Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…une fête qui marque la fin du Ramadan pour les musulmans. Même si rien n’est exactement comparable, chaque religion a son moment de réflexion et/ou de jeûne, pratique qui compte (et parfois pèse) dans la journée des fidèles. Et la meilleure façon d’approcher le véritable sens de ce mot, c’est de passer par celui déjà présenté dans ces colonnes en avril 2016 en tapant ‘jeûne’ ou…jeune sans accent circonflexe. Vous allez voir, le détail compte.

…a été largement -et légitimement- reproduit à la Une de tous les médias, ce qui a provoqué quelques remarques et beaucoup de questions de la part de plusieurs lecteurs. Principal étonnement: pourquoi a-t-on transformé l’orthographe d’un nom de métier pour désigner un bâtisseur de maison? C’est que, justement, un Masson n’a rien à voir avec un…maçon. 

Disons tout de suite que l’homme à la truelle (entre autres) a pour origine une racine nordique que l’on retrouve dans plusieurs langues scandinaves, la plus proche de la France étant le néerlandais (ou plus largement flamand) qui s’appuie sur le verbe ‘maaken’ (make, en anglais) que l’on peut traduire par ‘faire’, au sens de fabriquer (1).

Les Masson, avec deux ’s’, sont en fait le résultat d’un phénomène d’aphérèse, opération assez fréquente dans l’évolution des langues qui consiste à abréger un mot en ‘érodant’ une syllabe, par l’avant ou par l’arrière (2), pour des raisons diverses de facilité sonore, de prononciation ou de volonté de changement (3). Ici, il s’agit d’un ancien Thomasson, soit une diminutif de Thomas évidemment, le Thomas-son désignant souvent le fils, le descendant, ou plus largement le membre de la famille d’un Thomas, le ‘-(s)on’ final en français étant un diminutif qui n’a rien du ‘fils’ anglais, même si la coïncidence tombe bien. 

Partons donc sur la piste de ce surnom (la preuve, par la suite, il est indifféremment devenu prénom et/ou nom): Thomas est en fait un mot d’origine grecque qui est…’didymos’ (je sais, c’est un peu difficile à admettre). Je vous demande juste de me croire sur parole, contrairement à ce qu’aurait fait, parait-il, un certain St…Thomas, mais ceci est une autre histoire. Didymos, en grec, veut dire le jumeau, et, si l’on remonte encore plus loin dans le temps (et un peu dans les terres), la toute première racine vient de l’araméen, un très ancien dialecte moyen-oriental qui s’appuie sur les sons « t’m », puis « téoma », ce qui va précisément donner Thomas, et qui veut dire…double. Il est probable que Thomas soit donc le surnom donné à des jumeaux, il y a quasiment 25 siècles…

Il n’empêche, les Thomas – en hommage à l’apôtre du Christ, un palestinien contemporain de Jésus, le seul qui soit autorisé à écrire ce qu’on a appelé le “5è Evangile” – ont fondé une immense famille de dérivés, parmi lesquels les Thomasset, les Thomassin, les Thomasson, et même les Thomazic ou les Thomazo en Bretagne, et encore les Thomelin, toujours des ‘petits (de) Thomas’, parmi d’autres variantes.

De la même façon, une fois la syllabe ‘tho-’ tombée, on a donc formé, sur le ‘-mas’ final, les Masson, les Masset et les Massard; mais les deux patronymes sans doute les plus célèbres de la famille sont dûs, d’une part à un musicien du 19ème siècle nommé Jules Massenet (4) et d’autre part à un certain Georges Massicot qui, dans les années 1850, inventa…la machine à rogner le papier. Avouez que passer de Masson à Massicot, ça vous la coupe. Sauf étymologiquement bien sûr!.

(1) La même racine dont un dérivé donnera le surnom de ‘celui qui fait’, le maqueron (> Macron), dont vous trouverez tous les détails dans l’article au sujet d’un Emmanuel alors ministre de l’Economie (août 2014).

