Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…c’est sur le nom des villes (1) que se ruent beaucoup de lecteurs. Aujourd’hui, ce n’est pas vraiment pour de bonnes raisons (une fermeture d’usine) que la presse met à la Une cette sous-préfecture du département du Pas-de-Calais (Hauts de France –  France, comme disent les Anglo-Saxons). Et cette fois-ci, pas de jeu de mot primaire sur le son du mot, l’origine de Béthune n’a rien à voir (justement) avec les thunes (2). 

A vrai dire, l’affaire n’est pas close, contrairement à l’un des sens possibles du nom. Les linguistes ont encore des interprétations (légèrement) différentes sur la provenance d’une racine qui a toutes les chances d’être germanique puisqu’on trouve les premiers écrits au sujet de la ville dès le 7ème siècle sous la forme ‘Bitunia’, puis Betuna au 12ème…Le ‘a’ final semble être le reste d’une influence latine (romaine?), probablement créée ‘à l’extérieur’ puisque le reste du mot, ‘bei-thun’, est plus clairement saxon.

Le premier élément ’bei’-‘, parfois ‘bi-‘ (on a trouvé des versions Bithun) pourrait être un préfixe de localisation, qui évoque l’environnement ou les alentours d’un site; de fait, le second deviendrait alors la racine ‘principale’, ‘-thun’ pouvant être assimilé au ‘-ton’ puis au ’town’ saxon…anglais cette fois, au sens d’un hameau ou d’un village (pour la ville, attendez un peu).

Parallèlement, mais loin de toute influence nordique puisqu’il s’agit d’une étymologie latine, il existait en ancien-français le terme ‘betun’ qui désignait un marais ou une terre boueuse. Et plus spécialement, dans ces terrains calcaires, des cavités de ruissellement des eaux qui ont peut-être donné son nom à une rivière de Normandie, la Béthune.

D’autant qu’en grattant un peu plus, certains ont trouvé le terme gaulois ‘bedu’ qui signifie…creuser, pas forcément en profondeur mais à ras du sol (ou en longueur) afin de faire des canalisations. D’où une variante en ‘bedum’ qui serait à la..source du mot ‘bief’ en français, le système de gouttières qui permet d’amener l’eau à la roue d’un moulin.

Rajoutez à cela un possible effet de confusion avec le latin ‘bitumen’, celui qui donnera ‘béton’ (le matériau de construction des ‘bétuns’?) et voilà de quoi énerver le célèbre ‘Bourreau de Béthune’! En fait, ils ont été deux: le premier, historique, a été chargé de couper la tête de Milady de Winter, l’espionne au service du cardinal de Richelieu dans « Les Trois Mousquetaires »; l’autre, plus récent, fut le surnom d’un certain Jacques Ducrez (natif de…devinez), l’un des catcheurs réputés parmi les plus ‘sauvages’ sur les rings des années 1960…

  1. Voir dans l’onglet ‘Références’ puis ‘Toutes les chroniques’ en haut à droite de cette page.
  2. Si besoin d’explications sur le mot de Marlène Schiappa (juillet 2020), voir ici: http://www.etymo-logique.com/?s=thunes

…et qui dévorent (très temporairement) la Une des médias. Celui du moment est dû à un rappeur mis en cause dans plusieurs affaires, et pose question à de nombreux lecteurs qui s’interrogent sur la logique de son nom (‘Moha La Squale’) dont chaque partie semble incohérente, non seulement par rapport au milieu (musical) de son propriétaire mais aussi au nom de l’animal, qui est par ailleurs de genre masculin (dans le dictionnaire)…Alors?

Trois énigmes en une donc, que l’on va prendre dans l’ordre et qui s’expliquent de façon très…littéraire. Première étape: le nom en question est un surnom (on dit pseudo, dans le chaud-bizness), notre homme ayant en effet comme état-civil officiel Mohammed Bellhamed. D’où ce ‘Moha’, obtenu par contraction de son prénom (1) grâce à une figure de linguistique assez technique (et néanmoins relativement ordinaire) appelée ‘apocope’.

L’apocope, qui signifie en grec…une amputation par mutilation, consiste donc à couper la fin (la queue?) du mot, pour des raisons diverses, le plus souvent à cause de sa longueur ou, comme ici, pour en faire une sorte de diminutif (ça aurait tout aussi bien pu être…Momo, mais ‘ça le fait’ moins comme nom de scène). Le contraire de l’apocope est ‘l’aphérèse’, d’après un terme de même provenance qui veut dire également couper, raccourcir, mais cette fois du côté du nez, donc à l’avant du mot (Bernard devient…Nanard).

