Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…à cause de la plupart des médias français, qui ont décidé non seulement d’éliminer le pluriel de leur langue (j’ai entendu parler « des grands-t-électeurs » (!) sur une chaine du service public, mais aussi d’ignorer l’accentuation, avec cette quasi-générale répétition au sujet des votes en « Géorgie »…

Or, la Géorgie est une république du Caucase située aux confins orientaux de l’Europe, sur les bords de la Mer Noire. Et c’est la seule du globe à s’appeler ainsi…Le territoire américain de la côte atlantique, qui aura donné deux icônes majeures à l’Amérique (1), s’appelle la ‘Georgie’ (sans accent!).

La différence est de taille, en tous cas étymologiquement: le pays dont la capitale est Tbilissi se dit (en français) ‘Gé-ôrgie’ (2), alors que l’autre est la ‘Georgie’, Georgia, ‘djordjia’ (3) en v.o, c’est-à-dire, à l’origine, la province conquise au profit et en l’honneur du roi George II de Grande-Bretagne (1683-1760)…Vous voyez, vous avez bien dit -enfin, lu- ‘djordje’ (sans ’s’ en plus) et non pas ‘djéordje’. Bref, rien-à-voir!

A chaque fois qu’un journaliste s’égare en Géorgie, il ne risque donc pas de concerner les élections d’outre-atlantique! Bon, pour aller au fond des choses, il faut concéder une équivoque facile due à une origine commune, le mot grec (ancien, mais aussi actuel) qui désigne un…agriculteur.

Depuis l’Antiquité, un ‘georges’, bien avant de prénommer Guétary, Brassens, Mandel ou Pompidou, c’est, littéralement, un ‘travailleur de la terre’ (en latin, un…agri-culteur). La définition grecque vient du mot ‘gê’ (la terre) + ‘orgios’, substantif formé sur le verbe cultiver.

Exemples dérivés: la gé(o)graphie, c’est la science qui permet de décrire la terre (la Terre); la gé(o)thermie, l’énergie qui vient du sol (la terre), etc…Notez bien que, si les plaines du nord de la Grèce justifient amplement d’avoir gratifié ainsi des laboureurs, le nom originel des Géorgiens de Géorgie semble venir, lui, d’un terme hébreu diffusé en persan sous la forme ‘gorg’, qui désigne…un loup. D’autant, les Caucasiens eux-mêmes revendiquent plutôt une filiation mésopotamienne toute différente, sous le nom ‘d’habitants d’une forteresse’…Qui a raison? Manifestement, il y a (au moins) un loup.

Il y a donc plusieurs sillons qui se croisent avec les Georges, prénom qui aura un certain succès dans notre pays sous l’impulsion (toujours efficace) d’un saint amateur de chasse au dragon; puis, au début du 20ème siècle, souvent associé à des hommes forts (les forçats de la charrue), à des serviteurs ou à des employés de maison (chez Feydeau, par exemple); ou encore, avec des diminutifs féminins, à des chanteuses de variété (Georgette Lemaire, rivale de Mireille Matthieu dans les années 70) ou même des ministres (Georgina Dufoix, chargée des Affaires Sociales dans les années 1990, lors d’une délicate ‘affaire du sang contaminé’).

Comme quoi, chez les Georges, le retour à la terre n’est pas toujours sans risques, y compris dans un état labouré par des candidats à la présidence. Sauf, cette fois, étymologiquement.

  1. « Autant en Emporte le Vent » et Coca-Cola.

2. L’accent est important, le son est issu d’un ‘ô’ long. On se calme…

3. « Georgia on my mind », comme le chantait Ray Charles.

…en tous cas l’impression générale des médias français (et autres) à la lecture, qui aura été très floue, des premiers résultats du vote destiné à élire le successeur de D. Trump. Le mot est commun pour le citoyen français; il l’est moins pour beaucoup de nos amis francophones à travers le monde, de plus en plus présents dans les statistiques de fréquentation de ce blog (1).

Mais au fait, même si vous êtes né(e) à Romorantin (41), St Palais (64) ou La Bocca (06), savez-vous qu’à l’origine, le bazar n’avait pas du tout cette connotation de…’bordel’, qui définit si bien l’ambiance électorale américaine (ou sanitaire française) actuelle? Comme un certain -grand- nombre de mots français d’origine arabe, tel que ‘hasard’ (2), le bazar, autant d’un point de vue phonétique que linguistique, prend ses racines dans un Orient plutôt Moyen, d’après un ‘bâzââr’ arabe et même plus précisément perse.