(2) Voir le ‘bréviaire’ sur la page d’accueil.

(3) Exemple spectaculaire: voir l’article sur les Meu (sept. 2015) dans la ‘Série Bizarre’

(4) « Manon », « Werther », opéras.

…l’homme au bicorne que tout le monde avait oublié ou presque (à part quelque collectionneur acharné et folklorique des programmes télévisés) a fait les frais d’une relecture ‘politiquement correcte’ de sa carrière. Les Français n’aimant rien tant que se construire un mythe (on dit ‘star’, en langage de télé-réalité) puis le démolir en scrutant sa vie privée ou professionnelle, voilà donc l’Empereur soupçonné de choix politiques ou sociaux coupables: derrière les ors de l’Empire, les noirceurs de l’esclavage. Mais qu’en dit son patronyme?

Eh bien, plutôt le contraire! Car Bonaparte vient d’une part de Corse évidemment, mais d’autre…part d’un ‘buona-parte’ d’importation clairement d’italienne (évitez quand même de dire ça si vous allez en vacances à Bonifacio) et qu’on peut résumer en disant méditerranéenne. Peu importe la langue ou le dialecte qui a ‘eu l’idée en premier’, car on retrouve le même mot dans tout le bassin maritime, que ce soit en Corse, sur la côte italienne, en Sardaigne, en Sicile voire…à Majorque, où des ‘bonapart’ font bonne figure.

En effet, on considère là-bas que la ‘buona parte’ originelle qualifie un homme de bonne-part, c’est-à-dire de bon caractère, celui qui prend les choses en bonne part justement. D’autres, moins optimistes, évoquent la situation d’un enfant qui est en bonne part dans la famille, en général l’aîné, puisqu’il a priorité et droit sur une bonne part de l’héritage (un peu tiré par les pointes du bicorne). L’une et l’autre de ces interprétations sont sans doute exagérées (ou simplement très locales) mais toujours est-il qu’on reste à chaque fois dans un contexte familial…

En fait, le sens le plus fréquent de ce surnom est probablement celui auquel les Romains accordaient déjà une grande importance, la lignée. Dans l’Antiquité, elle s’exprimait en ajoutant un mot (ou deux, ou trois…) supplémentaire entre ce que nous avons pris l’habitude de considérer comme le prénom et le nom. Ici, ce serait la signification de ‘parte’, la part (partie?) familiale voire sociale s’attachant alors à une bonne lignée. Ce Napoléon de baptême est donc un type bien né, même si venu au monde dans une maison pas trop riche situé rue Malerba (en français…mauvaise herbe!). Pas idéal comme point de départ quand on a  pourtant comme avenir de se faire sacrer empereur un jour. 

Et quel prénom! Déjà présent et transmis dans la famille, et définitivement ‘tué’ pour les générations futures par le destin écrasant du bonhomme (1), il faut bien trouver à Napoléon une étymologie, en essayant de ne pas trop fantasmer sous la pression de l’Histoire. Etant donné la souche italienne, certains soutiennent que le mot remonte à (ou plutôt descend jusqu’à) ‘Néapolis’ soit néa-polis en grec et Naples en français, la ville-nouvelle car fondée après (et à côté) d’une première colonisation urbaine antérieure.

Or, rien ne prouve que tous les Napoléon soient originaires de Villeneuve-en-Campanie, ni que la famille Buonaparte se soit adjugé le monopole dudit prénom, même si, au faîte de sa gloire, le Corse désormais définitivement émigré dans le ‘pays ami’ de France acceptera une légende qui fera le lien avec un hypothétique Saint Néapole, officier (comme lui) romain puis martyr chrétien (une manie), et qui aurait donné l’idée à l’empereur de lui (se?) consacrer le 15 août comme fête. 

