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Turquie!

Cà grogne du côté du Bosphore! Paris et Ankara ne sont pas tout à fait d’accord sur l’évocation (ou non) du «génocide arménien», occasion de raviver quelques blessures manifestement encore mal cicatrisées du côté de la Mer Noire. «La Turquie, c’est l’autre Angleterre de l’Europe», avait lâché il y a quelques années un diplomate…français, prouvant bien par là que ce territoire a toujours suscité commentaires et fantasmagories dans notre culture, la preuve…

Etymologiquement, la Turquie, c’est une idée des…Chinois, lesquels, après avoir baptisé leur plus proche voisin «le pays du côté du soleil qui se lève» (le zhi-pong, devenu Japon évidemment), s’en sont pris à cette terre de brutes qui luttent en pantalons Thierry Mugler complètement imbibés d’huile: ils les appelèrent les « T’ou-klou », expression qui va être récupérée par d’autres langues et suivre un cheminement linguistique, qui consiste à déformer spontanément un mot qu’on ne comprend pas ou que l’on trouve inconfortable en bouche. De fait, « t’ouklou » va devenir « toulkou », puis « toulk », « tourk », et enfin turc ! (Et pardon pour les techniciens spécialistes des dialectes mongols).

Or, même si c’est du chinois, « touklou »,çà veut dire quelque chose, en l’occurrence…»homme fort», et ce, environ depuis le 6è siècle après Jean-Christophe. Cela explique assez à quel point, des Chinois explorant les confins occidentaux de l’Asie à Marco Polo débarquant en Chine pour le match-retour, les turcs sont devenus des phénomènes de curiosité pour ces deux cultures que tout oppose. En Occident, au fil des siècles, l’image de l’homme fort et un brin ‘exotique’ va donner naissance aux « turqueries » de Messieurs Lulli (en musique) et Molière (au théâtre), lequel n’hésitera pas à se moquer d’un grand Mamamouchi (« Le Bourgeois Gentilhomme ») assez proche du Grand Vizir d’Iznogoud: la France a toujours eu besoin de trouver ses « arabes » quelque part.

D’ailleurs, le surnom trouvé par nos amis chinois a dû avoir le cuir aussi épais que celui des lutteurs de Cappadoce, car l’image de l’homme «fort comme un turc» va traverser les époques, jusqu’à échouer dans les jeux de fête foraine où un 19è siècle colonialiste va s’amuser à dégommer les effigies en bois «à la tête de turc», prenant ainsi le relais du ‘bouc émissaire’ biblique qui commençait à fatiguer de la corne…

L’autre face du turc (si j’ose dire), c’est néanmoins un certain raffinement culturel, sur lequel est venu se poser ponctuellement une touche hypocrite de curiosité envieuse : en effet, si l’on met en scène d’autres turqueries plus délicates («L’enlèvement au Sérail» de Mozart, ou «Sémiramis» de Rossini), c’est par fascination pour ces harems polygames si étranges et néanmoins défendus. L’attention la plus parfumée que le vocabulaire turc nous a léguée (parmi beaucoup d’autres mots) concerne une fleur cultivée par cette nation, plante que l’on désigne par une expression qui décrit sa forme: « la fleur (blanche) à la forme de turban », qui se dit « tülbend », laquelle va devenir « tulipe » chez nous. La tulipe ne vient donc pas de Hollande, sauf à être passée par Rungis ce matin pour être livrée chez votre fleuriste local.

L’exotisme a parfois de curieuses conséquences en linguistique: alors que Christophe Colomb, persuadé d’avoir découvert les Indes (orientales), ramenait en Europe une grosse pintade arrachée au Mexique et l’appelait «la (poule) d’Inde» d’où le nom de la star des repas de Noël, les anglais, persuadés que ce gros oiseau inconnu venait de la lointaine Perse, la baptisaient à leur tour (la poule de)…Turquie, à savoir carrément «turkey» en anglais! Une poule n’y retrouverait pas ses poussins, sauf peut-être le premier ministre en fonction en ces jours de tension, un certain Recep Tayipp Erdogan, ce qui signifie en turc «celui qui est né vaillant». Moi, je serais Nicolas, je me méfierais…


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Un commentaire au sujet de Turquie!

  1. Le mot «Turc» n’est absolument pas une invention des Chinois… Eux-mêmes se nomment ainsi ! «törük/türük» signifiait «fort», au sens de «à maturité» en vieux turc, mais aussi «né/créé»; le mot proviendrait du proto-turc *türi qui signifie «peuple/lignée», ce qui est cohérent car beaucoup de peuples se nomment tout simplement par ce qui les caractérise: le fait d’être des Hommes ou d’appartenir à un même peuple

    La première mention des Göktürk en chinois est 鐵勒 (dont la prononciation en chinois de l’époque, «thiet lek», a tenté de refléter «türküt») avec un premier idéogramme qui signifie effectivement «fort», mais aussi «arme, métal» et un second qui signifie «lier fermement». Le second nom usuel, 突厥 tūjué («thou khouëtte» à l’époque) se compose de l’idéogramme «se ruer sur» et «perdre conscience»: plus grand-chose à voir avec la force !

    L’explication de cette énigme insoluble, c’est que ces mots sont des mots étrangers, car le peuple Han n’est évidemment pas une ethnie turque, et que le système idéographique du chinois, quand il retranscrit des noms étrangers, le fait en choisissant des idéogrammes dont la phonétique correspond à peu près au mot d’origine. Le chinois ayant un grand nombre d’homonymes et de mots distingués uniquement par la tonalité, parfois c’est possible de le faire en choisissant un idéogramme dont le sens respecte l’étymologie de base du nom (comme dans 鐵勒), mais parfois ce n’est pas possible (comme dans 突厥).

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