Deuxième étape: La Squale n’est pas le squale, toute la différence venant et du genre de l’article et de la majuscule, lesquelles renvoient au titre d’un film réalisé par Fabrice Génestal en 2000. « La Squale », c’est le surnom d’une fille ‘de la cité’ qui fréquente, à ses risques et périls, le caïd local pour le séduire, une demoiselle au caractère forcément rugueux et peut-être carnivore (au sens figuré, bien sûr) car…

…un squale – au masculin cette fois, même quand c’est une femelle –  c’est ce poisson aux espèces multiples (dont un squale-chagrin!) dont la principale caractéristique est d’avoir une mâchoire tranchante et une peau rugueuse. Dans l’image populaire, c’est le prototype du requin dont le nom est encore plus surprenant (2) et que l’on surnomme aussi ‘chien de mer’.

Or, l’origine de squale (le mot) est tout aussi piquante car il s’agit de l’adjectif latin ‘squalus’ qui qualifie quelque chose d’hérissé et de rugueux comme la peau du requin en question; la preuve, on s’en servira pour polir le bois! (3); ou quelque chose d’aride (un terrain sec et caillouteux), voire d’âpre ou acide (au sens figuré, des commentaires ou une façon de s’exprimer). Comme quoi, on était prévenu: Moha La Squale, qui s’y frotte s’y pique. Y compris étymologiquement.

  1. Mohammed: celui qui rend souvent grâce(s) à Dieu.
  2. Voir la chronique consacrée à ce nom surprenant sur http://www.etymo-logique.com/?s=requin
  3. L’une des variétés s’appelle même le requin-épineux

…met à l’épreuve l’attention de quelques journalistes (et la mémoire de quelques auditeurs) pour éviter toute confusion entre les membres d’une -très- grande famille politique française. Bernard était en effet le frère (faux-jumeau) de Jean-Louis, entre autres ex-ministre de l’Intérieur d’Alain Juppé; le fils de Michel, entre autres feu le Premier Ministre du Général de Gaulle; et donc le petit-fils du professeur Robert Debré, considéré comme le fondateur de la pédiatrie moderne (1).

Debré, nom simple, bien ‘français’ -pour ceux qui se rassurent rapidement sur la sonorité d’un mot- et donc forcément facile à comprendre…En êtes-vous sûr? Si vous preniez quelques secondes pour essayer de deviner à quoi fait référence ce patronyme, probablement issu du territoire d’implantation politique privilégié du clan Debré, l’Indre-et-Loire?

Encore une phrase pour retarder votre lecture et vous donner le temps de trouver la solution (je vous aide): il est presque évident que le mot se compose de deux parties, (de-bré), dont la première pourrait bien représenter l’article défini contracté (du-le); on aurait donc pu peut-être avoir ‘du-bré’, autre forme d’une ‘agglutination’, le collage entre l’article et le mot qui suit étant intervenu au fil du temps. 

Eh bien…la réponse est oui. Ou non, mais plutôt non!

Partons tout d’abord à la recherche de ce que pouvait être ce ‘-bré’, et là, pour une fois, c’est le déferlement d’hypothèses. En prenant le son au pied de la lettre, on peut en effet envisager plusieurs origines à cette syllabe. Tout d’abord, comme pour le philosophe et militant Régis Debray – même son mais orthographe différente et, pour une fois, significative – la notation d’un toponyme, un nom de lieu généralement normand issu du terme gaulois ‘braco’, qui évoquait un marais. D’où le Pays de Bray voisin, par exemple.

Deuxième possibilité: un emprunt à la prononciation lorraine ou alsacienne de ‘bré’, soit tout simplement…’bref’ (en parisien) autrement dit, comme pour le célèbre papa Pépin de Charlemagne, quelqu’un non pas qui parlait peu mais qui ne montait pas haut, un petit. Là encore, plusieurs communes ou lieux-dits en France s’appellent Bré ou le Bret, équivalent du Lepetit français ou du Le Bihan breton.

C’est justement en Bretagne que cela se complique (un peu), puisqu’une autre racine gauloise (‘briga’) a pu prétendre représenter le nom, après contraction. Or, dans cette version, le mot définissait une…hauteur, ce qui ferait de nos Debray/Debré des gens qui « descendent de la colline », à cheval ou pas.

