochet(s) par l’Afrique du Nord et autres péripéties familiales en Méditerranée au cours de l’Histoire.

Lui-même revendique, dit-on, un foyer généalogique au village de Stephanopoli (Cargèse, arrondissement d’Ajaccio), ancienne colonie grecque dont le nom signifie ‘la ville (du) vainqueur’ ou ‘le village couronné’, titre particulièrement adéquat pour un titulaire de la Médaille Fields, récompense scientifique mondiale. Mais commençons par le commencement, avec cette ‘villa’ typiquement campagnarde qui ne désignait pas une maison au sens strict mais largement ce qu’il y avait autour.

Pour les Romains, la villa est une maison des champs, une propriété de campagne; attention, pas une ‘maison de campagne’ au titre de villégiature de week-end ou de vacances; en tous cas pas encore. Il est vraiment question de ce que nous appellerions aujourd’hui un corps de ferme, voire une métairie avec les dépendances immobilières d’usage, hangar, étable et appentis mais aussi le ou les terrain(s) selon l’activité locale. La villa, c’est tout un domaine, surtout s’il est planté de vignes (1).

Le problème, c’est que l’usage latin va conjuguer le mot avec le nom de son propriétaire (Villa Caesaris, villa Antonini, pour César ou Antoine, etc), et qu’il va donc devenir un toponyme, un ‘simple’ nom de lieu. Du coup, le sens va rétrécir la superficie (foncière, puis sémantique) de l’endroit, jusqu’à ne plus désigner que le bâti proprement dit. Or, la maison étant la base de tout…villa-ge, voilà comment on en est arrivé à nommer un groupe de maisons. Et, quand il y a eu trop de maisons, on les a débaptisées en ‘quartiers’, devenant eux-même les secteurs d’une ‘vill-e’!

Il n’empêche: alors que les ‘villes’ -on devrait dire ‘urbes’, selon le vrai sens latin (2)- se sont intégrées depuis longtemps à la langue, on continue, en ancien-français, à considérer les hommes des campagnes (autant dire les paysans) comme des ‘villains’, lesquels dansent parfois la ‘villanelle’ (la bourrée paysanne, chez Montaigne).

Hélas, les deux ‘L’ hérités de ‘villa’ vont rapidement disparaitre dans le répertoire pour arriver à un ‘vilain’, autrefois strictement campagnard mais trop pouilleux pour les populations urbaines qui considèrent désormais les ‘ploucs’ comme des gens à l’écart des villes donc peu ou pas éduqués et sales, d’où le dérapage. Pire encore: on a glissé -comme d’habitude- du sens propre (si j’ose dire) au sens figuré, le profil peu ragoûtant du-dit paysan s’appliquant alors à la ‘laideur morale’ supposée de la personne. C’est vilain, ça!

Signalons aussi pour l’anecdote qu’à la fin de l’Empire, une ‘villa’ a pu servir de centre de recrutement militaire (la caserne, quoi!); et même, désormais un peu à l’écart des centres-ville, représenter une maison…de plaisir(s). Sans doute plus grand-chose à voir avec tous les Villain, Villaine ou Vilaine (la rivière de la campagne), Vilard (comme le chanteur Hervé), Vilar (le metteur en scène de théâtre Jean), Villers (l’homme de radio Claude), De Villiers (Philippe, homme politique) et même Lavillenie (perchiste)…

Quant à Villani, même avec le suffixe traditionnel italo-corse, sera-t-il le mieux placé pour avoir des responsabilités de gestion sur un domaine urbain tel que Paris? En attendant, il peut toujours faire…campagne; surtout étymologiquement.

(1) Revisionnez la séquence d’ouverture du film de Ridley Scott « Gladiator », avec le retour de Russel Crowe dans sa ‘villa’…

(2) On a quand même gardé ‘urbain’ pour tout ce qui touche à la…cité.


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