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…ce sont, avec plusieurs autres, les qualificatifs qui ont salué la disparition du couturier et créateur français; on lui a assez reproché, en son temps, d’être également l’industriel qui a vulgarisé le luxe en édifiant un empire commercial de franchises, signe que ce fils d’immigré italien n’avait rien d’un richard mais d’un homme qui savait fixer -et garder- le cap…au plus près de la racine!

Contrairement à la définition un peu hâtive et simpliste qu’en donnent certaines pages, Cardin n’a rien à voir avec une forme…bretonne de Chardin, l’un et l’autre étant effectivement des ‘aphérèses’ de Richard(in), après la chute de la première syllabe.  Ce qui n’empêche pas un certain nombre de Cardin vendéens ou normands (de souche réelle) d’exister.

Mais puisqu’on parle d’ascendance italienne, il faut restituer l’état-civil d’origine du petit Pietro (forcément) Cardin (prononcez Cardine) sur les registres d’un village de la région de Venise…Du coup, le mot se retrouve en tête dans la famille des Cardinali locaux, ceux que l’on va évidemment retrouver en France sous la forme Cardinal pour des désigner des gens qui, comme les Leprêtre ou les Lepape, n’ont pas pas été des dignitaires religieux mais des gens hautains ou orgueilleux, réputation faite à ces derniers en raison de leur comportement (rituel?) grave et pour le moins cérémonieux.   

Les plus Cardinal de tous vont effectivement être ces prélats nommés par les papes, que l’on va qualifier de…cardinaux et qui vont faire voir rouge à certaines époques, ne serait-ce qu’à cause de leur tenue vestimentaire. Et si les Richelieu et autre Mazarin se promenaient en robe pourpre (la véritable nuance de la couleur, dite ‘cardinalice’), c’était pour imiter la toge des sénateurs romains et, dit la mythologie chrétienne, pour rappeler le sang du Christ (à longueur de journée, ça devient gore, non?)

Plus convaincante sans doute (et plus profonde) serait la présence de Jésus comme symbole de repère spirituel, également transmis de façon ‘verticale’ par le Pape sur ses subordonnés qui portent le même adjectifs que les célèbres points géographiques homonymes: le rapport est d’ailleurs à la fois logique, puisque l’équivalent latin ‘cardinalis’ définissait une période, un chiffre ou une direction caractéristiques, comme les saisons par exemple, puis un solstice (donc le point du soleil, à commencer par l’Orient), et enfin les quatre perspectives de l’espace qui ont donné notre expression, sans oublier les nombres naturels qui rythment notre façon de compter.

Or, ces divers symboles déjà très ‘structurants’ sur lesquels on pouvait s’appuyer pour découper le monde ont une raison très ‘étymo’ en plus de logique, c’est la racine même de tous ces termes qui est ‘cardo’. A Rome, c’est l’objet même sans lequel rien ne peut tenir debout et sur lequel on doit s’appuyer pour faire tenir une maison, le gond de la porte! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les Romains ça veut dire beaucoup, car le sens du mot va être élargi à tout ce qui joue le rôle de pivot, d’un point de vue matériel d’abord, puis, au second degré, à une référence intellectuelle (le point capital d’une théorie, le témoignage-clé d’une enquête, par exemple) mais aussi spirituelle. 

Voilà pourquoi l’homme sur lequel on doit s’appuyer en matière de recours et de jugement religieux est forcément devenu cardinal. Pas besoin de beaucoup de commentaires supplémentaires pour voir également en Pierre Cardin une véritable référence de la mode. Y compris donc étymologiquement.

…(en cette fin d’année, c’est Père Noël, foie gras ou piqûre antivirus avec locataire d’Ehpad au bout de la seringue), l’image marquante a été celle de milliers de poids-lourds stockés sur une aire d’aéroport désaffecté à Douvres. Autant dire un flot de camions jetés comme autant de petits cailloux sur la piste. Peut-être même étymologiquement…

Douvres, port…anglais bien sûr (est-il nécessaire de le rappeler), qu’il convient donc d’appeler ‘Dover’, l’occasion de signaler un phénomène de métathèse, soit, très schématiquement,  ‘l’inversion’ possible ou tout simplement le changement de position de certaines lettres (voyelles ou consonnes) quand une racine passe d’une langue à l’autre.  Exemple parmi des centaines d’autres, dans le registre franco-français: des Peyre occitans devenus Pierre en parisien (i/e); ou des ‘centre’ anglais devenus (et prononcés) ‘center’ en américain (e/r), etc…pour des raisons le plus souvent d’évolution dans la prononciation: la preuve avec le voyage du ‘r’ entre Douvres et Dover (et retour). Rien à voir donc avec une histoire ‘d’ouvre-ture’, surtout en période de Breixit…

Bref, notre Dover est généralement considéré comme une forme ‘déformée’ issue d’une très ancienne syllabe d’origine celte, qui serait ‘dubros’ ou ‘doubros’, et qui désignait l’eau. Comme cela a déjà été signalé à plusieurs reprises ici, les Anciens – quels qu’ils soient, Grecs, Latins, Européens ou Egyptiens – avaient plusieurs mots pour distinguer une eau stagnante, jaillissante ou rugissante, selon le cas.

