Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

… »le jeune espoir toulousain du tennis français » aura été le seul du tableau national à être resté le plus longtemps sur le court de Roland-Garros (1). Les journalistes et chroniqueurs sportifs vont devoir s’habituer à prononcer un patronyme un tout petit peu heurté (quatre syllabes très faciles mais un double ‘G’ difficile à articuler); une occasion de remettre en lumière un nom essentiellement mémorisé à la fin du 20ème siècle pour des raisons de gaffes ou de téléfon (2)…

C’est une très ancienne racine germanique (gest/gast) qui serait à l’origine des ‘gasto’, forme typique gauloise devenue un ‘anthroponyme’ (en français courant: un nom de personne). Le terme en question s’appliquait à un ‘hôte’, beaucoup plus clair à comprendre en allemand actuel (Gast, voire Gastgeber) où il désigne un invité, un visiteur, éventuellement un client; en tous cas quelqu’un qui vient vers (chez) vous…

Le mot est plus équivoque en français, où l’hôte est aussi bien celui qui vous reçoit chez lui (y compris celui qui vous accueille dans un…hôtel) que la personne qui a reçu l’invitation. Dire à quelqu’un « vous êtes mon hôte », c’est lui proposer de se mettre à son service; alors que c’est une hôtesse (la chef de cabine) qui vous (re)commande de boucler votre ceinture à bord…

Bref, le son, puis le surnom, puis le nom vont prendre le sens assez général de ‘accueillant’, donc avenant puis chaleureux, qualificatif appliqué à quelques autres variantes comme les Gastou (en Sud-Ouest), les Gastal, les Gastaud (après transformation du ‘L’ en ‘U’), les Gaster ou tout simplement les Gast comme en Alsace, où le terme ‘visiteur’ a longtemps été compris comme ‘étranger’, particulièrement celui qui vient de l’autre côté d’une frontière que je vous laisse deviner.

Or, comme souvent, c’est grâce à (ou à cause de) une figure emblématique religieuse du 5ème siècle que le nom va prendre une autre dimension, sous l’impulsion charismatique du précepteur du petit Chlodovecus (dit Clovis 1er, futur roi des Francs), un certain St-Vaast. Si le rapprochement orthographique vous semble un peu tiré par les moustaches, c’est le moment de rappeler ici un phénomène linguistique habituel qui ‘mue’ d’un ‘V’ (ou plus souvent un ‘W’) très guttural, qui sera noté ‘G’ en français (3).

Pour résumer, voilà pourquoi le ‘v-aast’ va se transformer en ‘g-aast-(on)’, le patronyme du ci-devant évêque d’Arras restant, lui, figé en (St) Vaast pour des raisons de parler local, tout comme la ville normande de St-Vaast-la-hougue, dédiée au même bonhomme (car également évêque de Fécamp) dont la ‘hougue’ n’a pas même besoin de la majuscule actuellement requise car issue d’un terme scandinave signifiant une hauteur, probablement le surplomb du port.

Toutefois, il ne faut pas confondre les Gaston et les Gasté (comme le Loulou de Line) dont l’origine occitane parfois ‘remontée’ jusqu’en Pays-de-Loire évoque un terrain…’gâté’, c’est-à-dire abandonné donc inculte ou marécageux (4). La démarche linguistique a d’ailleurs été la même: il y a à l’origine l’influence du verbe latin ‘vastare’ (pourrir, détruire) et du germain ‘waast’ (idem), lesquels se sont à nouveau fondus dans le ‘g’ attendu!

Rien ne prouve pour autant que le valeureux Hugo ait été un gamin gâté (sauf, pour l’instant, par son talent de joueur); l’homme est d’ailleurs forcément avisé puisqu’Hug(o)’, autre syllabe d’origine gauloise, signifie intelligent. Peut-être le fondateur de la prochaine dynastie du tennis français, comme un certain Hug(ues) le Capétien. En tous cas, étymologiquement.  

(1) Pour l’origine du nom de…l’aviateur, voir l’article de 2011 en tapant son nom dans le champ de recherche.

(2) Soit dit en toute révérence pour le président de la République Doumergue (1930) ou le maire de Marseille Defferre (1960). 

(3) On trouve aussi des Waast picards; c’est l’éternel exemple du parallèle William (ou Wilhem) transcrit en Guillaume, ainsi que plusieurs autres mentionnés au fil des chroniques.

(4) Probable provenance des lieux-dits appelés Le Gast, Gaste ou Gastes, comme le village près d’un lac, sur le littoral landais. Sans oublier la belle région marécageuse vendéenne, la Gâtine (ex-gastine)…

…un député libéral qui a accepté d’être le nouveau Premier Ministre, après seize mois d’incertitude électorale (devinez où). L’homme n’est pas un ‘jeunot’ (il fut plusieurs fois ministre, et même vice-Premier dans le gouvernement Di Rupo en 2012), mais il devra (ré?)concilier une coalition de plusieurs partis. Comme parfois (souvent?) en Belgique, il s’agit d’une véritable croix à porter…littéralement.

Déconcerté par l’orthographe flamande, le lecteur français est parfois loin de se douter que ce ‘de-croo’ est tout simplement l’équivalent de notre ‘del-croix’ ou de-la-croix’ d’origine latine! Attention: même s’il suffit (presque) de se fier à la prononciation, rien à voir ici avec les Ducros ou Ducrocq qui se rapprochent (si j’ose dire) d’un…creux, d’un trou ou d’une excavation particulière dans un terrain.

Il n’empêche que les Delacroix et donc les De Croo (*) sont eux aussi des toponymes, des noms de lieu dont on a qualifié autrefois des gens en rapport avec une croix, en général celle d’un calvaire ou d’un oratoire des bords de route et voisin de la maison qu’ils habitaient…Plus prosaïque et moins sacré, il se peut que la croix en question n’ait rien de religieux mais tout bêtement une forme de crois-ement, autrement dit la croisée de chemins, en français du samedi, un…carrefour!

D’ailleurs, c’est le mot latin ‘crux’ qui a fait pousser quantité de croix dans les langues (‘cross’ en anglais, ‘cruz’ en espagnol, ‘croce’ en italien, ‘kreuz’ en allemand, ‘kruis’ en néerlandais, ‘krzyz’ en polonais, et même ‘krect’ en russe)…sauf que, à l’origine (romaine), une croix avait peu à voir avec celle des églises puisqu’elle était en ‘X’, une croix dite de St-André’, celle qui faisait mourir les crucifiés d’asphyxie (par extension des bras) et qui aurait pu éviter de se poser des questions pendant des siècles sur le nombre de clous dans les pieds de Qui vous savez…

La confusion vient probablement du supplice du gibet (la pendaison), lequel requérait bien une forme de potence telle que décrite au 10ème siècle seulement (!) avant de devenir le point de rencontre favori des habitants du Far-West…Quel qu’en soit son profil, une croix deviendra vite, au sens figuré, synonyme de poids lourd à porter donc de peine ou de punition.

Seule exception à ce châtiment: à condition d’y mettre une majuscule, celle de la Légion d’Honneur (ou de toute autre décoration) se porte à la boutonnière, en remerciement de bons et (en principe) loyaux services. Un souhait que l’on formule pour le fils d’Herman (papa a déjà fait carrière en politique, comme chez les Trudeau) dont on espère qu’il ne fera pas une croix trop rapidement sur le nouveau gouvernement. Y compris donc étymologiquement!

(*) On trouve aussi des Du Croo, des De Kroo ou De Croot…