Sans entrer dans trop de complications sémantiques, on a affaire, à l’origine, à un ‘bathzar’ qui arrive en Europe occidentale vers le 15ème siècle, d’abord timidement (pas d’Airbus Ankara-Paris) puis plus fréquemment au cours des siècles suivants, depuis la période des grandes modes orientalistes (« Le Bourgeois gentilhomme » de Molière, « Les Lettres Persanes » de Montesquieu, entre autres) jusqu’aux musiques de Mozart, Rossini, etc…

Ce futur bazar est encore bien rangé puisqu’il désigne alors un marché, non pas encore une halle avec ses boxes fleuriste-charcuterie-légumes bio, mais des étals à ciel ouvert (évidemment), sur une esplanade, un forum ou un carré où l’on vend principalement des étoffes et des accessoires, voire des bijoux…Ce n’est qu’au début du 18ème siècle que le bazar devient couvert, principalement à l’imitation de commerçants londoniens qui ont l’idée de regrouper plusieurs types de produits sous un même toit.

Avant de devenir une belle galerie marchande avec parfois avec des boutiques chics, ces premiers bazars, d’ailleurs souvent appelés ‘Grand Bazar’, vont donc être une sorte de foire(fouille) aux marchandises de relative (voire mauvaise) qualité, d’où le sens fourre-tout ou de ‘grand n’importe quoi’, le tout à des prix le plus bas possible.

Comme il n’est pas facile de remettre en ordre les étalages en permanence labourés par les client(e)s, le bazar va alors devenir un fourbi (3), voire un souk (sic), pour ne pas dire un…bataclan (4). Vous avez encore le choix avec un foutoir, un bric-à-brac ou un capharnaüm (re-sic); plus un certain nombre de termes propres aux militaires, dont le barda, le toutim, ou le fourniment pour le plus distingué.

Finalement, les seuls bazars bien en ordre seront célèbres pour des raisons commerciales (le Bazar de l’Hôtel de Ville), humanitaires (à l’origine, le Bazar de la Charité) ou…artistiques (le Big Bazar du chanteur Michel Fugain). Mais je ne voudrais pas mettre la pagaille dans votre esprit. Sauf étymologiquement!

(1) Hello Great-Britain, and…United States!

(2) « Al-zahr », devenu az-zahr’ puis hazar(d), désigne le jeu de dés; donc, par extension, ce qui arrive sur un coup…du sort. Voir aussi la chronique sur…le footballeur Eden (janvier 2011).

(3) A l’époque de Rabelais, le ‘fourby’ est un jeu de cartes où la confusion était destiné à perturber l’adversaire (une sorte de bonneteau). 

(4) Voir les deux articles consacrés à la salle de spectacle parisienne (novembre 2016, puis juin 2020)

…mais l’actualité du moment peut donner l’occasion de rappeler quelques anecdotes sur l’histoire d’un lieu ou d’un mot tellement connus qu’on ne s’en demande même plus le sens. La douceur du jour est dans les archives depuis 2015; cliquez sur ce mot:

…sans doute l’un des noms de scène les plus difficiles à assumer dans une cour d’école primaire française, pour des raisons que je n’aurai pas la…bêtise de préciser. Seulement voilà, son nom est (vraiment) Connery, celui qui vient d’une Ecosse dont il a toujours soutenu les volontés d’indépendance, alors que sa racine originelle vient d’un saxon pas encore anglo-, puisqu’elle appartient au répertoire germanique. 

C’est donc un patronyme qui a fait un grand bond, à l’occasion des affrontements guerriers et migrations diverses lors des premiers siècles de notre ère. Sans entrer dans tous les détails linguistiques, ce nom n’est d’ailleurs pas spécifiquement écossais (la terre des ancêtres de Maman) mais irlandais (…de Papa). Le son ‘kon-‘ est donc venu se greffer à plusieurs dialectes gaéliques (grands-bretons), en provenance d’une syllabe germaine qui évoque l’audace, la bravoure.