Quelques linguistes wallons mettent en avant les Debreu du Nord et de l’Est de la France (longtemps sous influence germano-néerlandaise, pour schématiser), également représentés par des Debreux. Et ce ‘breu’-là est également présent dans…le sud occitan sous la forme ‘breuil(h)’, pour caractériser un bosquet, un groupe d’arbres en général planté au milieu d’un champ. Là encore, il a donné naissance à plusieurs noms de communes, ainsi qu’un patronyme (après ‘extension’ cette fois) de…Broglie (2).

Vous avez fait votre choix? Dommage, car, contrairement à l’habitude, la recherche phonétique n’est pas ici la meilleure des méthodes en tous cas spontanément, à cause d’un piège…historique: il fut un temps en effet où, pour des raisons diverses mais en général mauvaises, on obligeait les gens sinon à changer du moins à modifier leur nom, à commencer par une orthographe parfois gênante.

Pendant plusieurs siècles, la colonisation obligea certaines populations immigrées de gré ou de force à franciser un son imprononçable (et surtout dangereusement incompréhensible) par l’Etat-Civil français; ce qui n’était pas si différent des réflexes centralisateurs des sergents-recruteurs de la Première Guerre Mondiale en tournée dans des régions où ils ne comprenaient pas le ‘patois’ des enrôlés.

La pression était sans doute encore plus forte trente ans plus tard, quand des milliers de familles juives souhaitèrent ou furent incitées par divers moyens à adapter un patronyme trop ‘éloquent’ pour l’envahisseur. Et pas qu’à cette époque: en mars 1808, une loi impériale (merci Napo) ordonna le recensement des Juifs en les obligeant à se déclarer en mairie (décret de Bayonne du 20 juillet) et donc, pour certains, à…se donner un nom (3).

Or, Bernard (et Jean-Louis, et Michel) est le descendant d’un Simon Debré, lui-même petit-fils d’un Anschel (Anselme) Moïse originaire de Bavière, qui a pris à cette époque le nom de…Déprés, devenu plus tard Debré (des braies, ça faisait trop équivoque sans doute). Cette francisation forcée est donc sans doute empruntée à un ‘des-prés’, cousin au moins linguistique des Desprats (Duprat, au singulier) gascons, des Despréaux (dimintuif) de la vallée de la Loire ou des Desprez nordistes, en tout cas aucun lien avec l’Indre-et-Loire (ou l’Eure, pour Jean-Louis)!

Sachant que les De(s)prés (nom rare) ont pu désigner le propriétaire de prai-ries situées…près de sa maison, notre homme aurait pu tout aussi bien risquer de choisir Deschamps! Sauf étymologiquement bien sûr.

  1. D’où les nombreux hôpitaux -pas forcément pédiatriques- qui lui sont dédiés en France. 
  2. Ce qui explique la prononciation en ‘de Breuïlle’ et non ‘de Brogueli’…
  3. Accessoirement, la loi organisait également les droits au travail et les métiers autorisés aux-dites populations…

…il y a encore des gens qui savent doser le niveau de leur vocabulaire, voire remettre en lumière quelque terme devenu désuet comme ‘sauvageons’ (l’ex-ministre Jean-Pierre Chevènement, en 1999) ou huluberlu, délicat qualificatif récemment utilisé par le maire de St-Gervais (Haute-Savoie) au sujet des inconscients qui s’attaquent à l’ascension du Mont-Blanc en baskets (entre autre).

Mal préparés, inconscients du danger et éventuellement agressifs, ces randonneurs sont-ils des ‘huluberlus’? A l’intention des lecteurs étrangers de plus nombreux (1) – francophiles mais parfois surpris par nos racines linguistiques – disons que ce mot, qui résonne comme une onomatopée (quatre ‘U’ comme turlututu), vient d’un assemblage de deux parties (hurlu-berlu, ça se devine facilement) dont on…ne connait pas l’origine.

Alors forcément, de nombreuses hypothèses – pour ne pas dire légendes – circulent à ce sujet. Mais comme, malgré tout, on possède plusieurs attestations écrites de son utilisation à travers les siècles, il y a quelques pistes intéressantes; disons d’abord que ce drôle de terme se retrouve sous différentes formes, comme ‘hurlubrelu’ ou ‘hurluburlu’ dans des textes du 16ème siècle, pour décrire des situations…abracadabrantesques ou des personnes en état de confusion mentale, agissant « estourdiment et sans connoissance ».