Une autre piste (c‘est le cas de le dire) suivrait les traces d’un…lion (leo ou leon, en latin) qui aurait posé les pattes dans un vallon boisé local (napo, ou plutôt napê, en grec), mais…rien ne prouve que le coin servait de réserve d’élevage aux félins destiné au cirque (de gladiateurs); plus sérieusement, d’un point de vue linguistique, l’équivoque continue puisqu’on trouve des écrits portant l’orthographe Napulion (porté par un aïeul de Napo) ou Napuléon (qui glisse facilement vers le mot qu’on connait), d’autant plus que le nom de la ville de Naples (Napoli, en italien) est bien Napule, en dialecte…napolitain.

Signalons pour terminer deux curiosités historico-anecdotiques : outre les villes des…Etats-Unis nommées Napoléonville dans plusieurs états dont l’Iowa ou l’Arkansas (?) mais aussi la Louisiane (plus logique), il y a (eu) une commune bien française (bien que vendéenne) qui a plusieurs fois changé de nom – en quelques décennies! – c’est La Roche-sur-Yon (2), qui est passée de ‘Napoléon’ tout court (sous le premier Empire), puis…Bourbon-Vendée (sous la Restauration) et re-‘Napoléon-Vendée’ (sous le Seconde-Empire), avant un siècle et demi de calme (pour l’instant) autour de sa place centrale (devinez le nom)..

Par ailleurs, à force de chercher dans les dictionnaires, quelques érudits (ou artistes) ont trouvé un ‘napos’ (ou plus exactement ‘napis’) utilisé par des médecins et surtout des agronomes romains à l’époque de…l’empereur Tibère (contemporain de Jésus). Manque de chance, ce ‘napos’ désigne un légume, pas forcément le plus prisé aujourd’hui mais essentiel autrefois, le…navet. Ce qui fit immédiatement remettre en lumière le proverbe latin ‘napo leo non vescitur’ : le lion ne se nourrit pas de navet (3). Difficile à caser éventuellement au fronton des Invalides, même étymologiquement.

  1. Qui oserait appeler ainsi son fils au 21ème siècle?
  2. Aujourd’hui, comme à l’origine, tout platement (si l’on peut dire) « la ville construite sur une roche au-dessus de la rivière Yon », du nom d’un prêcheur chrétien du 3ème siècle.
  3. En français de la Révolution: « le nabot corse a bouffé du lion »

…tels sont les noms qui sont apparus à la Une ces derniers jours, probablement dépassés pour quelques semaines par celui du malheureux caporal qui a croisé la route du ‘viking’ (comme son nom ne l’indique pas) Nordhal Lelandais, lequel ne nécessite aucune explication…C’est un peu différent pour ce Noyer, dont heureusement aucun média n’a déformé l’origine, qui est bien celle d’un toponyme, un nom de lieu créé par nos ancêtres pour qualifier quelqu’un en rapport avec des noix.

Ou plutôt des ‘arbres à noix’, le noyer étant alors le végétal caractéristique d’un jardin ou d’une propriété (a-priori un seul arbre, planté par exemple devant ou à côté d’une maison), mais le plus souvent indicateur d’un champ de noyers, le mot devenant alors le surnom du propriétaire de l’exploitation, parfois celui du négociant en gros, voire du vendeur final (on dit bien un ‘primeur’, sur les marchés).


A l’origine de la ‘noix’, il y a un mot latin ‘nux’ désigne le fruit avec la coque, ou même, pour les Romains, l’idée de la naissance, du développement du coeur d’un fruit même autre que la noix, du moment que ça part d’un…noyau, étymologiquement la ‘petite-noix’!)…Je sais, il n’y a pas de noyaux dans les noix, mais l’idée d’une amande centrale est la même. Et, aussi bien dans les pêches que dans les cerises, le noyau, c’est bien ce qui désigne à la fois la coque rigide que l’amande qui est dedans et dont poussera un jour le nouvel arbre!


On continue avec l’idée du centre de quelque chose, en revenant à la racine latine: comment appelle-t-on l’opération qui résulte de la fission du…noyau d’un atome? La réaction nuc-léaire (nux: nuc-s, phonétiquement). Et après les noix, les noyaux, et le nucléaire, petit détour par Montélimar, où l’on va trouver une confiserie sucrée qu’on  peut définir littéralement comme ‘le tourteau qui contient des noix’, le…nougat.