Vu l’époque, il s’agissait presque forcément d’une qualité ou tout au moins d’une caractéristique ‘militaire’, d’autant que la seconde partie du mot (‘-ery’, après un ’n’ redoublé pour faire la liaison) vient cette fois d’un élément (‘hari’) qui désigne l’armée. Un ‘Connery’ qualifiait donc le surnom d’un ancêtre particulièrement hardi (donc courageux) au combat, voire plus si inimitiés; un ‘Highlander’ avant l’heure, en quelque sorte!

L’histoire ne dit pas si, avant de s’illustrer à l’écran en faisant sauter les bunkers de tous les ‘maîtres du monde’ qui voulaient s’attaquer à Sa Majesté pas toujours Gracieuse, le petit Thomas (1) a fait quelques…sottises. Car je sens bien que vous ne supporteriez pas de rater cette enquête-là, notre pays étant à peu près le seul au monde à faire des ‘conneries’ (en tous cas, de langage).

Mais auparavant, un petit mot avant le gros, pour aider nos langues nationales (je parle bien, cette fois, de la chair rose mouillée que vous avez dans la bouche) à décider une fois pour toutes comment on prononce son…prénom, lequel pose également problème à pas mal de cinéphiles. Certainement et surtout pas ‘séanne’, ni ‘cheunn’ mais ‘chaunn’, pour ne pas pas dire ‘John’ (sans le ‘d’ rajouté au début), puisqu’il s’agit réellement de la version gaélique de…Jean (donc, bien John!). Ce dernier prénom venant lui-même de l’hébreu ‘yôHanan’ (d’où les transformations en Ioannès, Yohan, etc…selon les époques et les pays), le futur Guillaume de Baskerville (« Le Nom de la rose ») avait donc la bénédiction et les grâces de Dieu, sens biblique du mot.

Et cette ânerie, alors? Elle entre très ‘tard’ dans le vocabulaire vulgaire national (la seconde moitié du 19ème siècle!), d’après le mot d’ancien-français ‘conil’, nom du…lapin depuis des siècles. Il s’agit donc encore d’une histoire d’animal, sauf que celui-ci a une connotation strictement sexuelle, par comparaison de la petite queue triangulaire touffue avec le sexe féminin (ou du moins sa représentation, tout comme le symbolisera le ‘logo’ et…les playmates du groupe Playboy pendant des années).

Une con-n-erie, c’est donc d’abord la syllabe de base, puis un second ’n’ de liaison (ici aussi), et enfin un suffixe constituant un objet, une situation ou un état (une broderie, une chancellerie, une boulangerie, une tromperie, etc…). Et, malheureusement pour l’égalité Femmes-Hommes et les mouvements féministes, c’est aussi désormais une injure dont le sens -totalement oublié, ou plutôt occulté- signifie, littéralement: un con, c’est quelqu’un d’aussi bête que le sexe d’une femme! Rien à voir donc avec la violence des combats (sauf en paroles).

D’autant qu’il existe en France un certain nombre de Connes et de Connas (ou Caunas-se) dont aurait pu se délecter le facétieux Daniel Prévost (2). Ce ne sont évidemment pas celles que vous croyez, mais de simple toponymes, des noms de lieux ainsi nommés soit en raison de la présence d’un cours d’eau (le mot celte ‘cona’) soit d’une grotte (l’occitan ‘cauna’).

Finalement, la seule idiotie qu’on pourrait reprocher à James Bond, c’est de n’avoir pas profité de miss Moneypenny. Sans compter que ça ne lui aurait pas coûté cher. Même étymologiquement… 

  1. Son premier prénom…
  2. Le célèbre et très insistant touriste à l’arrêt (de bus) de ‘Montcuq’

En relation avec le sujet, vous pouvez aussi (re)voir la chronique sur ‘Bond’ (octobre 2012) et sur Honor Blackmann-‘Goldfinger’ (avril 2020).

PS (exceptionnellement) : En ‘hommage’ à l’acteur, évitez la rediffusion des 007 éculés sur les chaines nationales. Préférez sa décennie 70 magique:

  • « La Rose et la Flèche » (de Richard Lester, 1976) où il est un Robin des Bois vieilli et amer aux côtés de mamie-Marianne…Audrey Hepburn!
  • « Zardoz » (de John Boorman, 1974), mieux que Charlton Heston dans « La planète des singes’, bien avant Mel Gibson dans ‘Mad Max’
  • « Le Lion et le Vent » (de John Milius -futur auteur de…’Conan (idem!) le barbare’- 1975), sorte de ‘Lawrence d’Arabie-bis