On trouve même un pseudo St-Huluberlu chez Rabelais, avec une connotation sonore aussi moqueuse et ironique que pourra l’être un certain roi Ubu au théâtre plus tard (2). Or, cet hulu-berlu aurait principalement deux provenances possibles, l’une française, l’autre anglaise, les deux empruntées au vocabulaire médiéval de chaque langue donc peut-être un tout petit peu suspectes.

Commençons par le français, dont la partie ‘hurlu-’ pourrait venir d’une contraction de ‘hurelu’ (hure-lu), nom commun désignant une personne ‘à la tête de hure’, c’est-à-dire littéralement la tronche des sangliers. Le terme ‘hurel’ a effectivement pu désigner, temporairement, un homme aux cheveux hérissés et durs comme le poil de la bête (ou, pourquoi pas, au visage écrasé comme un groin), puis, par extension, un grognon et ‘mauvais coucheur’ pour ne pas dire mal réveillé (d’où les cheveux en bataille).

Plus terrible est la seconde partie ‘-berlu’, puisqu’il a existé un verbe d’ancien-français comme ‘berluer’, que l’on a souvent défini comme être ébloui – d’où le participe passé (être) éberlué – ou voir mal, même très mal sans doute, et pour cause: la ‘berle’ en question était le globe oculaire; un ‘éberlué’ était donc un homme énucléé (auquel on avait arraché un oeil), on comprend que ça le fasse…hurler (?!), autre hypothèse à rapprocher de ‘hurlu’.

Question hurluberlus, les Anglais sont également sur les rangs (étymologiques, bien sûr), avec deux racines sérieuses formant un ‘hurly-burly’ de l’époque shakespearienne; ‘hurly’ exprimait un bruit ou une confusion provoquée par un coup violent ou le jet d’un objet; ‘burly’ ne serait qu’une redondance sonore du premier segment, encore une onomatopée comme le hully-gully, cette danse des années 1960 où le corps se secouait (3)?  

Seule constatation à peu près régulière: il s’agit toujours de situations ou de personnages excentriques, semblant agir instinctivement sans préparation ni plan particulier. De quoi, on le comprend, faire hurler les guides professionnels de montagne; y compris peut-être étymologiquement!

  1. Dans l’ordre cette semaine: Belgique, Canada, Suisse, Etats-Unis, Algérie, Allemagne, Maroc, Angleterre 
  2. ‘Ubu roi’ d’Alfred Jarry (1896) 
  3. Le mot est emprunté à l’expression ‘hull da gull’, où un joueur secouait des noix dans sa main pour faire du bruit…

« …et d’avoir aussi, au service du président et du gouvernement, une instance qui réfléchit à plus long terme et avec moins de contraintes, en connaissant le pays…». C’est un travail pour super-François, s’est dit l’ex-député européen, ex-président du Modem, ex-Ministre de l’Education nationale (de Mitterrand, puis de Chirac), ex-Ministre de la Justice (de Macron) et actuel maire de Pau. 

François-René-Jean-Lucien, propriétaire agriculteur et ex-maire de Bordères (Pyrénées-Atlantiques, 636 habitants) est donc un homme forcément ‘bayrou’, car le patronyme est directement inspiré d’un mot gascon, très précisément un adjectif. Au premier abord, on devine difficilement le sens originel de ce mot, du moins si l’on essaie de le rapprocher d’un terme français actuel; par ailleurs, faut-il chercher du côté de la prononciation ‘à la parisienne’ « bérou », ou, plus réalistement, de la prononciation béarnaise de « baillerou »? En fait, si la seconde -celle du terrain-  est la vraie, c’est la phonétique plus académique qui va nous donner la clé du mot.

La clé en question est une petite règle de linguistique que vous connaissez bien maintenant, à savoir l’alternance possible, entre écriture et prononciation, de deux consonnes techniquement équivalentes (pour simplifier). Il s’agit du ‘b’ et du ‘v’, dont les exemples traditionnels les plus évidents nous sont fournis par la langue espagnole (lue par des français): On écrit ‘vino’ (le vin), mais on prononce ‘bino’; on écrit ‘venta’ (la boutique), mais on dit ‘benta’; on parle de la ‘vida’ (la vie) mais on raconte la ‘bida’, etc…

Le mécanisme est exactement inverse ici: remontons donc du ‘b’ au ‘v’, et vous avez quasi-instanément le sens de la racine: en fait, M. Bayrou est en fait un ‘Vayrou’. Et ce vayrou, dont le ‘u’ final a souvent été calligraphié ‘n’ (peut-être même encore de nos jours, si vous écrivez aussi mal que mon médecin) est probablement une déformation de ‘vayron’…Dites le mot ‘à la parisienne’, et vous obtenez l’adjectif tout à fait commun de vairon, lequel désigne très normalement dans le dictionnaire des gens ‘vairs’. Vair? Depuis le 13è siècle, c’est le mot qui évoque quelque chose de « varius » (en latin), bref, de var-iable!