Car, entre les 6ème et 10ème siècles, le son initial ‘nux’ va devenir plus guttural avec l’arrivée et l’influence des parlers germains qui ont déferlé sur la Gaule (je résume); de fait, ‘nuc-s’ va se transformer en ‘nug-s’, puis ‘noug-s’ dans la zone des langues d’oc (le sud), d’où ce nougat mais aussi toute la déclinaison de nouveaux mots comme les Nouguiers (nom propre ou nom de lieu), Nougueyres (version plus patoisante), ou encore les Nougaro (comme le chanteur…toulousain Claude) et les villes de Nogaro (Gers) ou Nogaret (Haute-Garonne), etc…

N’oublions pas au passage quelques familles dont le ‘g’ devient ‘dur’ devant un ‘u’, mais se prononce ‘j’ dans Nouget ou Nougey, alors qu’on dit bien Noguera, comme la chanteuse Helena (soeur de Lio) à qui il ne faut sans doute pas trop casser les noix. Y compris étymologiquement!

ps: tous les noms cités en accroche (Muselier, Dupont-Aignan, Le Pen, Pesquet) sont aussi à votre disposition dans les archives…

…de la morale, lui qui cultiva si brillamment « Les fleurs du mal »? A l’occasion du centenaire de sa naissance, en ce printemps qui peine déjà à laisser de la place aux sujets sur l’espace entre deux lignes de statistiques morbides sur un virus, il ne reste plus qu’à espérer profiter de l’été pour emporter sur les plages quelques lignes d’une oeuvre à couper au couteau. Y compris étymologiquement!

Ce ‘baudelaire’ très correctement francophone est en fait la personnalisation d’un terme technique appartenant au vocabulaire des armes et qui désigne, depuis le Moyen-Age, une forme de poignard ou d’épée courte et recourbée. On trouve d’autres variantes ‘bazelaire’ ou ‘baselaire’ en ancien-français, qui sont à la…base du mot, peut-être tout simplement en raison d’une partie élargie près du manche, ce qui formerait un socle (premier sens de ‘base’) pour la meilleure prise possible. 

Du coup, le baselaire, puis badelaire ou baudelaire devient par métonymie (1) l’homme qui empoigne le couteau, et probablement pas pour découper une tranche de pain. Il y a donc une racine en ‘bade-‘ ou ‘badel-‘, suivie d’un suffixe de métier ou de fonction pour ainsi dire, en ‘-aire’ (2); tout comme, dans les arènes romaines, le réti-aire désignait le gladiateur qui se battait au filet (rétis, en latin) ou le sicaire, l’homme de main équipé d’une petite épée (sica).

Il n’empêche qu’au 11ème siècle, l’une des formes de transition vers ce baudelaire a été le latin de bas-empire ‘baselardus’, un baselard au son péjoratif qui fut un temps affecté à bien autre chose qu’une fine lame brillante, puisque, comme souvent à cette époque, tout instrument pointu et pénétrant se retrouvait systématiquement dans le langage vulgaire pour désigner le sexe masculin (3).

Moins grossier que braquemart et plus poétique que gourdin, le baudelaire hésite donc entre violence et volupté comme dans l’oeuvre de Charles; un souci que n’avait sans doute pas son homonyme – étymologique – Bazelaire (Paul), violoncelliste et compositeur français (mort en 1958), davantage entrainé à manier l’archet que le cimeterre de poche.

(1) Figure consistant à désigner la partie pour le tout, comme ici, l’arme pour le porteur.

(2) Un bibliothécaire, un légionnaire, un libraire ou un…fonctionnaire.

(3) Voir l’article sur l’ex-ministre Sylvie Pinel (décembre 2016), ou mieux encore sur l’écrivain Mathias Enard (novembre 2015)…