Celui qui nous intéresse…découlerait d’un son ‘dour’ encore plus reculé, que l’on retrouve avec constance dans plusieurs coins du continent pour faire allusion à un fleuve, en tous cas un endroit aux ‘eaux abondantes’ (estuaire, confluence ou côte affectée apr une marée). De l’Adour à la D(o)urance ou à la Do(u)rdogne françaises, en passant par le Douro portugais (Duero sur la partie espagnole) pour ne citer que les plus proches, nombreux sont les sites fluviaux ou parfois maritimes qui empruntent à cette racine.

Ce serait donc la source du nom Dover pour nommer le port britannique du Kent, après une évolution depuis le latin ‘Dubris’, lequel semble également avoir servi pour le Douvres français de l’Ain (Région Rhône-Alpes), référencé d’après un ‘dubron’ gaulois ou ‘dubra’ (pluriel neutre romain), au nord de la capitale des Gaules. On aurait dans ce cas un affaiblissement du ‘b’ en ‘v’, via un stade ‘duvris’ puis ‘douvris’, l’un faisant douvres et l’autre dover (pour résumer)…

Un fleuve ou une rivière qui laissent leur nom aux villes qu’ils traversent, ce n’est pas si original…Ce qui le serait davantage, c’est une autre étymologie possible qui déborderait totalement le cours de l’histoire linguistique, à savoir un village construit sur des rives riches en ‘dove’, non pas en colombes au sens actuel du mot anglais, mais en galets, ces cailloux blancs roulés par le flot et ovales comme les oiseaux roucoulants (belle image poétique, non?) posés sur la plage primitive du site.

Pas de quoi jeter la pierre pour autant aux définitions hâtives, sauf peut-être aux décisions administratives concernant des routiers qui ont eu l’impression d’être pris pour des pigeons, tout en restant en rade. De Douvres bien sûr.

…quand la famille est de naissance parisienne depuis des générations….C’est pourtant le cas, sur l’un et l’autre plan, de l’acteur de cinéma, télévision et comédien de théâtre récemment disparu. Les Brasseur ont en effet quasiment tous une ascendance venue de l’Est (les bords du Rhin), hormis quelques provençaux concernés par…du savon ou des Normands producteurs de cidre (1).  Prenons donc le sujet à bras le corps; sauf étymologiquement!

Personne ne saurait mettre en doute que ‘brasseur’ soit bien le nom de métier, celui qui consiste à surveiller une suite d’opérations complexes qui vont conduire à la fermentation du (ou des) malt(s). Ne sachant pas toujours ce qui se passe exactement au fond des cuves, on a cru pendant longtemps que le terme avait gratifié un homme chargé de…brasser les différents composants de la boisson sachant se faire mousser, un peu comme un boulanger -très ancien- pouvait malaxer sa pâte avant cuisson.

Or, s’il y a bien des opérations de mélange pour fabriquer la bière, on imagine mal un ‘brasseur’ proprement en train de remuer les bras penché au-dessus de sa cuve, les autres stades étant plutôt du concassage (au début) et de la fermentation (à la fin). C’est que, contrairement au brassier (l’ouvrier qui n’a que ses…mains pour travailler) ou au brassel (2) (celui prend des mesures en étendant les bras), ce mot n’a rien à voir avec les bras mais avec les ‘braces’.

Il s’agit d’un mot de ‘bas-latin’ (= après JC), probablement déjà…brassé avec du gaulois, et qui désignait du blé blanc, ou de l’épeautre, ou peut-être encore d’autres types de céréales approchants, comme l’orge par exemple (3). Manque de chance, même en latin, ce terme a déjà un homonyme exact qui désigne le futur top des ventes de mode dans le village, celui qui se transformera cette fois en ‘braies’ en français, le pantalon de trois-quart à la Gauloise justement.

Petite digression sur ces ‘braces/braies’ pantalonesques: en Germanie, la racine va prendre la coloration locale sous la forme ‘brago’, une ouverture que nos envahisseurs préférés nous apporteront dans les premiers siècles pour faire le mot…braguette! D’une certaine façon, on peut donc dire que les Brasseur, outre leur activité professionnelle, sont également bien culottés. 

Mais revenons à notre Claude, pour noter au passage qu’en ce qui concerne le lieu de…la mise en bière, une brasserie désigne aussi bien l’usine de fabrication que le lieu de la consommation au comptoir, là où, après quelques verres, on peut se mettre à chanter du…Brassens, encore un homonyme qui n’a rien à voir avec l’Alsace mais plutôt les Landes, d’après un nom de famille romain (4).

