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…un nom revient à la Une à l’occasion de la reprise (ou la poursuite) des recherches pour retrouver l’infirmière tarnaise disparue en décembre 2020, et dont le patronyme intrigue plusieurs lecteurs. Désormais avertis de la prudence habituelle avec laquelle il faut aborder des rapprochements sonores trop faciles (1), certains hésitent à proposer des hypothèses. Malheureusement cette fois-ci, pas de quoi se réjouir peut-être, y compris étymologiquement.

Malgré quelques faibles autres pistes, on peut s’accorder sur la provenance de la très grande majorité des porteurs de ce nom, l’Occitanie, et sans doute plus précisément l’actuel département de l’Aude (‘proche’ du Tarn, au moins dans la notion de Région). L’un des premiers indices linguistiques en est ce son final en ‘-ar’ (2), caractéristique des habitudes locales pour qualifier un état ou la personne qui fait une action, un peu l‘équivalent du ‘-eur’ des noms de métiers, comme métreur, carreleur, chauffeur ou…amuseur.

Car la racine du mot cette fois (jubil-) vient bien du verbe latin qui signifie se réjouir (jubilare); on trouve donc des versions avec un ou deux ‘L’ -ce qui ne change rien au sens- qui ont pu qualifier des gens qui, plus précisément, poussent des cris de joie; cela allait du simple joyeux luron au type franchement excité (voire sous la drogue ou la torture), en passant par le ‘ravi’ du village! Avant de devenir au 19ème siècle, donc très ‘tardivement’, un simple synonyme de satisfaction morale ou intellectuelle (parfois ironique ou mal intentionnée d’ailleurs), le mot servait, depuis le Moyen-Age, à exprimer une joie intense qui devait donc se traduire par des débordements sonores.

C’est l’influence chrétienne qui va apaiser progressivement tout ce bruit en consacrant le terme à des chants d’allégresse et donc de louange à l’intention du divin, dans une démarche de réjouissance et donc forcément de…jubilation spirituelle. Or, sur un plan plus laïc, vont probablement se produire un télescopage et une confusion de sens avec la francisation du mot hébreu (‘yôbel’) qui définit une période de rémission, c’est-à-dire, dans la tradition juive, un temps de repos (si possible un an) consacré à Dieu.

Et comme cette période revenait tous les cinquante ans sur décision papale – ce que l’on appellera, à partir du 14ème siècle, l’Année Sainte – le mot a progressivement pris le sens d’anniversaire (les 50 ans), que ce soit pour célébrer le temps de règne d’un(e) monarque ou les débuts d’arthrose d’un footballeur sur la pelouse. Finalement, pas tant de raisons que ça de faire la fête, et encore moins devant une disparition inquiétante. Sauf, pour une fois, étymologiquement.

(1) Voir tous les articles de la ’Série bizarre’ en archives

(2) Rien à voir avec le suffixe péjoratif ‘-ard’ traditionnel.

…d’un poste à l’autre, d’un club à l’autre, d’un pays voire d’un continent à l’autre. Et c’est largement le cas du nouvel entraineur d’une équipe du PSG français dont il fut autrefois capitaine, puis joueur aux Girondins de Bordeaux, après un retour à l’Espanyol de Barcelone, le tout en provenance de l’Argentine, son pays…non pas d’origine mais ‘simplement’ de naissance, car la vraie racine des Pochettino est bien celle de l’apparence du mot, soit l’Italie..

Les ancêtres de Mauricio ont en effet traversé l’Atlantique en quittant le Piémont, la région la plus à l’ouest des provinces italiennes, limitrophe avec la France. En attendant de s’intégrer assez facilement à la langue espagnole majoritairement parlée à Buenos Aires, la racine transalpine exprime un diminutif, marquée par un suffixe en ‘-ino’ ou -ttino, selon la dernière consonne du mot concerné. 

Tout comme la souris (topo) va devenir le nom de la plus fameuse petite-souris Topolino, celui que nous appelons Mickey (en…français), ‘pochettino’ est une version affectueuse ou ironique -selon le contexte- d’une idée de ‘peu’…Ce dernier mot est d’ailleurs l’une des nombreuses transformations du latin ‘pauci’ (ou pauca, pour désigner des choses) qui signifie pas nombreux ou pas important. Dans tous les cas, petit(e.s)!

Dans plusieurs langues, un mot commençant par ‘pauc-‘ ou ‘poc-’ (1) va se rapporter à cette notion de petitesse. Parfois pour qualifier la taille d’un homme (génétiquement, c’est ironique; familialement, c’est affectueux), d’autres fois au sujet de son intelligence (pas très éveillé) ou pour estimer des richesses (pas beaucoup d’argent). 

Mais le sens le plus ordinaire s’adresse en général à des gens qui « n’en foutent pas une rame », qui se bougent peu ou qui ne produisent que des ‘broutilles’, pour ne pas dire « qui gardent les mains dans les poches ». Lesquelles n’ont rien à voir avec notre patronyme: la poche française de votre pantalon vient en effet de…l’arabe ‘pokka’ qui définit un petit sac ou une bourse (2). Un Pochettino n’a donc pas vocation à s’en mettre plein les poches mais plutôt à en faire le moins possible. Voilà un vrai challenge sportif,  en tous cas étymologiquement!   

  1. Son identique qui va donner le ‘poco’ hispanique ou…italien, réunissant sonorité et orthographe. Certains lient également cette même racine latine au…‘bisschen’ germanique et au ‘beetje’ flamand, avec une évolution gutturale du ‘p’ (pauci) en ‘b’.
  2. D’où, à côté d’un ‘pochon’ académique, l’utilisation impropre d’une ‘poche’ dans certaines régions pour désigner un sac en papier incompréhensible pour des touristes parisiens…

…et de façon parfois surprenante, au moins d’un point de vue orthographique. Alors, pour garder en mémoire l’oeuvre de l’acteur et metteur en scène d’origine…azéri(e), il faut écouter le son du mot et le rapprocher de la grande famille des Hussein, Hocine ou…Usain. Voir donc l’article sur l’athlète jamaïcain Bolt dans les archives!