Variable comme des couleurs, par exemple. Du gris-bleu (sa définition initiale) à un aspect tacheté, il a pu aussi bien qualifier les écailles du poisson éponyme (à reflets changeants) que des gens (ou des animaux) dont les yeux étaient de couleur différente, ou avec la peau marbrée de marques brunes. De la même façon, quand le terme s’appliquait à la chevelure d’une personne, c’était forcément pour évoquer le seul mélange de couleur possible, à une époque où les gens ne «le valaient pas bien » encore, à savoir le gris, soit un composé de cheveux noirs et blancs, autrement dit ‘poivre et sel’; on revient bien à l’idée de deux couleurs, ou à une couleur intermédiaire entre deux autres.

N’en concluez pas pour autant que tout centriste (politique) est un mélange tiède de deux couleurs politiques, qu’il a un oeil qui tire vers le  bleu et un autre vers le rose, ou encore qu’on peut le caresser facilement dans le sens du poil (gris). D’ailleurs, pour terminer avec cette couleur grise, il y a un «bayrou» très connu dont un américain (forcément inculte) a modifié considérablement le sens, en faisant une erreur aux répercussions mondiales…

C’est l’histoire d’un petit écureuil dont le pelage dorsal aux couleurs grises changeantes a fait parfois surnommer ‘le petit gris’ et qui, logiquement donc , est un vairon, un ‘vair’. Jusque là, pas de problème. Sauf que la bestiole va payer de sa personne pendant quelques siècles en donnant sa fourrure pour confectionner ce que l’on appellerait aujourd’hui des pantoufles, afin de réchauffer les pieds de nos ancêtres qui se les gelaient sur les pierres de leurs châteaux en hiver. 

On créa alors des… »pantoufles de vair » (comme d’autres portent des mocassins en croco) et non pas ‘de verre’! Il est donc fort probable que la blondasse sans montre de Walt Disney a perdu sur les escaliers du château princier une chaussure en poil d’écureuil et non un prototype madonnesque en plexigas.

La polémique a d’ailleurs fait rage pendant longtemps entre les deux hypothèses: on dit que c’est Balzac himself qui aurait dénoncé l’erreur de Charles Perrault (le véritable auteur du scénario, un français encore une fois), lequel avait pourtant bien sous-titré son conte « Cendrillon ou la Pantoufle de Verre », ce qui semble encore plus débile, parce que je ne sais pas si vous avez essayé d’avancer avec chaque pied dans un bocal, mais il vaut mieux qu’il n’y ait eu pas de cailloux sur les marches du château pour éviter la casse, et je ne vous parle pas de valser toute la soirée avec les orteils dans des escarpins rigides! 

Vous me direz, c’est moins pire que dans la version -originale- du même conte par les frères Grimm (des Allemands…): pendant que Cendrillon participe au bal, ses deux méchantes soeurs, elles, sont obligées de danser avec des chaussures de métal chauffées à blanc sur un brasier. L’histoire ne dit pas si le procédé leur en a fait voir de toutes les couleurs, mais, le cas échéant, il a dû y avoir dans leurs yeux beaucoup d’étincelles aux couleurs vaires. Y compris étymologiquement!

(*) Petit rappel de liberté orthographique: ce mot de « media », importé tel quel du latin, est le pluriel de « medium », qui signifie moyen, intermédiaire, lien (comme en spiritisme). Les media sont donc des moyens (de communication, d’information). En tant que mot latin, il ne doit prendre ni accent aigu ni ‘s’ au pluriel, le ‘a’ final étant déjà la marque de ce pluriel. (exemple: Agenda veut dire en fait ‘les choses qui doivent être faites’, c’est également déjà un pluriel). En fait, l’usage accorde -ou s’autorise- souvent un ‘s’ final à media, parce que le français ressent le mot comme un…féminin singulier (une télé, une radio, même si l’on dit un media). 

La remarque vaut aussi pour les ‘euro’, notation théoriquement invariable puisque commune à toutes les langues européennes, mais que le français s’approprie à tort (sortez un billet de votre poche) en y mettant un ’s’ propre à notre langue.