D’autant que toute cette histoire de brasseurs n’est finalement qu’un faux-col, puisque le véritable nom d’état-civil de Pierre (le père) était Espinasse, mot typiquement occitan, répandu de l’Auvergne au Pays Basque en passant par les Pyrénées-Orientales pour désigner un ‘lieu à e(s)pines’, autrement dit un terrain encombré d’arbustes piquants et généralement inutiles. Au milieu d’un bouquet d’autres dérivés, il y a un célèbre ‘Espinoza’ du répertoire portugais qui donnera son nom au philosophe (émigré) néerlandais Baruch (plus de doute)…Spinoza. Un rôle que n’a pourtant pas joué le désormais immortel Vidocq!

1. Qu’on appelle plutôt les Pom(m)é.

2. En tant que patronyme, on trouve aussi l’orthographe Bracel et son diminutif…Bracelet (qui n’est donc pas bijoutier). 

3. Comme pour un certain nombre d’autres sujets, la nomenclature botanique (ou animale) n’est pas encore très précise à cette époque, parce que non encore connue, mal définie ou différente selon les régions.

4. Voir l’article consacré à Georges, forcément en archives.

…en tous cas par le peuple, sinon par d’autres…élus. De par son prénom, notre homme avait toutes les raisons d’être adoubé par la désormais ex-maire Michèle Rubirola (*), puisque, comme vous le savez, Benoît est la contraction du latin ‘benedictus’, celui qui a reçu la bénédiction! C’est donc en toute légitimité partisane que Mr Payan récolte les fruits de sa…campagne, au sens le plus géographique du mot! Pour en savoir plus, tapez le nom de l’un de ses deux cousins linguistiques déjà en archives: le footballeur Payet (Dimitri) ou le pilote automobile Pagenaud (Simon). Vous allez voir, ça paye (sauf étymologiquement)!

(*) voir son article précédemment

…ou, si vous préférez, rubis sur l’ongle, pour reprendre une allusion fréquemment entendue au sujet de la démission-express de la récemment (juillet) élue maire de Marseille. Or, pas de rubis -donc de rouge- en l’occurrence, si ce n’est peut-être un carton prochainement brandi par quelques opposants; si couleur il y a dans ce patronyme d’origine catalane, ce serait plutôt celle du parti de Michèle, le…Vert!

La provenance de ce nom couvre en effet tout l’arc de la côte méditerranéenne, de Barcelone à Gênes en passant par la Provence française, ce qui tombe bien pour la cité phocéenne, berceau de notre (futur ex) élue…Contrairement à la tentation phonétique spontanée qui serait de trouver ici une ‘petite pierre rouge’ (rubirola ressemble à un diminutif de rubis), aucun rapport avec les Rubio, Rubino, Rubin ou Rubinstein (1) qui renvoient, eux, à une histoire de pierres précieuses, souvent le surnom d’orfèvres ou de bijoutiers. 

Il s’agit cette fois d’un nom d’arbre, dont la…racine latine est ‘robur’ (transcrite roubur / rubur selon les langues) et qui désigne un chêne. Si le nom commun français a l’air si éloigné du mot romain, c’est que l’arbre en question (souvent considéré d’ailleurs comme ‘l’Arbre’ majuscule dans plusieurs mythologies européennes) a reçu des baptêmes différents en fonction des régions où il a poussé.

Le chêne ‘parisien’ est issu d’un ‘cassanus’ latin, qui donnera ‘chasne’ au Moyen-Age, puis ‘chesne’ et finalement chêne avec l’accent circonflexe pour marquer le ’s’. Mais, ailleurs et simultanément, on trouve aussi un ‘dero’ gaëlique adopté par les Bretons, un ‘garric’ occitan (2), un ‘cassou’ (ou casse) gascon, et enfin un ‘rove’ provençal, bien connu de ceux qui empruntent la sortie d’autoroute après Martigues pour descendre à Marseille. Pas besoin d’insister sur les nettes différences entre les sons qui plaisent aux uns ou aux autres!

Une ‘rubira’ ou ‘rivora’ est donc un bois de chênes ‘rove’, ou plus académiquement dit dans la nomenclature botanique, des ‘rouvres’. Signalons au passage que cette dernière forme très française est à l’origine d’un certain nombre de communes en France (dans le quart sud-est principalement) nommées Rivoire, nom de lieu qui aura également un grand succès grâce à un entrepreneur…lyonnais de la fin du 19ème siècle, qui s’associera avec un monsieur très Carré pour fabriquer les pâtes que vous connaissez!

Finalement, qu’il soit pédonculé, kermès, tauzin, liège, blanc ou vert, et à condition qu’il ne soit pas planté près d’un roseau, le chêne a toujours été symbole de force, de sagesse, de justice et de…longévité. Végétale sans doute, mais apparemment pas forcément politique. Sauf étymologiquement bien sûr.

(1) Littéralement: Rubin-stein (en germanique, rouge-pierre)

(2) Celui qui donnera son nom au terrain sec de la garrigue…provençale.